Mangualde : des 2CV et des DS portugaises
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Mangualde : des 2CV et des DS portugaises

Par Paul Clément-Collin - 26/11/2019

On connaît bien les grandes usines historiques de Citroën, le quai de Javel (jusqu’en 1974), Aulnay-sous-bois, Rennes-La Janais, mais peu l’usine de Mangualde, située au Portugal. Cette petite unité de production a survécu à toutes les crises de Citroën puis du groupe PSA et est devenue célèbre pendant un temps en produisant la toute dernière 2CV le 27 juillet 1990. Si aujourd’hui l’usine portugaise est dévolue à la production des Peugeot Partner, Citroën Berlingo et Opel Combo en soutien de l’usine de Vigo, elle produisit pendant longtemps quasiment toute la gamme au chevron : des 2CV, bien sûr, des Type H, des Ami6, des Méhari, des DS, puis des CX ou des GS, avant de se spécialiser dans les “petites” telles la 2CV, l’AX puis la Saxo. Retour sur l’aventure portugaise de PSA.

Tout commence en septembre 1962 lorsque Citroën décide d’investir dans un Portugal isolationniste encore sous la coupe du président du conseil à vie, Antonio Salazar. La firme française a l’habitude de disposer d’unités de production locales telles que Slough en Angleterre (fermée en 1966), Forest en Belgique (fermée en 1980) ou l’usine Cimos de Koper, en Yougoslavie (fermée en 1985). Citroën rachète donc la licence de fabrication d’automobiles à un industriel portugais, José Coelho dos Santos, et lance la construction de son usine dans la petite ville de Mangualde. Ironie de l’histoire, en cette même année 1962 naît dans cette même ville la petite Vanda que l’on connaîtra plus tard en France sous le nom de Lio.

Une DS 21 Pallas construite à Mangualde, hybride entre une DS et une ID/DSuper. Notez le logo 2 175 cc spécifique à l’arrière.

La DS devient voiture nationale, surnommée « boca de sapo »

L’usine Citroën de Mangualde est opérationnelle à partir de 1964. Elle commence à assembler des 2CV (AZL et AZU) pour le marché portugais et, conformément à la loi, utilise au minimum 20 % de composants locaux, ce qui expliquera les petites différences qui existent entre les 2CV locales et celles produites à Levallois ou à Javel. Cette année-là, 472 exemplaires sortent des chaînes de la nouvelle usine. En 1965, la gamme s’élargit avec l’Ami6, mais aussi le Type H. Ce n’est qu’en 1966 que commence la production de la DS.

Les DS fabriquées au Portugal disposent souvent d’un intérieur spécifique.

Produite pendant presque 10 ans jusqu’en 1975 à Mangualde, la DS est devenue une voiture nationale malgré une production assez faible (2 720 exemplaires au total, dont 450 DS 21) : elle devient la voiture officielle des grands du Portugal, Salazar en tête puis surtout son successeur, Marcelo Caetano. Comme en France, la DS devient une icône de la réussite et gagne rapidement le surnom de “Boca de sapo” (bouche de grenouille). Les DS produites au Portugal s’avèrent différentes de leurs soeurs françaises : elles sont un patchwork entre des ID/DSuper (base mécanique, sans frein champignon donc, et boîte de vitesse manuelle à 5 rapports) et des DS (finitions), avec parfois des “spécificités” dans l’agencement ou les selleries ainsi que des couleurs spécifiques. Les DS 21 de Mangualde, elles, reçoivent un logo “2 175 cc” inconnu partout ailleurs. La DS sera tellement représentative de Mangualde qu’en 2016, l’usine s’offrira une sculpture en pierre de la fameuse Citroën, trônant sur le rond-point d’accès.

A l’entrée de l’usine de Mangualde trône, depuis 2016, une DS « boca de sapo » en pierre.

Toute la gamme Citroën produite au Portugal

La Dyane commence à être produite en 1967, puis la Méhari en 1969. Les années 70 voient la gamme “moderne” fabriquée au Portugal (GS, CX) mais aussi la fameuse FAF (“Facile à Fabriquer”, sorte de Méhari métallique à destination des pays en développement). Dans les années 80, l’usine se spécialise dans les “petites voitures”, essentiellement la 2CV et la Visa. Avec la fermeture du site de Levallois en 1988, Mangualde devient l’unique et dernier site de fabrication de la vénérable 2CV. Pendant 2 ans et jusqu’au 27 juillet 1990, toutes les 2CV seront portugaises (et souvent plus fragiles que celles produites en France, notamment face à la rouille). La dernière produite sera une Charleston de couleur grise.

Vue aérienne de l’usine (en haut) et ligne de production actuelle (images PSA).

Avant même la fin de la 2CV en 1990, elle partage la ligne de montage avec l’AX qui devient l’unique production de l’usine avant d’être rejointe par la Saxo en 1996. L’AX sera elle aussi une icône nationale, au point qu’un carrossier local, AG Engineering, en produira une version cabriolet, l’AX BB Cabrio GT entre 1990 et 1992. À partir de 1998, la gamme d’utilitaires légers Citroën Berlingo / Peugeot Partner est produite à Mangualde, et en 2000, l’usine se spécialise sur les utilitaires, ce qu’elle produit toujours pour le compte du groupe PSA. En 2012, la production totale atteint 1 million de véhicules au bout de 50 années de présence lusitanienne.

C’est l’usine de Mangualde qui produisit la toute dernière 2CV le 26 juillet 1990.

Alors que la plupart des usines du groupe PSA ont une capacité de 150 à 450 000 véhicules par an, Mangualde reste une petite unité de production (moins de 100 000 véhicules par an). Pourtant, l’usine ne semble pas menacée. Doit-on y voir la volonté de Carlos Tavares de maintenir une activité industrielle dans son pays d’origine ? Le Centre de Production de Mangualde (CPMG, son nom officiel) survivra-t-il à la potentielle fusion entre PSA et FCA ? Nul ne le sait. Une chose est sûre : les Portugais gardent une affection particulière à Citroën et, lors des festivités du centenaire de la marque en juillet 2019, la petite ville de Mangualde fut envahie de Citroën, 2CV, DS ou autres. Une chose est sûre : les Citroën de Mangualde sont aujourd’hui rares et hautement désirables.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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