Volvo ou l'arnaque aux 1000 voitures !
Après 72 heures bien pesantes (ndlr: cet article date des peu de temps après les attentats de janvier à Charlie Hebdo), j’ai cherché une histoire qui puisse détendre l’atmosphère. J’en avais justement une sous le coude depuis longtemps, et j’attendais la bonne occasion pour la sortir. Je pense qu’aujourd’hui l’heure est arrivée de vous parler des Volvo volées par la Corée du Nord ! Je n’ai pas une grande affection pour le dictateur nord-coréen Kim il-Sung, et j’ai un penchant pour la Suède et Volvo, mais la mésaventure des suédois à Pyongyang il y a bientôt 40 ans m’a bien fait rire, je l’avoue.
En 1974, Kim Il Sung dirige d’une main de fer la Corée du Nord et décide de tout, y compris de l’importation d’automobiles. Pour motoriser une partie des pontes du parti, l’ami Kim décide d’investir dans du solide : la Volvo 144 GL fera parfaitement l’affaire. Plutôt qu’une passion subite pour les véhicules suédois, Kim Il-Sung a surtout bénéficié d’une fenêtre de tir et de la cupidité des scandinaves. Pays non aligné, la Suède comptait bien profiter, en effet, de son statut pour commercer avec des pays comme la Corée du Nord et rafler la mise.
Lorsque le leader nord-coréen commande 1000 exemplaires de la 144 GL, le constructeur de Göteborg croit avoir touché le jackpot. Pourtant, dès le départ, cela sent l’arnaque à plein nez, puisqu’il s’agit d’un coup de billard à trois bandes. Associée à d’autres entreprises suédoises, Volvo a livré ses voitures tandis qu’en échange, la Corée du Nord s’engageait à livrer l’équivalent en cuivre et en zinc, qui, une fois revendu sur les marchés, paierait en retour Volvo.
Cette capacité d’échange marchandise se basait sur la foi des prévisions des meilleurs économistes du pays. Vous vous doutez bien que la production de zinc et cuivre ne fut jamais conforme aux prévisions, et jamais un seul morceau de métal ne partira pour la Suède. Au départ, les suédois firent profil bas et tentèrent la négociation, persuadés que le marché nord-coréen pouvait encore s’ouvrir à eux. Mais à partir de 1976, les choses étaient claires : Kim Il Sung ne paierait pas ! Dès lors, chaque année depuis, la Suède présente la note aux autorités nord-coréennes, alourdie des intérêts. Et la Corée du Nord ne paie jamais. Désormais, Kim Jong-Un, le petit fils de Kim Il Sung, continue de faire la sourde oreille : il faut dire que la dette atteint désormais 300 millions d’euros !
Une chose est sûre : Volvo c’est du solide puisqu’il n’est pas rare de croiser dans les rues de Pyongyang l’un des 1000 exemplaires de 144 GL volés à la Suède il y a 40 ans. Désormais, les pontes du régime roulent en Mercedes (payées comptant) et ces Volvo hors d’âge équipent la petite flotte de taxi de la capitale !