Ferrari Pinin : deux portes de trop !!!
Youngtimers
Berline
Ferrari
Italienne

Ferrari Pinin : deux portes de trop !!!

Par Paul Clément-Collin - 06/08/2014

Toutes les grandes marques de GT se sont posées un jour ou l’autre la question de lancer une berline. Parfois, il ne s’agira que de motoriser une berline d’une autre marque, comme Ferrari avec la Lancia Thema 8.32 (lire aussi : Lancia Thema 8.32), ou bien Lotus avec l’Opel Omega (lire aussi : Opel Lotus Omega). Maserati quand à elle propose dans sa gamme des 4 portes depuis belle lurette, avec notamment la série des Quattroporte (lire aussi : Maserati Quattroporte IV) tandis que Porsche et Aston Martin s’y sont mis récemment, avec la Panamera ou la Rapide. Mais jamais au grand jamais Ferrari ne sautera le pas.

Pourtant, il fut un temps (lointain) où la question effleura l’esprit d’Enzo Ferrari. L’idée d’une berline Ferrari ne viendra pourtant pas de lui, mais de Sergio Pininfarina. Les liens de l’amitié lui permettront d’arracher l’autorisation d’Enzo Ferrari de présenter un projet en 1980 portant la marque Ferrari, et célébrant les 50 ans de la carrosserie Pininfarina. Il s’agit d’un concept (non roulant) d’une berline 4 portes au cheval cabré, sur la base d’un chassis de 412 et qui porte le nom de Pinin, en hommage au père de Sergio.

La Pinin a plutôt bien vieilli, même si elle arbore des traits typiques des années 80. Elle préfigure d’ailleurs un style que l’on retrouvera sur les Alfa Romeo 164 et Peugeot 405, notamment cette nervure sur le haut des flancs. A l’intérieur, c’est luxueux mais un poil futuriste. Une certaine idée de la voiture du futur, sans aller aussi loin qu’Aston Martin et sa Lagonda (lire aussi : Aston Martin Lagonda).

La voiture présentée en 1980 rallume chez Enzo l’idée de produire une berline. Car il n’a pas toujours été fermé à cette idée. La Pinin lui fait entrevoir la conquête du marché américain, mais Fiat, en difficulté financière, freine des quatre fers !! Enzo Ferrari s’en sortira par cette pirouette, désormais gravée dans le marbre chez Ferrari : « il n’y aura jamais de 4 portes chez nous ». Une manière habile de se différencier des autres constructeurs, tout en justifiant l’arrêt d’un projet pourtant bien abouti.

A dire vrai, la voiture, bien que non roulante, est « presque » opérationnelle. Suffisamment du moins pour que 30 ans plus tard, le rêve devienne réalité. D’abord parquée dans un coin de Maranello, la Pinin sera rachetée par Jacques Swaters, patron de l’écurie Francorchamps et ami du commendatore. Enzo se débarrasse là d’un encombrant héritage, et permet malgré tout à la Pinin de passer à la postérité. On dit d’ailleurs qu’un deuxième exemplaire aurait été construit, puis détruit. Chez Ferrari, les pages se tournent assez facilement.

En 2008, Swaters revend le proto à son actuel propriétaire, qui décide de réaliser un rêve : faire rouler cette berline Ferrari. Il faudra trois ans à Mauro Forghieri pour mouvoir la bête. A l’avant, c’est un 12 cylindres Boxer de 4,9 litres et 360 ch qui prend place (issu de la 512 BB). Les trains roulants sont revus, tandis que le châssis est renforcé, et qu’on ajoute un réservoir (on sait jamais, ça peut servir).

En 2011, la voiture est présentée à la vente, chez RM Auctions, dans une fourchette de prix déjà astronomique : entre 550 et 640 000 euros. Aucun acquéreur cette fois-ci. Bonhams la remettra en vente en 2013, cette fois-ci entre 900 000 et 1 millions d’euros, sans succès une fois de plus.

Il faut dire que les « vrais » amateurs de Ferrari n’apprécient pas les berlines, du moins pas celles portant le cheval cabré sur le capot. Il existe des Ferrari 456 berlines ou break (lire aussi : Ferrari Venice), spécialement conçues pour le Sultan de Brunei (une fois de plus), qui suscitent certes la curiosité, mais pas la passion. Il en va de même pour cette Pinin pourtant très attachante (vous connaissez mon goût pour les berlines discrètes et fortement motorisées), mais qui relève de l’anecdote plus que de l’Histoire avec un grand H. Voilà qui confirme des années plus tard la prédiction « forcée » du Commendatore : « pas de 4 portes chez Ferrari » !!!


Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

Autos similaires en vente

Stock CarJager
Ferrari 458 Italia
Ferrari 458 Italia
Ferrari 458 Italia
Ferrari 458 Italia
Ferrari 458 Italia
Ferrari 550 Maranello
Ferrari 550 Maranello
Ferrari 550 Maranello
Ferrari 550 Maranello
Ferrari 550 Maranello
Ferrari F355 Gts 2.7 Motronic
Ferrari F355 Gts 2.7 Motronic
Ferrari F355 Gts 2.7 Motronic
Ferrari F355 Gts 2.7 Motronic
Ferrari F355 Gts 2.7 Motronic
Ferrari Ff
Ferrari Ff
Ferrari Ff
Ferrari Ff
Ferrari Ff

Carjager vous recommande

Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Ferrari Mondial : le vilain petit canard vous salue bien

« C’est sans conteste sous la forme de la Mondial t que l’auto est la plus gratifiante à conduire et, conséquemment, la plus désirable aujourd’hui »
Ferrari
Italienne
V8
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Ferrari 412 : dix-sept ans de survivance

« C’est le chant du cygne de ce moteur de légende conçu près de quarante ans plus tôt par Gioacchino Colombo et dont la production cessera avec celle de la 412 »
Ferrari
Italienne
V12
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Ferrari 328 : une somptueuse fin de race

« Les 270 ch délivrés par le 3,2 litres n’amusaient pas le terrain et emmenaient la « petite » Ferrari jusqu’à plus de 260 km/h réels, le kilomètre départ arrêté étant abattu en un peu moins de 26 secondes »
Ferrari
Italienne
V8
Nicolas Fourny / 12 nov. 2025

Ferrari 612 Scaglietti : plaidoyer pour une automobile

Schématiquement, il y a deux types de Ferrari de route : celles qui suscitent une admiration incoercible et celles devant lesquelles certains tordent le nez, voire sortent carrément la sulfateuse. Tout comme la 308 GT4, la 360 Modena ou la Mondial, la Ferrari 612 Scaglietti apparue en 2004 relève de cette seconde catégorie. Ses dimensions hors normes, son voisinage avec des coupés plus patriciens que sportifs et surtout le fait qu’elle ait succédé à la très aimée 456 l’ont reléguée à l’arrière-plan d’une histoire qui, depuis longtemps déjà, est devenue une mythologie. Comme souvent en pareil cas, ceux qui la vilipendent n’en ont jamais pris le volant, tandis que ses propriétaires vous en parlent avec, dans le regard, l’amour tranquille de l’amateur véritable, celui qui sait apprécier les grandes automobiles — au sens figuré, bien entendu — et dédaigne les préjugés. Alors que la longue histoire des Ferrari 2+2 à moteur V12 touche à sa fin pour laisser place à un vernaculaire SUV, il n’est pas inutile de rappeler les vertus d’une auto qui, nous avons pu fréquemment le constater, demeure généralement méconnue…
Ferrari
Italienne
Technique
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

La Ferrari F40 de Blue Turtle

La F40, dernière Ferrari lancée du vivant d’Enzo Ferrari, faisait passer un nouveau cap à la marque après une déjà réussie 288 GTO. Entièrement dédiée à la performance, elle aura marqué toute une génération déjà conquise par la Testarossa. C’est le cas de notre propriétaire du mois, passionné de Formule 1 et de Ferrari, au point de soutenir la Scuderia même dans les années difficiles.
F40
Ferrari
Gto
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Ferrari Mondial T : contre les idées reçues

Allez j’ose, la Ferrari Mondial me plaît, du moins dans son ultime version T lancée en 1989. Contrairement à beaucoup d’autres, je n’ai jamais trouvé le dessin de la Mondial si déséquilibré que cela. Tout juste était-elle trop typée années 80, avec moult plastique et stries trop imposantes calquées sur la Testarossa. Avec l’arrivée des années 90, Ferrari s’applique à modifier son offre : une 348 compacte et séduisante (bien qu’un peu brutale) et une Mondial T, remise au goût technique et stylistique du jour. Bonifiée par l’âge, la Mondial (re)devient, avec ses 4 places et en attendant la 456 GT, un objet de désir.
Ferrari
Italienne
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Vidéo Ferrari F355 GTS : l'évolution ultime du style Pininfarina des 80's

En 1994, Ferrari présentait l’héritière de la turbulente Ferrari 348, au design apparemment proche et pourtant largement modernisé, tant au point de vue du style que de l’efficacité. Avec sa nouvelle robe signée Pininfarina, la F355 devenait le point d’orgue de la lignée des Berlinetta de Maranello, alliant efficacité, polyvalence et classe.
F355
Ferrari
Gts
Paul Clément-Collin / 12 nov. 2025

Ferrari 208 Turbo : la Turbo de Maranello !

Chez Ferrari, il y a bien sûr des vraies raretés, mais qui souvent coûtent et cotent un bras, voire des millions d’euros pour certaines. Difficile donc de rouler de façon originale et exclusive dans une voiture portant le cheval cabré à un tarif raisonnable. Difficile certes, mais pas impossible. Car si l’arrivée du turbo sur les modèles récents de Ferrari a fait crier les puristes, ce n’est pas la première fois que cela arrive ; et cela donne une Ferrari rare, étonnante et sous-côtée au doux nom de 208 GTB/GTS Turbo. Oui vous avez bien lu : un turbo chez Ferrari, et ce dans les années 80 ! Voici sa petite histoire !
Ferrari
Italienne
Maranello

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente