Renault Trafic : saga d'un best-seller !
On aura beau se moquer des utilitaires, des « vans » ou des Camping-cars, pester contre eux sur la route, et trouver ça laid, je m’aperçois qu’on a tous un lien privilégié avec eux ! Les succès d’audience des articles traitant de l’Express (lire aussi : Renault Express) ou du C15 (lire aussi : Citroën C15) sont pour moi la preuve qu’on aime les voitures autant parce qu’elles sont belles ou puissantes que pour la nostalgie qu’elles nous procurent. On a tous conduit ou passé notre enfance avec un (rayer la mention inutile) : C15 – C25 – Express – Trafic – Boxer – J5 ou que sait-je encore. Surtout qu’avec leurs multiples versions, ces bêtes à tout faire ont pu nous transporter à l’école, nous aider à déménager voire même à camper.
De tous ces utilitaires, celui qui a le plus compté dans ma vie d’enfant comme dans ma vie d’adulte, c’est le Renault Trafic. J’ai dormi dedans étant enfant, je l’ai conduit professionnellement, je m’en suis servi de déménageur, et j’ai testé la dernière mouture, autant dire qu’entre le Trafic et moi, c’est une longue histoire.
En fait, dès sa sortie en 1981, j’ai été séduit par le Trafic. Pensez donc, entre l’Estafette, qu’il remplaçait, et lui, il n’y avait pas photo niveau design ! Pour la première fois de ma courte vie, je regardais un utilitaire avec des yeux ébahis. Je ne le savais pas encore, mais il initiait un design qui servirait à la Renault Espace que préparait Matra, et que la France découvrirait 3 ans plus tard ! Le Trafic ringardisait les autres utilitaires.
Pourtant, avec le recul, que ce Trafic paraît frêle et d’un autre âge, surtout à l’intérieur. Il garde pourtant un profil moderne qui suivra, du moins jusqu’en 2000, les traits de l’Espace pour tenter une cohérence et un lien avec la gamme civile. Ce premier Trafic est d’ailleurs encore courant en Inde, il où sera lancé en 2007 sous le nom de Tata Winger (lire aussi : Tata Winger). Pour une « camionnette » lancée en 1981, avouez qu’on peut commencer à parler de longévité.
C’est ce premier opus de la saga Trafic qui m’a le plus marqué. Transformé en camping-car de façon un peu artisanale par un de mes oncles, il a longtemps servi de « chambre » d’appoint pour moi et mon cousin lors de séjour sur le Golfe du Morbihan. Je me souviens aussi des longues routes de Bourges à Vannes, sans réussir à dépasser le 100 : on était bien loin des performances dignes d’une voiture d’un Trafic actuel. La route était longue, mais le voyage joyeux, puisque l’occasion de jeux de cartes entre cousins attablés à l’arrière du camion, derrière le coin « vaisselle-évier ».
Pendant des années, le Trafic a donc été pour moi autant une cabane qu’un terrain de jeu, à la ligne suffisamment moderne pour ne pas avoir honte d’être à son bord. Lorsqu’il a été vendu, et alors que Renault passait déjà à la phase 2 plus moderne encore (1989), j’ai un peu perdu de l’affection pour ce camion qui m’avait été si cher. On s’est perdu de vue, même si je le voyais toujours dans le paysage automobile. La phase 3 en 1994 lui donna un nouveau coup de jeune, sans réussir à me séduire comme à nos débuts. Au total, près d’un million d’exemplaires de ce premier Trafic sortiront des chaînes de Creil. Outre le Tata Winger, il sera aussi fabriqué sous le nom d’Inokom Permas en Malaisie, en Chine aussi par le constructeur Sanjiang à partir de 1994, et portera les logos d’Opel/Vauxhall (Arena) ou Chevrolet (au Brésil, Space Van) entre 1997 et 2000. Mieux, une version camping-car à l’américaine sera vendue aux USA au moment de la période Renault/AMC (lire aussi : Winnebago LeSharo).
En 2000, le Trafic 2 provoqua chez moi le désamour. Regard de batracien, look de bossu (avec son toit de cabine arrondi), il n’avait décidément plus rien pour me plaire… Et pourtant. C’est bien lui que je me mis à conduire pour des raisons professionnelles à partir de 2010 (le Trafic 2 recevant un peu de cosmétique en 2006 pour passer en phase 2). C’est alors que j’ai compris qu’avec lui l’habit ne faisait pas le moine. Si la ligne svelte et élancée de mon Trafic d’antan avait disparu derrière des boursouflures, il s’était bonnifié avec le temps et l’expérience. A son volant, transportant 8 passagers bien souvent, je profitais du 2 litres Dci 115 volontaire et de la boîte 6 vitesses pour prendre du plaisir à bord d’un « utilitaire ».
Le Trafic 2 à son lancement, en 2000 (en haut) et la phase deux en version camping-car (en bas)C’est à ce moment là que j’ai compris pourquoi tant d’utilitaires modernes blancs me poussaient au cul alors que j’étais en bagnole : un Trafic moderne n’a plus rien à voir avec son ancêtre, même s’il est moins séduisant côté look. Moins séduisant ? Ça c’était avant que je ne puisse tester le Trafic 3 paru en 2014. Si le Trafic 2 se vendait sous 3 marques en plus de Renault (Opel Vivaro, Vauxhall Vivaro et Nissan Primastar), le 3ème opus, lui, devient encore plus international en rajoutant Fiat au panel de marque (le Talento).
Trafic 2 phase 2 (en haut) versus Trafic 3 (en bas): parfois cela se joue aussi sur le physiqueMoi, c’est dans mon Trafic vert pomme prêté par Renault que j’ai traversé la France. Le Trafic 3 retrouve une face moins molle et pour tout dire, plus agressive, un toit plat (qui a dit lifting et liposuccion?), mais je retrouve tout à coup mes marques, et le même punch que mon ancien outil de travail. Sauf qu’en période de downsizing, le Trafic troque un 2 litres contre un 1.6 Dci pour obtenir la même puissance de 115 ch (pour la version essayée).
Sa couleur vert pomme que j’avais trouvée « étonnante » en la découvrant au parc presse, m’a rendu le sourire sur la route, tant on m’a levé le pouce ou fait des appels de phares (surtout de la part de ceux qui partageaient cette même couleur, essentiellement des fleuristes -véridique-). J’avais retrouvé un peu de ma madeleine de Proust, mâtinée des performances modernes de mon ancien Trafic « de service ». La boucle était bouclée.
Depuis son lancement en 1981, le Trafic a toujours, logiquement, été décliné dans des versions « loisirs » ou camping-car. Outre la version originale et artisanale de mon oncle (du sur mesure en contreplaqué -sic-), ou la version très « américaine » de chez Winnebago, tous les constructeurs spécialisés ont proposé leurs versions : Eriba, Hymer, Pilote, Karmann Mobile, et j’en oublie. Vous pourrez d’ailleurs louer les versions les plus modernes sur ce site.
Karmann Mobil ColibriSi en revanche ce sont les versions anciennes qui vous tentent le plus, on trouve des Trafic de tous âges, dans tous les états, et à tous les prix. Il ne sont pas encore vraiment collectionnés, malgré la mode Youngtimer, mais si j’étais vous, hein.