Venturi rachetée par PSA ? c'était une possibilité en 1999, restée sans suite
Le milieu des années 90 est une période sombre pour l’automobile de sport française. Après un feu d’articifice (un chant du cygne) avec les Venturi 200/210, 260, 400 puis 300 (lire aussi : L’aventure Venturi), l’Alpine A610 (lire aussi : Alpine A610), les Mega Track (lire aussi : Mega Track) et Monte Carlo (lire aussi : Mega Monte Carlo) et bien d’autres modèles de grande (Safrane Biturbo, 405 T16) ou petite série, 1995 sonne le glas avec l’annonce de l’arrêt de l’Alpine A610 et de la disparition de la marque. Cette même année, Venturi est lâchée par ses banques malgré un redressement spectaculaire opéré par Hubert O’Neil, est doit déposer le bilan. Hommell vivote (lire aussi: Hommell Berlinette), et De La Chapelle peine à lancer son Roadster (lire aussi : De La Chapelle Roadster). L’heure n’est plus à la fête.
Pour Venturi, la solution (temporaire) vient d’Asie, avec un rachat par le groupe de distribution automobile de luxe Nakarin Benz, avec une idée simple : développer les ventes de la marque en Asie grâce au réseau de son nouveau propriétaire et à une 300 Atlantique (qui troquera en 1999 son PRV contre un V6 ES9/L7 d’origine PSA/Renault et modifié par le belge Alvan, pour devenir Biturbo lire aussi : Venturi Atlantique 300) modernisant avec brio (grâce au talent de Gérard Godfroy) le dessin originel.
Si en 1996 l’avenir semble radieux, les espoirs s’effondrent en 1997. Car contre toute attente, l’Asie, et particulièrement la Thailande, va s’enfoncer dans une crise financière sans précédent. Etrange comme les plans les mieux huilés peuvent subir de plein fouet les effets d’une crise financière à l’autre bout du monde. Après des années de croissance à deux chiffres, l’Asie du Sud Est s’effondre après la quasi-faillite de l’Etat Thailandais, et sa tentative désespéré de maintenir sa monnaie (le baht)… L’effondrement du baht entraînera dans son sillage toutes les monnaies des pays alentours puis, par ricochet, touchera l’économie réelle avec une baisse drastique du pouvoir d’achat.
L’usine de Couëron, du temps de l’espérance et des participations au MansDans ce contexte, la florissante entreprise Nakarin Benz, spécialisée dans la voiture de luxe, est particulièrement touchée par la crise. Désormais, les moyens manquent, et Nakarin Benz vacillent. Début 1998, les actions Venturi sont transférées dans une filiale australienne de Nakarin Benz, Auto Americas (spécialisée dans l’import de 4×4 américains en Australie). Un tour de passe passe destiné à protéger la filiale française de la crise subie par sa maison mère. Un investissement de 6 millions de francs par Auto Americas. Un financement qui finalement ne viendra jamais.
Michael Bishop, directeur général de Venturi depuis 1996, dit un peu partout sa confiance dans l’avenir, avec l’arrivée de l’Atlantique Biturbo présentée en 1998, et envisage 100 véhicules par an. Pourtant, il sait très bien que sans financement, sur un marché difficile pour les marques de luxe en général et pour Venturi en particulier, avec un actionnaire qui n’a plus les moyens de ses ambitions, il faudra trouver un nouveau partenaire : et pourquoi pas un grand constructeur français ?
Un Coupé 406 dans sa configuration Export Japon…. Imaginez une version sportive siglée Peugeot-Venturi ?C’est dans le numéro 1 du regretté magazine Auto Live que la nouvelle est révélée début 1999 : selon Michael Bishop, Venturi serait en contact avec PSA en vu d’un rapprochement. Ainsi déclarait-il à l’époque :
« l’avenir de Venturi passe par des études d’ingénierie pour d’autres constructeurs, et surtout par un rapprochement avec un grand constructeur. Peugeot est celui que nous avons rencontré au dernier Mondial de l’Auto à Paris (ndlr : 1998) et depuis nous sommes en discussion ».
Au moment de l’interview, un modèle bâché était visible dans le hall de l’usine de Couëron, ressemblant (selon le journaliste) dans sa ligne au coupé Peugeot 406. Venturi travaillait-elle à modifier les trains roulants du Coupé 406 pour le rendre plus sportif ? S’agissait-il d’y implanter un V6 ES9 retravaillé à la sauce Venturi ? Rien ne filtrera plus jamais sur les relations entre Peugeot et Venturi. D’ailleurs, les discussions finiront pas s’arrêter sans déboucher sur quoi que ce soit, et Venturi sera déclarée en faillite en 2000, puis rachetée au rabais par Gildo Pallanca Pastor.
Avouez en tout cas qu’un Coupé 406 revu et corrigé à la sauce Venturi, et plus accessible qu’une 300 Atlantique, ça aurait eu de la gueule. Malheureusement, PSA ne rachètera jamais Venturi (en avait-il vraiment l’ambition ou bien était-ce une tentative de bluff du boss de la petite firme nantaise?), et la firme désormais s’engagera vers l’aventure électrique, pour finir par arrêter toute production automobile en 2016, malgré quelques ventes symboliques de la Fétish signée Sacha Lakic. A l’heure de la renaissance d’Alpine, peut-être cet article redonnera des idées à Peugeot et à Carlos Tavares ?
En prime, voici la vidéo parue dans Auto Live (sur le CD-Rom distribué dans le magazine): on y voit la fameuse auto bâchée:
Photos: Dom44, Communauté Venturi et DR