Ford Corcel : presque une Renault 12 !
Ce qui fait plaisir quand on écrit un blog, c’est de voir son audience « statistique » se tranformer en lecteurs de chair et d’os, commentant, participant, et de plus en plus souvent force de proposition. J’avais depuis quelques temps collecté des infos sur la Ford Corcel, mais c’est le commentaire d’Eddy qui m’incite ce matin à vous parler de cette étrange brésilienne aux lignes familières.
Les hasards des collaborations, des fusions ou des acquisitions, sont une mine d’or pour un blog comme Boîtier Rouge, et l’histoire de la Ford Corcel est en cela très intéressante, et prouve, après la Renault Virage ou la série des Dacia 1310, combien la Renault 12 était une voiture mondiale avant l’heure !
Comment Ford s’est-elle retrouvée à fabriquer un modèle proche de la R12 française, et dotée à ses début du 1300 Cléon ? Cette histoire commence en 1958, quand la filiale brésilienne de la firme américaine Willys-Overland (la Jeep Willys, ça vous dit quelque chose?) signe un accord avec la Régie Renault pour fabriquer des Dauphine. La vénérable française sera fabriquée jusqu’en 1968 au Brésil, et le partenariat s’étendra à la production de versions brésiliennes de l’Alpine A108 dès 1962 sous le nom de Willys Interlagos.
Tandis qu’en France se profile la Renault 12 (prévue pour sortir en 1969), au Brésil, les équipes françaises et brésiliennes s’activent pour sortir une traction avant du même acabit, sous le nom de projet M dès 1966. Mais le jeu des alliances internationales changera la donne : l’américain Kaiser, propriétaire de Willys-Overland, est racheté par Ford en 1967, et par richochet Willys-Overland do Brasil, la filiale brésilienne. Mais contre toute attente, Ford va faire perdurer le projet, qui, comble du comble, sortira avant sa sœur française, en 1968, sous le nom de Corcel !
La plate-forme est celle de la Renault 12, et la Corcel utilise à son lancement le 1300 Cléon développant 68 ch. Stylistiquement, les premières Corcel sont très proches des Renault 12 françaises, malgré quelques différences. Mais en regardant bien les photos, on reconnaît bien la française, que ce soit en berline ou en break. C’est moins vrai pour la GT, version coupé apparue en 1970.
Chaque année verra des différences éloigner la Corcel de sa matrice R12, mais le restyling de 1973 sera vraiment une rupture, la Corcel prenant un air de Ford Escort à l’avant. Année après année, des modifications apparurent. Les moteurs Renault seront abandonnés pour des versions Ford, et même Volkswagen (les deux constructeurs étaient associés en Amérique Latine au sein d’AutoLatina). La Corcel s’arrêtera en 1986, mais la Del Rey, sur la même plate-forme, continuera d’être produite jusqu’en 1991, avant d’être remplacée par la Ford Versailles, dérivée de la Volkswagen Santana : vous suivez toujours ? La version pick-up Pampa sera même fabriquée jusqu’en 1997.
La version coupé de la Corcel s’appelle GT !Aussi, si vous avez décidé de créer une collection improbable de Renault ou assimilées, n’oubliez surtout pas la Ford Corcel, qui, au côté d’une Renault 12 Alpine ou d’une Renault Virage, vous permettra d’être un collectionneur vraiment original, tellement Boîtier Rouge !
Merci à Eddy123 pour l’idée du sujet !