Renault LeCar : la Cinq américaine
Renault a parfois de drôles d’idées. Pour commercialiser sa petite Renault 5 aux Etats-Unis à partir de 1976, la marque française, alliée à l’américain AMC (dont elle prendra le contrôle à partir de 1979), choisit de la rebaptiser « Le Car » dans une sorte de franglais incompréhensible tant pour les yankees eux-même que pour nous après-coup ! Il serait cependant injuste d’expliquer l’échec relatif de la LeCar juste par son nom.
Après la crise pétrolière de 1973, l’heure est au downsizing des automobiles américaines. AMC lance dans cette mouvance la Pacer (lire aussi : Vam Pacer), mais Renault veut aller plus loin en tentant d’imposer son best-seller européen, la 5 (et offrir une petite sœur à la Pacer à laquelle elle ressemble beaucoup après avoir été restylée et adaptée au marché américain, notamment les phares). Lors de son lancement en 1976 sur le marché américain, AMC (qui la distribue au travers de ses 1300 dealers) insiste d’ailleurs sur les millions de clients satisfaits en France et en Europe.
La LeCar se veut économique à l’usage (et c’est vrai, en comparaison avec les mastodontes américains, avec un petit 8,8 litres aux 100 km), pas chère (moins qu’une Volkswagen Rabbit, la Golf américaine, sortie à la même époque) et luxueuse car suréquipée par rapport aux versions européennes. Son 1,4 litres de 58 chevaux n’en fait pas un foudre de guerre, mais c’est largement suffisant pour les villes encombrées de la côte Est, Boston ou New York par exemple.
Si le design novateur de la 5 est jugé « craquant » en France, les américains eux la jugent « ugly », mais saluent son ingéniosité, l’espace à bord, sans pour autant se jeter en concession. Malgré une campagne de publicité offensive, la LeCar ne se vend qu’à 6800 exemplaires la première année, autant dire peanuts à l’échelle du marché US. En même temps, elle n’est disponible qu’en 3 portes, ce qui est pénalisant pour une diffusion plus large (la version 5 portes ne sera disponible qu’à partir de 1980). Surtout, la LeCar obtiendra vite une mauvaise réputation : qualité de fabrication médiocre, mais surtout rouille galopante, même dans les endroits désertiques, c’est dire. Sans compter le peu d’enthousiasme des dealers d’AMC à vendre cet ovni automobile, autant dire que l’échec était programmé.
Pourtant, la deuxième crise pétrolière (et un léger relifting) va re-booster les ventes de la petite Le Car qui atteindra un pic en 1982, avec 37 000 exemplaires vendus cette année là. Elle connaîtra aussi son heure de gloire en apparaissant dans la série « L’Agence Tout Risques » et en subissant quelques transformations de la part de Barracuda. Mais l’année 1983 sera la dernière pour la petite 5 devenue LeCar. Renault a entre temps racheté AMC, et s’apprête à lancer non pas une, mais deux remplaçantes, l’Alliance (basée sur le R9) et l’Encore (basée sur la R11), fabriquées elles directement aux Etats-Unis dans le Wisconsin (lire aussi : Renault Alliance et Encore).
Entre 1976 et 1983, 182 000 Renault seront vendues outre-Atlantique (LeCar, Fuego , R17, R18), mais je n’ai pas le nombre exacte de LeCar vendues au total. Sachez qu’elle est devenue rare tant aux Etats-Unis qu’au Canada, notamment à cause de la rouille, mais on en trouve encore à vendre sur les sites d’annonces américains. Vous en trouverez aussi en France, car certains en ont importé à titre isolé, voire carrément racheté à l’usine.
Sinon, vous pouvez toujours vous rabattre sur la série spéciale « Le Car » commercialisée en 1978 pour « fêter » les «succès » américains ! La Renault 5 LeCar n’est pas une LeCar, mais bien une 5 européenne décorée comme une LeCar (et dont Heuliez en fera une série très spéciale, lire aussi: Renault 5 LeCar Van Heuliez). En tout, 14 000 exemplaires de cette série spéciale seront écoulés en Europe, dont 6000 en France (numérotés).