Lexus LC 500h : concept car polyvalent
Cette année aura été assez sympathique du point de vue des modèles essayés. On aura pu rouler plus d’une semaine en McLaren 570GT (lire aussi : McLaren 570GT), faire partie des rares essayeurs de la Ford GT, s’offrir quelques tours de circuit en AMG GTR, pour ne parler que des voitures de sport. Et en cette fin d’année, Lexus nous aura permis d’approcher une drôle de bestiole, la LC 500h.
Depuis sa présentation en 2016, ce grand coupé orienté GT (et non « supercar ») m’intrigue. Issue du concept LF-LC de 2012, et censée prendre la suite de la défunte SC dont la carrière s’était arrêtée en 2010, la LC 500 et sa version hybride 500h semblent venir d’une autre planète, plus sportive, plus acérée, par rapport à sa bourgeoise ascendance. La SC était un coupé cabriolet taillé pour l’Amérique, tandis que la LC semble plus proche du Grand Tourisme tel qu’on le conçoit en Europe. C’est en prenant le volant de la version hybride LC 500h que j’ai compris la filiation.
En fait, à bien y réfléchir, la LC propose deux philosophie : l’une plus sportive, dans la lignée des RC F et GS F (lire aussi : Lexus GS-F et RC-F), avec son gros V8 atmo de 5 litres et 477 chevaux (LC 500), et l’autre, plus bourgeoise et proche des caractéristiques d’une SC430, avec un V6 3.5 litres de 299 ch et un moteur électrique pour une puissance cumulée de 359 ch (LC 500h) !
Si la LC 500h se rapproche philosophiquement de sa devancière SC430, elle fait cependant table rase du passé pour le reste. Parlons d’abord du style, commun aux deux LC : si en photo ou sur les salons, j’avais eu du mal à me faire un idée, la voir en vrai, dans des conditions réelles de circulation et d’environnement, et en prendre le volant, change totalement la donne. D’un coupé aux lignes excessives presque fidèles au concept-car LF-LC dans un contexte de gala, on passe à une GT impressionnante dans la vraie vie, dont on accepte mieux le dessin. Certes, il ne plaira pas à tout le monde, mais reconnaissons l’audace du designer Tadao Mori (à partir du dessin LF-LC de Edward Lee) et des décideurs de Lexus. Voilà une voiture qui ne ressemble à aucune autre, tout en conservant la tendance actuelle des Lexus « classiques ». Et franchement, la LC 500h en jette : il suffit de voir le regard curieux des automobilistes ou passants que nous croisons sur la route, surtout dans cette couleur blanche immaculée.
Son style sera donc une histoire de goût : c’est japonisant, certes, mais c’est équilibré, et le soin du détail se voit à l’extérieur comme à l’intérieur. Et surtout, c’est impressionnant : avec une longueur de 4,76 mètres, c’est déjà un beau bébé, mais son long capot avant donne l’impression d’une taille encore plus importante. A l’intérieur aussi, on se sent comme dans un petit habitacle de grand avion, sensation étrange et étonnante.
Au volant, on sent bien évidemment qu’on est dans une voiture hors-norme, mais est-ce parce que c’est une hybride, que le moteur chante moins qu’un V8 atmo, ou les deux à la fois, l’impression de sportivité s’évanouit, et l’on aurait tendance à oublier qu’elle en a sous le capot. Douce et agréable à conduire, elle n’incite pas à l’arsouille… A tort sans doute, car une fois en mode sport, elle montre une certaine agilité malgré sa taille (due à ses roues arrières directrices sur la version essayée ?), et pousse sacrément. En fait, l’esprit nous emmène parfois là où il veut : celui-ci ayant enregistré « hybride », « moins puissante » « plus bourgeoise a priori » vous donne ces sensations là, alors qu’en réalité, la LC 500h réalise le 0 à 100 en 5 secondes là où la LC 500 à moteur V8 et disposant de 100 ch de plus l’effectue en 4,7 secondes. Avec si peu d’écart, on comprend alors que la 500h cache bien son jeu, tout en offrant une consommation annoncée de 6,4 litres aux 100 contre 11,7 litres pour la 500 !
Vous me direz, la consommation, vue le tarif des deux engins (à partir de 109 000 euros pour l’une comme pour l’autre), on s’en fiche un peu. C’est vrai, mais au delà de la consommation, il y a l’aspect fiscal de la version hybride qui pourrait faire pencher la balance en sa faveur (ne serait-ce que le malus, de 1153 euros pour la 500h à 10 000 euros pour la 500 V8). Et puis il y a aussi l’aspect psychologique : rouler dans une telle voiture en ayant l’impression de ne pas (trop) polluer, ça n’a pas de prix en ces temps de lutte contre la consommation et les émissions.
Ayant déjà goûté au V8 5 litres de 477 chevaux sur les GS-F et RC-F, ma tendance naturelle m’entraînait vers la LC 500 (que je n’ai pas encore essayé je l’avoue), mais en roulant avec la LC 500h, je me suis dit qu’on tenait là un bon compromis, avec une voiture utilisable au quotidien, tant en conduite pépère qu’en conduite sportive, tout en ayant la conscience (presque) tranquille et en dépensant moins. Finalement, la LC 500h fait bien mieux que remplacer la SC430 : elle la fait oublier grâce à son style de concept car ambulant et sa polyvalence. La LC 500 quand à elle séduira les puristes, les mélomanes, mais ils sont de moins en moins nombreux et sur ce créneau, ceux-ci iront peut-être voir ailleurs, du côté d’une sportivité reconnue et souvent allemande. La LC 500 apportera au moins une boîte automatique 10 vitesses forcément plus sportive que la CV-T 4 vitesses de la LC 500h, certes remaniée pour éviter tout patinage mais inévitablement moins efficace.
Avec son intérieur soigné, Lexus fait un sans faute avec cette LC : c’est cosy, c’est luxueux, c’est d’excellente facture, et l’on voit à vue d’oeil la qualité des matériaux et de l’assemblage. Tout ici respire le luxe et la volupté, accentuant le côté bourgeois de cette LC 500h. D’une certaine manière, la ligne extérieure presque agressive est en totale opposition avec l’intérieur douillet et accueillant, ce qui permet à notre acheteur de se sentir canaille tout en restant raisonnable et confortable. C’est un choix que la tendance confirme, Lexus vendant en majorité ses LC en version hybride justement !
Photos : l’excellent Bernard Rouffignac pour Lexus