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Saab 9-5 NG : la dernière danse du griffon

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 02/12/2014

S’il y a bien une voiture que je regrette, c’est cette Saab 9-5 dite « NG » (New generation) présentée en 2009, entrée en production en 2010 et décédée en 2011 à la suite des péripéties de la marque suédoise. Conduisant le modèle de la précédente génération (lire aussi : La Saab 9-5 Griffin du boss) je ne désespère pas en posséder une un jour.

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La Saab 9-5 NG n’a pas eu de chance, née au mauvais moment. Car au moment de sa sortie, la maison mère de Saab, General Motors, est dans une sacrée panade. La crise des subprimes et la longue dérive financière depuis 2000 (avec un endettement record) ont fait plongé les comptes de GM dans le rouge le plus total, et en décembre 2008, l’Etat américain est obligé de prêter la modique somme de 18 milliards de dollars au constructeur américain pour éviter sa faillite inévitable. En contrepartie, GM doit vendre quelques bijoux de familles. Le géant américain fermera sans scrupule Pontiac, Saturn, et Hummer, et vendra à tout petit prix le constructeur suédois à l’artisan néerlandais Spyker dirigé par Victor Muller (lire aussi : Spyker).

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C’est dans ce contexte morose qu’est étudié la 9-5 NG sur la plate-forme Epsilon II qu’elle partage (entre autre) avec l’Opel Insignia. Lors de sa présentation (en pleine tourmente) au salon de Francfort 2011, elle propose une interprétation très moderne du style Saab, sans tomber dans le néo-rétro mais indubitablement suédoise. On peut ne pas aimer sa ligne, mais il faut lui reconnaître une rare élégance, toute en sobriété, dont peu d’autos peuvent se targuer.

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Les premiers exemplaires de pré-séries sont constuits fin 2009, avant qu’un accord soit enfin trouvé avec Spyker et que la production puisse commencer en mars 2010. A ce moment-là, certains saabistes y ont cru : belle voiture, nouveau propriétaire, collaboration avec GM, la fin des emmerdes pour la marque au Griffon ? Que nenni. En difficulté financière (il faut beaucoup de cash pour être un constructeur automobile, fut-il modeste comme Saab, et Spyker n’avait pas la carrure), la marque ne trouvera jamais son salut auprès des chinois, bloquée par GM qui ne désirait pas que sa technologie et ses brevets passent entre n’importe quelles mains, et qui disposait d’un droit de veto.

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La production s’arrêtera en mars 2011, et la faillite sera déclarée en septembre. La marque sera ensuite reprise par NEVS en 2012, sans obtenir les droits sur cette 9-5 et sur le SUV 9-4X pourtant déjà en production (lire aussi: Saab 9-4X). Entre temps, une superbe 9-5 Estate (break) sera présentée, sans avoir le temps d’entre elle non plus en production.

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Quel dommage, car avec la 9-5, Saab disposait d’une berline et d’un break technologiquement à la pointe, disponible avec une transmission intégrale, et dotée de puissants moteurs : des 4 cylindres turbo (1,6 litres et 180 ch, 2 litres et 220 ch), un V6 turbo (2,8 litres de 300 ch issu de l’Opel Insignia) et même d’un diesel (2 litres TiD de 160 ch). On pouvait regretter qu’une version plus sportive, à l’instar de l’Insignia OPC, ne soit pas proposée, mais 300 ch c’était déjà respectable et plus que suffisant.

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Au total, 11 280 exemplaires seulement de la berlines furent produits. Encore plus collector ? La version Estate ne fut produite qu’en pré-série à 27 exemplaires. 22 d’entre eux seront vendus aux enchères en même temps que la collection Saab en 2013. Autant dire que c’est un collector ! Malgré sa courte existence, la 9-5 eut le temps d’être élu voiture de l’année 2011 à Singapour : maigre consolation pour un tel gâchis.

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Aujourd’hui, on en trouve quelques unes à vendre en France, oscillant entre 15 et 30 000 euros. Mais sa côte descend en flèche, à cause de la disparition du réseau Saab et de la peur de ne plus trouver de pièces (pourtant, Saab Parts qui produit les pièces détachées Saab a été nationalisée, et les pièces sont bien entendu disponibles). Si jamais vous aimez rouler décalé, et souhaitez pourtant une voiture relativement moderne, bien équipée, luxueuse et, j’ose le mot, belle, sautez sur l’occasion, tout en faisant une bonne action : préserver le patrimoine Saab.

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