Lexus GS S190 : l’accord presque parfait
Lexus fut lancée en 1989 avec un modèle phare, la LS 400, sorte de copie plus que parfaite de la Mercedes Classe S W126, l’âme et la réputation en moins, la fiabilité en plus tout en restant plus abordable. Coup d’essai pour Toyota, la maison-mère, mais coup de maître. Rapidement, la division luxe du constructeur japonais allait s’imposer sur son marché cible, les États-Unis, plus difficilement cependant en Europe. Pour accompagner son vaisseau amiral, Lexus lançait une GS 300 placée juste en-dessous (S140), plus discrète et peut-être moins aboutie. Après une deuxième série ratée stylistiquement (S160), la GS trouvait enfin ses marques en 2005 avec sa troisième génération, la S190.
En 2005, en Europe, la division premium de Toyota reste encore méconnue du grand public. Malgré son immense succès depuis le début des années 90 aux USA, Lexus peine à s’imposer. La LS 400 propose un gabarit trop imposant pour le Vieux Continent, tandis que la GS, plus adaptée, se perd dans un design rond et mou sans trouver son identité, sans parler d’un réseau restreint empêchant la diffusion massive, contrairement aux États-Unis. Heureusement, cette année-là, Lexus renouvelle un peu sa gamme. Si la petite IS perd de son charme, la GS, elle, gagne en sex-appeal. Ce n’était pas bien dur, me direz-vous, tant la seconde génération semblait peu valorisante malgré toutes ses qualités.
2005, l’année du renouveau
2005, c’est aussi l’année de mes premiers pas comme journaliste automobile, éphémère éditeur d’une revue inaboutie. L’occasion surtout de commencer mes premiers essais presse : cela tombe bien puisqu’un mariage en Normandie m’oblige à trouver une monture. Je contacte Lexus qui, gentiment, me propose une superbe GS 430 Pack Président flambant neuve. Moteur V8 de 4.3 litres, 289 chevaux sous le capot, du couple en veux-tu en voilà (42,5 mkg à 3 500 tours par minute), des sièges chauffants et réfrigérés, une sono du feu de Dieu, le toit ouvrant, une suspension pneumatique rendant la route tellement agréable, seulement 1 620 kg sur la balance — ce qui semblait beaucoup à l’époque, et paraît ridicule aujourd’hui tant les berlines comme les SUV ont pris du poids —, et de l’électronique déconcertante à l’époque : une voiture qui freine toute seule au beau milieu de la place de Clichy au moment de déboîter de derrière un taxi, ça surprenait il y a 15 ans.
Arrivés à ce mariage chic (l’héritière d’une très grande fortune industrielle), mon épouse et moi surprenons les regards des convives : la Lexus GS 430 fait son petit effet, le ronronnement de son V8 aussi (et nous sommes frais comme des gardons, preuve d’un confort soigné en dépit d’une conduite véloce pour tester la bête). Malgré la discrétion de sa ligne, notre GS attire et, pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment d’avoir la plus belle voiture d’un parc qui, pourtant, comptait quelques berlines intéressantes. Sans doute étaient-elles supérieures d’ailleurs, mais la Lexus avait pour elle une carte qui m’a toujours plu : l’originalité. Suscitant l’interrogation, de nombreux convives virent me demander le fameux “c’est quoi comme marque”, soupçonnant, au son du moteur et de l’échappement, qu’il ne s’agissait pas d’un modèle ordinaire.
Une copie sérieuse
Avec la GS S190 (troisième génération donc), Lexus ne révolutionne pas le genre mais rend une copie sérieuse et attrayante (69 500 euros pour le modèle GS 430 en 2006). En France, la marque propose 3 motorisations : un V6 de 3 litres (GS 300) et 249 chevaux, une hybride (lancée pour l’AM 2007) dotée du même V6 mais accompagné d’un moteur électrique pour une puissance combinée de 286 chevaux (GS 450h) et cette fameuse GS 430 au V8 feutré mais très plaisant. Même en version de base (GS 300 pack Luxe), la berline est fort bien équipée (seuls le système de navigation et le toit ouvrant sont en option).
Il faudrait être fou pour dépenser plus
Malgré toutes ces qualités, la GS ne trouvera pas son public en Europe. Aux États-Unis en revanche, elle devient une offre un poil moins chère et moins ostentatoire que la LS, dont le style vient tout juste d’évoluer. Difficile de trouver les chiffres de production exacts de la GS S190, qui sera produite jusqu’en 2012. Un léger restylage viendra en 2007, tandis que le V8 évoluera pour passer à 4.6 et 342 chevaux (GS 460). Aujourd’hui, ces Lexus sont rares en Europe car finalement peu diffusées, mais se trouvent tout de même à des tarifs relativement doux, permettant de goûter à la douceur du V8, au luxe et à la finition Lexus, et au raffinement technologique qui, hors le système de navigation, s’avère tout à fait au goût du jour.
Un choix raisonnable, étonnant, singulier, mais qui fera de vous un homme ou une femme respectable tant sa stature en impose. Mieux, son design n’a pas vraiment vieilli et la GS paraît tout à fait adaptée à la route d’aujourd’hui (surtout en hybride pour des raisons évidentes de consommation et de pollution). Il faudrait être fou pour dépenser plus !