Peugeot 504 Loisirs : le "Rancho" d'Heuliez
A la fin des années 70, en France, on a pas de pétrole mais on a des idées. C’est ainsi que Matra, allié à Simca, avait flairé le bon filon : transformer un véhicule utilitaire en véhicule de loisir, sorte de SUV avec 20 ans d’avance, et donner naissance à une voiture iconique pour ceux de ma génération, la Rancho (lire aussi : Matra-Simca-Talbot Rancho). Du côté d’Heuliez, on commence sérieusement à proposer aux constructeurs de tout bord des prototypes pouvant déboucher sur une production en petite série. Le rachat de Chrysler-Europe par PSA en cours de finalisation va donner des idées au carrossier des Deux-Sèvres : offrir sur un plateau un équivalent au Rancho, soit pour le remplacer, soit pour le compléter chez Peugeot. En 1979, Heuliez dévoile donc la Peugeot 504 Loisirs.
Parfois, pas besoin d’aller chercher bien loin les idées. Pour la 504 Loisirs, Heuliez va s’inspirer de la technique du Rancho lancé deux ans plus tôt. Celui-ci était dérivé de l’utilitaire Simca VF2. La 504 Loisirs va elle prendre pour base le Pick Up 504, connu pour sa robustesse. Certes, la 504 n’est pas « moderne », puisqu’elle date de 1968 (lire aussi : Peugeot 504), et en 1979 sortait sa remplaçante, la 505. Mais le Pick Up était toujours dans le coup, et venait de recevoir un léger restylage et s’apprêtait à recevoir de nouveaux moteurs essence. Il durera, mine de rien, jusqu’en 1996 en France (et bien plus ailleurs).
Bref, voilà donc une base intéressante, pas encore dépassée, largement amortie, et dont la benne arrière est facilement transformable pour ce type de projet. Il suffit juste de concevoir une cellule arrière indépendante à structure métallique, habillée de polyester et de larges vitres, et de la placer sur le châssis. L’intérêt de la 504 est qu’elle est aussi plus longue que la base Simca du Rancho, offrant ainsi un potentiel d’espace encore plus important !
La 504 Loisirs ouvre de nouveaux marchés : celui des loisirs justement, et du « faux baroudeur ». Pas de transmission intégrale (Dangel ne lancera sa production de Pick Up 4×4 qu’en 1981, lire aussi: 504 4×4 Dangel) mais des artifices pour se la jouer : projecteurs additionnels sur le capot, grillage sur les phares avant, gros pneus et inserts de bois un peu partout à l’intérieur. Sous le capot, un Indénor XD88 de 1948 cm3 et 57 chevaux (impressionnant n’est-ce pas?).
A cette époque, et durant les années 80, Heuliez proposera de nombreux concepts, souvent refusés, parfois acceptés. La 504 Loisirs fit partie des recalées ! Peugeot avait sans doute d’autres chats à fouetter après le rachat difficile de Chrysler Europe (lire aussi : l’histoire du rachat de Chrysler Europe). Et puis le Rancho suffisait amplement comme véhicule de niche. La 504 Loisirs restera donc dans les réserves du constructeur picto-charentais jusqu’en… 2012.
Cette année-là, pour la deuxième fois, Heuliez doit vendre ses bijoux de famille pour sauver (temporairement) sa peau. Il confie à Artcurial le soin de vendre le reste de ses réserves, dont cette 504 Loisirs n’ayant que 130 km au compteur, et à l’état presque neuf. Estimée entre 10 et 20 000 euros, elle partira à 8235 euros. Bien loin de son estimation certes, mais l’acheteur n’est pas un inconnu, puisqu’il s’agit du Musée Peugeot ! Désormais, c’est donc au Musée de l’Aventure Peugeot à Sochaux qu’on peut admirer cette 504 Loisirs.