Saab Calibra : un coupé Opel siglé du Griffon pour les USA ?
A la toute fin des années 80, la situation du Groupe General Motors est au beau fixe : les marques américaines du groupe proposent des gammes relativement cohérentes, où les nouveautés (Buick Regal, Chevrolet Lumina, Pontiac Trans Sport, lire aussi : Trans Sport) côtoient les valeurs sûres « à l’américaine » comme la Cadillac Brougham. Il y a certes quelques ombres au tableau, comme la Cadillac Allanté (lire aussi : Allanté) mais le Groupe se défend bien. En Europe, GM s’est offert le petit artisan anglais Lotus, et sa filiale Opel sort enfin de sa léthargie grâce au lancement réussi de la Vectra. C’est dans ce contexte que GM décide de s’offrir 50 % en 1989 du constructeur suédois Saab, histoire de s’offrir un nouveau label décalé autant présent en Europe qu’aux USA !
Au même moment, pour conforter le succès de la Vectra, Opel lance, fin 1989, l’étonnant coupé Calibra, à la ligne épurée, effilée, au CX record malgré 4 vraies places (lire aussi : Opel Calibra). Certes, c’est une traction, comme la Vectra dont elle dérive, mais elle va (à l’époque) dans le sens de l’histoire, mais surtout, elle offre en compensation la transmission intégrale pour qui le désire.
L’accord signé avec Saab et le lancement réussi de la Calibra donnent alors des idées aux dirigeants de General Motors : et si on profitait de l’occasion pour élargir le marché potentiel du grand coupé allemand aux USA pour aller titiller la Ford Probe 1ère génération, et les coupés japonais de l’époque comme la Nissan 200 SX, la Toyota Celica 2000 GT, ou la Mitsubishi Eclipse ? Problème, la Calibra est très européenne dans ses gènes, et s’intégrerait mal dans les showrooms des marques du groupe. C’est alors que germe l’idée d’utiliser le réseau Saab aux USA pour distribuer ce nouveau coupé. Pour plus de cohérence, un logo Saab et sans doute quelques retouches esthétiques seront nécessaires, certes, mais dans les états-majors, à Détroit comme à Tröllhättan, l’idée ne semble pas saugrenue.
D’autant que, devant le succès du coupé Calibra en Europe, il est vite envisagé d’avoir recours au constructeur finlandais Valmet (lire aussi : Valmet), partenaire historique de Saab, pour assembler une partie des Calibra aux côtés des 900 Cabriolets destinés en grande partie à l’Amériqe (lire aussi : Saab 900 Cabriolet). Le 30 juin 1990, les choses semblent bien avancées, puisqu’un article paraît dans le journal « The News », décrivant les opérations dans le détail (lire aussi : l’article de The News par Richard Johnson).
A partir de fin 1990, une grande partie des Calibra est fabriquée aux côtés des Saab 900 Cabriolet en Finlande, chez ValmetOn y apprend que fin 1990, la décision sera prise de commercialiser ou non la Calibra sous la marque Saab aux USA. Le président d’Opel, Louis Hugues, confirme réfléchir à l’importation de la Calibra aux Etats-Unis, certainement avec l’aide de Saab, et cela grâce à l’augmentation des capacités de production procurée par l’accord avec Valmet. On y apprend, encore, que la réflexion est bien avancée, même si certains, chez Saab, craignent d’y perdre leur âme alors qu’on prépare déjà la future 900 dite NG sur une base de Vectra, certes très modifiée (lire aussi : Saab 900 NG).
La 900 NG 3 portes apparue en 1993 serait rentrée en concurrence avec une Calibra badgée SaabEn outre, dès le débuts des études de la Calibra, une option « cabriolet » a été envisagée. Cette idée durera longtemps puisqu’en 1992, un prototype sera présenté par Valmet justement. Pourtant, l’option d’une Calibra américaine badgée du griffon tombera à l’eau. A l’époque, Saab n’est pas intégrée au groupe GM (qui n’en possède que 50 % et n’en prendra le contrôle total qu’en 2000), et les réticences sont encore grande à l’idée d’une Saab non développée en interne et juste badgée. On craint pour l’image de la marque, mais aussi d’une concurrence interne avec la future 900 NG 3 portes, qui se la joue coupé 4/5 places, et de son dérivé cabriolet. Il y a en outre un autre problème, paradoxal : le sucès de la Calibra, produite dès 1991 à plus de 67 000 exemplaires contre 29 000 l’année précédente : on atteint alors les limites des capacités de production du modèle. Enfin, on s’aperçoit qu’avec un logo Saab, la Calibra serait automatiquement comparée non pas aux japonaises, mais à la nouvelle BMW E36 Coupé par exemple.
Proposition d’une Calibra Cabriolet signée Valmet, en 1992L’idée restera dans les placards, et on n’entendra plus parler d’une voiture déguisée en Saab avant les années 2000 et les Saab 9-2X (lire aussi : 9-2X) 9-7X (lire aussi : 9-7X), deux échecs retentissants. Cependant, les qualités de la Calibra et l’habileté du designer Bjorn Envall laissent quelques regrets : une version au style suédois, dénommée Sonett par exemple (en hommage au coupé suédois des années 60/70, lire aussi : Sonett), dotée des 4 roues motrices développées avec l’autrichien Steyr et du moteur Opel 2 litres turbo de 204 chevaux, ça aurait pu avoir de la gueule non ?