Venturi 260 LM : une histoire chaotique
Lorsqu’on est un petit constructeur de GT à la production relativement confidentielle, faire une série « limitée » peut paraître incongru. Pourtant, le principe de la série spéciale n’est pas inintéressant, permettant d’accorder un nouveau souffle à un modèle en fin de vie. Alors pourquoi s’en priver chez Venturi, alors que la 260 s’apprête à tirer sa révérence ? D’ailleurs, la firme basée en Loire Atlantique, à Couëron, s’y était déjà essayée en présentant la 260 Atlantique, une série limitée à 25 exemplaires en 1991.
En 1993, pourtant, l’heure n’est plus vraiment à la fête même si on tente de sauver les apparences. L’épisode de la Formule 1 a sérieusement éreintée l’entreprise (lire aussi : L’Aventure Venturi 4ème partie) et Didier Primat, l’un des héritiers Schlumberger qui finance Venturi depuis quelques années, veut se débarrasser d’une encombrante danseuse. Pourtant, certains points sont positifs : le lancement du Gentleman Trophy, et l’engagement de 5 Venturi 500 LM au Mans au printemps 93 sont le signe qu’un certain positionnement vient d’être trouver.
La 500 LM n°92 qui offrit sa couleur à la 260 LM exécution n°1 !Si les déstockages massifs permettent d’écouler la production, il faut cependant rendre la mariée appétissante alors qu’on prépare une cession. L’idée de la direction (présidée par Yan Dalziel) est donc simple : proposer une version limitée de la 260 pour écouler les derniers châssis disponibles. Si la 260 Atlantique profitait de l’aura (toute relative) de la Formule 1, la 260 LM comptait bien s’appuyer, comme son nom l’indique, sur les débuts prometteurs de la firme au Gerfaut au 24 heures du Mans.
Une superbe LM jaune !Cette 260 LM proposait 5 coloris différents, se calquant sur les couleurs des voitures engagées. La première LM (éxécution n°1), présentée à la presse en octobre 1993, s’offrait d’ailleurs le peu discret rose de sa sœur de compétition, la 500 LM n°92 (le châssis n°6 qui deviendra célèbre par la suite en se parant d’une peinture façon « tuile » en l’honneur de son sponsor TBF en 1994). Pourtant, les 260 LM les plus courantes porteront le bleu « Jacadi » (en l’honneur de son sponsor éponyme).
Les différences entre une 260 LM et une 260 APC sont minimes, et pourtant flagrantes. Outres les peintures spécifiques, la 260 LM proposait des jantes OZ de 17 pouces (et pour l’époque, c’était grand) peintes en blanc, du plus bel effet, des « stickers » 260 LM sur les côtés et à l’arrière, un tableau de bord en carbone (même si certains clients reviendront aux boiseries) du même type que la 260 Atlantique, des sièges Recaro recouverts de cuir, et quelques différences mineures. Mais la vraie différence avec une 260 SPC ne se voit pas au premier coup d’oeil : elle bénéficiait en effet d’un réglage des trains avant et d’une mise au point spécifiques (sous la houlette de Jean-Philippe Vittecoq) qui en font la plus aboutie de la la lignée 260.
Certaines 260 LM furent peintes (ou re-peintent) en des couleurs plus discrètes !La naissance de la 260 LM se fait pourtant en plein changement de direction, puisque Venturi est reprise début 1994 par Hubert O’Neil, qui devient PDG de l’entreprise. La commercialisation va cependant continuer. Mais toutes les forces vives de l’entreprise, dont les effectifs ont déjà bien fondu, sont tournées vers la nouvelle 300 Atlantique que Venturi veut présenter au Mondial de l’Auto 1994 (lire aussi : Venturi 300 Atlantique). Si les 210 et 260 restent au catalogue, il se murmure déjà qu’une remplaçante va sortir.
Page d’ouverture du catalogue 260 LMLa série limitée 260 LM, dans ce contexte spécifique, s’avère être un fiasco, et en 1994, seuls quelques exemplaires sont vendus. Malgré la sortie de la 300 Atlantique en 1995, la 260 LM continue d’être proposée afin d’écouler les stocks. D’autant plus que les difficultés, un temps écartées par l’arrivée d’O’Neil, refont surface en cette année-là. Il faut absolument faire rapidement rentrer du cash. Mais alors que l’usine continue à vendre à des tarifs proches du prix annoncé (440 000 F TTC prix catalogue à l’époque), un concessionnaire monégasque, qui dispose de certains modèles en stocks, décide de brader en faisant paraître dans la presse une annonce proposant la voiture à 325 000 F TTC, plus une nuit dans un palace au moment de récupérer la voiture). Une situation étonnante qui contribue à brouiller l’image commerciale de Venturi.
La publicité par laquelle le scandale arriva !La dernière Venturi 260 LM vendue le sera en janvier 1996, après 33 exemplaires produits depuis fin 1993, alors qu’Hubert O’Neil a déjà revendu l’entreprise au Thailandais Nakarin Benz. Cependant, il existe un doute sur le nombre exact de véhicules produits. Si le chiffre de 33 est avancé, le dernier exemplaire produit est présenté comme l’exécution n°34 ! La Communauté Venturi en a déjà recensé 31 exemplaires.
Moi je l’aime bien en rose en fait !Si la 260 LM a eu du mal à convaincre en son temps (modèle pas assez distinctif, bradé en concession, déjà daté, mais contemporain d’un modèle plus séduisant, la 300 Atlantique), c’est aujourd’hui une pièce de choix pour le collectionneur ou plus sûrement l’amateur de Venturi. Considérée comme la plus aboutie des 260, bénéficiant de trains roulant affûtés, elle est donc l’une des plus recherchée. Et vous savez quoi ? Je rêve de racheter l’exécution n°1 et de la remettre dans sa couleur d’origine : oui oui, je suis fou !!!
Pour en savoir plus sur Venturi: http://communaute-venturi.fr/
Sur ce modèle spécifique, je vous conseille d’acheter le n° de septembre de Youngtimers, qui en fait l’essai (http://youngtimers.fr/)
Crédit photo: Communauté Venturi (DomClub, Peter, Ventury, Snake, Freddy, Guismo, Msvent).