Venturi 300 Atlantique : la meilleure de toutes ? (l’Aventure Venturi 5ème partie)
Si vous lisez ce blog depuis quelques temps, vous savez alors combien le Salon de Paris 1994 m’avait impressionné, notamment pour les propositions françaises, ambitieuses et variées, et plus jamais revues depuis. Ainsi, cette année-là, sur le stand Venturi, trône une nouvelle GT, superbe, moderne et désirable : l’Atlantique 300 !
Rappelez-vous ! En 1993, Hubert O’Neil avait racheté la petite marque de Loire-Atlantique (lire aussi : L’aventure Venturi 4ème partie) au Suisse Didier Primat, et s’était empressé de faire le ménage et de réorganiser l’entreprise. Au chapitre des priorités pour le nouveau patron : lancer un nouveau modèle, plus moderne et plus performant.
C’est Gérard Godfroy, le créateur de la marque devenu designer indépendant, qui se charge de moderniser la ligne des 210/260 pour créer ce nouveau modèle. C’est avec finesse et talent qu’il fait évoluer les lignes originelles vers plus de rondeurs et de modernité. Objectivement, la Venturi 300 Atlantique est la plus belle des Venturi.
La plate-forme, elle, est connue : il ‘agit de celle de la 400 Trophy/GT rallongée. Autant dire qu’il s’agit d’une référence, et la 300 sera reconnue pour son excellente tenue de route. A l’arrière, on retrouve le sempiternel V6 PRV gavé par un Turbo , développant 281 ch, soit 21 de plus que la précédente Venturi 260 ! Malgré d’excellentes performances, l’Atlantique est avant tout un GT de grand luxe, et son intérieur est digne des meilleures limousines anglaises.
En octobre 1994, alors que Venturi présente sa 300 à côté de la performante 400 GT (lire aussi: Venturi 400 GT/Trophy), et qu’Hubert O’Neil annonce que Venturi a dégagé un bénéfice opérationnel d’un million de francs, les amateurs sont confiants : enfin la marque va pouvoir décoller sérieusement. Mais en 1995, patatra ! Alors que la marque prépare sa nouvelle Atlantique, met à la retraite ses 210/260 et commence à briller en compétition, les besoins en cash en cette année charnière sont très forts. C’est à ce moment là que l’unique banque créancière lâche Venturi.
Après un dépôt de bilan, Hubert O’Neil (qui redressa avec brio la marque) doit lâcher l’affaire en 1996, passant la main au groupe Thailandais Nakarin Benz (un gros importateur de véhicules de luxe en Asie du Sud Est). Mais revenons à la 300 Atlantique : c’est justement en 1996 qu’elle est enfin commercialisée. 19 exemplaires seront vendus cette année là. C’est bien, mais ce n’est pas assez pour rentabiliser l’entreprise, et en 1997, seuls 20 exemplaires seront vendus.
Outre un manque d’image flagrant (la compétition a été abandonnée pour des raisons d’économie), on reproche à cette Atlantique un manque de noblesse mécanique. En 1998, seuls 6 exemplaires sont vendus. Cette même année, on limite les dégâts avec la production de 3 exemplaires d’une version automatique sans turbo, utilisant le nouveau moteur V6 Peugeot ES9, développant 210 ch. Ces versions automatiques ont pour mission de conquérir l’Asie.
De toute façon, on sait désormais qu’il faudra changer de moteur, le PRV prenant sa retraite, laissant sa place à la Française de Mécanique à l’ES9 plus moderne. Venturi décide donc de produire une nouvelle version de son vaisseau amiral. La marque s’adressera au spécialiste belge Alvan Motors pour réaliser une version biturbo de l’ES9. Ainsi naquit la 300 Atlantique Biturbo, qui proposait 310 ch rien que cela.
En 1999, 16 versions Biturbo (ainsi que 3 versions BVA, et 3 versions sportives GTR) seront fabriquées. Mais la rapidité d’exécution de cette nouvelle version se fit au détriment de la fiabilité et des réglages : ces premiers (et derniers) clients essuyèrent les plâtres ! Mais le temps pressait à l’époque, il fallait sortir la voiture le plus rapidement possible histoire de relancer la marque, car le marché asiatique s’était retourné, et le propriétaire thailandais n’était plus aussi fringant qu’en 1996. A tel point que fin 1999, la marque dépose à nouveau le bilan, après 67 exemplaires de 300 Atlantique, tous modèles confondus (Monoturbo, Biturbo, BVA et GTR).
Cette fois-ci, malgré des tractations avec de grands constructeurs, notamment français, c’en est fini de Venturi telle qu’on l’a connu pendant 15 ans. Plusieurs offres de reprise sont proposées, mais c’est le monégasque Gildo Pastor Pallanca qui emporte la mise, a minima. La plus grande partie de personnel n’est pas reprise, et l’entreprise déménage à Monaco, pour une nouvelle aventure.
Aujourd’hui, les Venturi 300 Atlantique conservent une côte relativement soutenue, entre 40 et 50 000 euros, due à leur relative rareté et à l’existence d’un noyau d’amateurs éclairés. Grâce à certains spécialistes, les problèmes de la 300 Biturbo ont été réglés, et désormais, il est possible de se faire plaisir avec la dernière GT de la marque française. Je ne vous cache pas que j’aimerai un jour en posséder une et je ne peux que vous conseiller d’investir, mais suis-je objectif ?
Lire aussi: Visite de l’usine Venturi à l’époque de la 300 Atlantique Biturbo
En savoir plus: Communauté Venturi