BMW Série 3 E21 : le délicieux parfum des années 70
En ce moment, traîner sur les groupes Facebook ou les forums automobiles donne l’impression qu’en dehors de la BMW E30, point de salut. Au point d’éclipser sa glorieuse devancière, l’E21, pourtant tout aussi intéressante, mais sans doute plus marquée 70’s ! Plus spartiate aussi, et manquant peut-être d’un dérivé sportif emblématique comme put l’être la M3 pour l’E30 (lire aussi : BMW M3 E30 Cabriolet). Pourtant, sans l’E21 et son énorme succès, l’E30 n’aurait sans doute pas été la même.
La série de référence
Si beaucoup identifient BMW à ses grandes et grosses berlines, série 5 ou série 7, c’est à la série 3 et à ses ancêtres qu’elle doit sa puissance et sa bonne santé aujourd’hui. D’ailleurs, sans la 1500, ancêtre des 02, E21, E30 ou E36, BMW n’aurait sans doute pas survécu (lire aussi : BMW 1500). Autant le dire tout de suite, le poumon de Béhème, c’est bel et bien sa « petite » berline, ce cœur de gamme qui a forgé son image, fait rentrer du cash, et permit à chacun de goûter à la propulsion, et à de beaux moteurs, notamment le 6 en ligne.
C’est sans doute là le coup de génie de la Série 3 E21, par rapport à ses devancières : offrir des L6, chose pas courante à ce niveau de gamme. Bien sûr, il faudra attendre deux ans après sa sortie en 1975 (soit 1977) pour voir apparaître ces moteurs sous le capot, en deux versions (320/6 de 2 litres et 122 ch, et 323i de 2,3 litres et 143 ch). D’ailleurs, sur les 1 354 961 exemplaires d’E21 fabriqués entre 1975 et 1984, 407 552 exemplaires seront des L6, soit plus que le modèle d’attaque 316 (vendu à 337 034 exemplaires).
Ces quelques chiffres illustrent bien ce qu’apportait l’E21 et BMW à l’époque : un certain standing dans une voiture aux dimensions plus réduite ; un plaisir de conduire étonnant à ce niveau de gamme ; une image différente de celle des voitures « à papa ». C’était ça la vraie nouveauté de l’E21, le coup de génie marketing qui mettra à l’abri béhème des soubresauts du marché : l’E21 initiait le standing et le sport dans un petit gabarit, le tout vendu plus cher que ses concurrentes, mais bien moins cher qu’une série 5 E12 sortie en 1972 ! Dès lors, toutes les marques dites premiums aujourd’hui suivront ce précepte : Mercedes d’abord, puis bien sûr Audi !
Au cœur même de la gamme E21, le principe est identique : les flagships à 6 cylindres permettent de vendre cher des voitures moins équipées et moins performante, de la 316 d’entrée de gamme (1.6 litre et 90 ch, puis 1.8 litre et 90 ch en 1980), à la 320 (à 4 cylindres celle-ci, 2 litres et 109 ch) et 320i (2 litres injection et 125 ch), en passant par la 318 apparue en 1977 (1.8 litre et 98 ch, puis 318i avec l’injection et 105 ch en 1980) voire la spartiate 315 (présentée en 1981, 1,6 litre et 75 ch). Les 320 et 320i disparaîtront en 1978 pour laisser la place en haut de la gamme aux deux L6 320/6 et 323i. Comme vous pouvez le voir, il y en a eu pour tous les goûts, et l’aura des L6 permettra de vendre relativement cher des 315 et 316 ! La méthode BMW !
Une gamme plus moderne
Si l’E21 reste dans la même veine stylistique que la 2002 précédente (initiant une tradition de lente évolution du design chez BMW, jusqu’à l’arrivée de Chris Bangle!), elle paraît, et c’est bien logique, beaucoup plus moderne, reprenant à son compte l’avant de requin de l’E12 (« shark nose »), avec juste ce qu’il faut d’agressivité sans rentrer dans l’outrance. Un dessin équilibré et valorisant, surtout si l’on considère que la concurrence française s’appelle Peugeot 304 ou Renault 12 ! Et pourtant, l’E21, contrairement à l’E30, ne proposera jamais de variante à 4 portes !
Moins développée que l’E30
Si la gamme E21 restera moins développée que l’E30 (qui elle disposera de versions sportives, d’une berline 4 porte, d’un break et d’un vrai cabriolet, lire aussi : BMW Série 3 E30), on peut cependant en cherchant bien trouver quelques perles sportives (notamment chez Alpina, avec la B6 de 200 à 218 ch et la C1 avec 170 bourrins), et bien entendu, une version découvrable produite chez Baur à 4595 exemplaires (lire aussi : Baur).
En outre, l’E21 (et ses couleurs typiques) vous donnera un air dandy (à condition que la voiture n’ait pas été massacrée par du tuning sauvage), avec son indéfinissable charme venu tout droit des années 70. Ou bien un air gangster, tant on l’a vu servir de monture aux méchants dans les nombreux films policiers de ces années là ! Dans tous les cas, vous ne laisserez pas indifférent, tout en profitant de la rigueur teutonne (dont le seul ennemi semble être la rouille, ce qui est malheureusement classique des voitures de cette époque, fut-elle d’origine germanique), d’un environnement spartiate propice à la réflexion, et, peut-être, du son réjouissant du L6.
Restera la difficile quête d’en trouver une correspondant à vos souhaits, votre budget (les prix commencent à grimper), pas trop abîmée par le temps ou salopée par des barbares incultes et des apprentis Fangio. Mais le plaisir d’une voiture ne vient-il pas aussi de la difficulté à trouver la perle rare ?
Texte : Paul Clément-Collin