Volvo P1800 : le coupé scandinavo-italo-britannique
A force de voir Simon Templar au volant de sa P1800S, j’ai longtemps cru que ce coupé élégant était britannique. Je n’avais pas totalement tort (sans le savoir), mais le S indique bien sa nationalité (Suède) tout comme sa marque : Volvo.
Afin de conquérir le nouveau monde, et pour enfoncer le clou de ses modèles de plus en plus sportifs (si si, la 122 S par exemple), Volvo veut proposer à sa clientèle un coupé en même temps sportif et bourgeois. Il s’agit aussi de promouvoir l’image de Volvo que l’étrange cabriolet P1900 n’avait pas vraiment aidé.
Une P1800 (sans S) fabriquée par Jensen en AngleterreVolvo s’était de tout façon déjà engagé dans cette voie, avec plus ou moins de succès, en lançant la P1900, qui comme son nom ne l’indique pas, était antérieure à la P1800 (lire aussi: Volvo P1900): un joli cabriolet plutôt fin et élégant, mais qui ne trouvera pas son public.
Si Volvo est une marque nordique, elle cherche en ce début des sixties une touche latine qui lui manque encore, et s’adresse au carrossier italien Frua. Comble du comble, le dessin proposé (et choisi par Volvo) est l’oeuvre d’un des designers de Frua, un certain Peterson. Plus suédois tu meurs, et surtout, c’est le fils du designer des Volvo PV544 et P1900 (lire aussi: Volvo P1900). Comme quoi !
Basée sur la Volvo Amazon, la P1800 se présente sous la forme d’un coupé élancé, à la hauteur de caisse significative et au poste de pilotage réduit à sa portion congrue. Cela dit, difficile de trouver un reproche esthétique à faire à ce coupé qu’on croirait fait sur mesure pour le swinging London. C’est d’ailleurs en Angleterre que la P1800 est fabriquée, du moins au début. Présentée en 1960, elle sera construite à West Bromwich, dans les ateliers de Jensen, jusqu’en 1963 (lire aussi: Jensen Interceptor). La qualité britannique laissant à désirer, Volvo rapatrie la production en Suède. La P1800 y gagne son S, différenciant les modèles produits en Albion et ceux d’origine Scandinave.
En 1972, et jusqu’en 1973 (date de la fin de production), la P1800 ES proposera une intéressante alternative : le break de chasse, à la façon d’Aston Martin (lire aussi: Aston Martin DB5 Shooting Brake et Vantage Shooting Brake) ou de Reliant (lire aussi: Reliant et Middlebridge GTE). La P1800 (sans S, avec S ou ES) sera motorisée par un 4 cylindres Volvo de 1,8 litres (d’où son nom), proposé en plusieurs puissance en fonction des années (90 ch au début, puis 96, 103, 105, 120 pour finir à 124 ch dans les dernières versions).
La ligne particulière (et particulièrement attachante), son originalité, sa sportivité, sa promotion par Roger Moore et le Saint, son audacieuse version break de chasse, tout contribue à faire de la P1800 un objet désirable. Au total, plus de 47 000 exemplaires seront fabriqués en version coupé, et 8000 en version break. Seuls 6000 exemplaires proviennent de chez Jensen.
Aujourd’hui, un coupé se négocie aux alentours de 15 000 euros en bon état. Les modèles Jensen sont moins fiables, mais plus recherchés, et coûteront forcément plus cher (à l’achat comme à l’entretien). Mais ils sont d’autant plus intéressants qu’ils inaugurent la série, et sont l’alliance de 3 mondes, l’Italie, l’Angleterre et la Suède. Le break de chasse lui côte encore plus cher.
Pour l’anecdote, la P1800S fut la voiture de Frédéric Taddeï du temps ou il animait l’émission cultre de Paris Première, Paris Dernière.