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Gurgel XEF : mini-mercos pour riches brésiliens

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 30/10/2017

Des petites, des grosses, des longues, des courtes, des sportives ou des tout-terrain, fonctionnant à l’essence ou à l’alcool : non il ne s’agit pas d’une chanson de Pierre Perret mais bien d’un inventaire de l’automobile brésilienne, une mine pour un site comme Boîtier Rouge (vous pouvez découvrir toutes les voitures brésiliennes de Boîtier Rouge). Aujourd’hui, on s’attaque à une drôle de petite voiture qui singeait pourtant les plus grandes : la Gurgel XEF.

Le Gurgel X12 au début des années 80

Si le Brésil a connu autant de petites marques, ou de tentatives, c’est parce que, jusqu’à la fin des années 80, les taxes à l’importation étaient si élevées qu’il fallait vraiment être très riche pour s’offrir une européenne. Voilà pourquoi des marques comme Volkswagen, Ford ou Fiat se sont implantées dès les années 60 au Brésil : pour profiter d’un marché large et en croissance régulière et d’une base industrielle pour conquérir l’Amérique Latine.

La GTA, prototype du XEF présenté en 1981

Joao Augusto Conrado d’Amaral Gurgel (oui c’est son nom) avait lancé dans les années 1970 sa petite entreprise, sur le créneau des petits utilitaires avec ses X12 (qui seront produits jusqu’en 1995 dans leur évolution Tocantins, j’y reviendrai). Le succès fut tel qu’au début des années 80, l’entreprise employait 272 salariés, et produisait 10 modèles différents de X12, Xavante, X15, X20, ou d’Itaipu E400, des utlitaires et/ou petites Jeep qui se vendaient comme des petits pains (enfin toutes proportions gardées, puisque le record des ventes annuelles de 1991 s’établira à 3746 voitures… Au début des années 80, la firme vendait entre 1500 et 2000 véhicules par an).

Malgré ces succès dans l’utilitaire, le rêve secret de Gurgel restait de percer dans la voiture grand public destinée aux particulier. Contrairement à d’autres, il ne fantasmait pas sur une sportive portant son patronyme, mais pensait qu’une petite voiture rigolote et pratique pouvait être valorisante et favoriser la motorisation du pays. En 1981, au Salon de Sao Paulo, Gurgel va présenter sa vision de la voiture populaire brésilienne : la GTA, qui deviendra l’année suivante la XEF.

Le châssis, maison, provient du X12, mais comme pour les autres modèles Gurgel, les organes mécaniques viennent du géant Volkswagen, permettant d’abaisser les coûts et de rendre l’entretien facile. Ainsi la XEF utilise des suspensions de VW Fusca, et le moteur est un 1600 lui aussi allemand, refroidi par air, et proposé en deux versions : carburateur simple, essence et 48 chevaux ou double carbu, alcool (hic) et 56 chevaux (et en prime plus de couple). Bon, contrairement à d’autres minicar, la XEF n’était pas totalement en fibre de verre, mais en « Plasteel », typique de Gurgel, un mélange d’acier et de fibre : résultat, avec un poids de 800 kg, que ce soit avec le 1600 alcool ou essence, c’était un peu limite !

Stylistiquement, on sent une autre influence allemande, plus étoilée : la XEF ressemble très franchement (et ostensiblement) à une Mercedes SL R107 (lire aussi : Mercedes SL R107) ou bien aux grands coupés SEC. La référence à Mercedes-Benz est totalement assumée par Gurgel, qui veut que sa XEF soit valorisante. La XEF, en fait, se veut une mini-mercos, et c’est plutôt rigolo, à défaut d’être beau. Et puis, une voiture tricorps de 3,12 mètres, c’est rare non ?

Seul un exemplaire sera fabriqué en 1982. Ce n’est qu’en 1983 que la production débute vraiment, avec 37 XEF produites (19 à alcool contre 18 à essence). En 1984, les chiffres tombent à 33 modèles (dont 24 à l’alcool), puis remontent à 41 en 85 (dont 24 à l’alcool) puis à nouveau 33 en 1986, dernière année de production (dont 20 à l’alcool). Au total, seuls 145 exemplaires seront assemblés et vendus par Gurgel, ce qui en fait un modèle particulièrement rare (plus rare qu’une SL R107 en tout cas). Il faut dire qu’avec un tarif de 7,6 millions de cruzeiros (à l’époque), la voiture n’était pas spécialement bon marché.

Aujourd’hui, malgré sa rareté, elle reste relativement abordable en collection. Avec son air de mini R107, elle ira très bien avec votre « mini-928 » Dacon 828 (lire aussi : Dacon 828). Ces deux-là se marieront très bien avec votre récente Aston Martin Cygnet (lire aussi : Aston Martin Cygnet).

Images: DR et Quatro Rodas

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