Carrera ! Ce substantif, emprunté à l’espagnol, signifie course et, si Porsche ne s’en était pas emparé, dès 1955, pour désigner les variantes les mieux motorisées de sa 356, son usage se serait certainement cantonné aux pays hispanophones. Au lieu de quoi, popularisé par la firme de Stuttgart, il a endossé une signification et un prestige qui continuent de résonner aujourd’hui dans le cœur des amateurs, quel que soit leur idiome. En particulier, ce terme a joué un rôle essentiel dans la longue histoire de la 911 et, naturellement, chacun songe immédiatement à la RS de 1973, sa radicalité, sa mythologie, son aileron en queue de canard, son dévouement à la course — comme son nom l’indique. Cependant, depuis la fenêtre lointaine par laquelle nous contemplons la légende, nous sommes si facilement éblouis par les plus célébrées de ses péripéties que nous en oublions de scruter la pénombre dans laquelle, tels des gisants immémorés, patientent en silence des modèles méconnus du plus grand nombre. C’est le cas de la très transitoire Carrera 3 litres qui, après avoir si peu vécu il y a quatre décennies, souffre encore aujourd’hui de sa condition d’héritière supplétive.
Nicolas Fourny - 03/10/2022