CLASSICS
FRANÇAISE
PANHARD

Panhard Dyna Z : l’élégante du quai d’Ivry

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 09/12/2019

Lorsqu’en 1946 la firme Panhard reprend la production automobile, c’est avec une Dyna X certes innovante avec sa carrosserie en aluminium, mais au style controversé, voire même alambiqué au point de recevoir le surnom de “style Louis XV”. Le plan Pons lui a attribué le créneau des petites voitures, mais dès le début des années 50, la firme doyenne cherche à élargir sa clientèle avec une voiture un peu plus vaste tout en conservant légèreté et performance malgré un modeste bi-cylindre sous le capot : cette quadrature du cercle prendra le nom de Dyna Z, présentée en 1953.

Pour survivre en cet immédiat après-guerre où les positions sont mouvantes, les capitaux manquants et les outils industriels souvent délabrés, il faut, selon la famille Panhard encore aux commandes du constructeur du quai d’Ivry, rester à la pointe du progrès et innover. Pour compenser la pénurie d’acier, Panhard va faire appel à l’aluminium (en rachetant le concept de l’ingénieur Grégoire) permettant, en outre, d’alléger les modèles qui, dès lors, consomment peu et conservent leurs dynamisme. La Dyna X est conçue sur ces principes, mais son style signé Louis Bonnier a un défaut selon Paul Panhard et son fils Jean : une aérodynamique de commode Louis XV justement !

Aérodynamique et légèreté

Dès 1948, Panhard innove encore en étudiant en soufflerie son prototype Dynavia ! Ces travaux serviront ensuite pour concevoir la Dyna Z. Cette dernière fait d’ailleurs sensation en juin 1953 lorsqu’elle est présentée à la presse. Sa carrosserie en aluminium est élégante et tranche avec celle de sa devancière. Tout en arrondi, elle offre un cX, exceptionnel pour l’époque, de 0,26, ce qui lui permet de ne consommer que 6 litres aux 100 km tout en transportant 6 passagers. Pourtant, on ne trouve sous le capot qu’un modeste bicylindre de 851 cc développant 42 chevaux issu de la Dyna X (il passe à 50 chevaux dans sa version Tigre).

Les installations industrielles de l’avenue d’Ivry, à Paris, obligent aussi à innover : la chaîne de montage s’établit sur plusieurs étages. La Dyna Z est donc le résultat de l’assemblage de plusieurs modules sur la base qu’est le châssis. Les carrosseries en Duralinox arrivent, elles, de chez Chausson. En ce début des années 50, la Dyna Z est particulièrement moderne et surtout très séduisante. Tout laisse penser qu’elle sera un succès commercial sans précédent pour Panhard.

Des problèmes de fiabilité et de coûts

Pourtant, les choses ne sont pas si simples. Malgré le succès d’estime au lancement, la Dyna Z souffre de défauts rédhibitoires : une finition aléatoire, une étanchéité toute relative et une mécanique pointue et parfois fragile (vue sa cylindrée et son important rendement). En outre, on s’aperçoit rapidement que les coûts de la carrosserie Duralinox ont été sous-évalués. Dès 1956, il faut passer à un mix Duralinox/Acier puis, en 1957, au tout acier. Avec ces changements, la Dyna Z passe de 710 kg à 875 kg, perdant un peu de son avantage. En outre, en 1956 paraît une rivale de taille : la Renault Dauphine. Moins performante et moins habitable, elle coûte moins cher et dispose d’un réseau commercial plus important tout en bénéficiant d’une ligne attrayante.

En 1957, Panhard élargit la gamme Dyna Z en lançant une séduisante version cabriolet, suite à l’initiative de l’importateur belge d’Ieteren, reprise à son compte par l’usine. En 1958, une version sobrement appelée D65 ajoute la corde utilitaire à l’arc de Panhard. Ces deux versions sont rares pour une simple et bonne raison : la descendance se prépare avec la PL17, qui finit par remplacer la Z en 1959. Au total, 139 065 berlines, 548 cabriolets et 1 735 D65 auront été produits entre 1954 et 1960. 

Citroën au capital

La Dyna Z n’aura cependant pas permis à Panhard de conserver son indépendance. Dès 1955, la marque doyenne fait rentrer Citroën au capital à hauteur de 25 % pour pallier les déboires de son lancement et le surcoût de sa carrosserie. En 1958, la firme de Javel montait à 45 % (elle rachètera l’intégralité de l’entreprise en 1965). Alors que la Dyna Z aurait été un parfait complément de la gamme Citroën et que les réseaux commerciaux avaient fusionné dès 1956, Jean Bercot se désintéressa de Panhard, préférant n’y voir qu’un moyen de produire des 2CV fourgonnettes dont Citroën peinait à suivre la demande. 

Le rare cabriolet Dyna Z, qui sera remplacé par une version PL17

La Z est donc une occasion ratée, tant pour Panhard que pour Citroën. La PL17 qui lui succède n’est qu’un habile restylage, mais se retrouve rapidement en concurrence avec une Ami6 tandis que le coupé 24 devra se contenter d’un marché de niche. Reste aujourd’hui une voiture séduisante reconnue pour ses qualités et plaisante par son dynamisme étonnant pour une voiture de cette époque. Sans aller chercher un rare cabriolet, c’est un bon moyen d’entrer dans la communauté Panhard avant d’élargir ses choix, peut-être, aux rares Dyna Junior ou aux très classes 24 !

Carjager vous recommande

undefined
Panhard CD Coupé : un bicylindre pas comme les autres
Conduire une voiture de course, ayant participé aux 24 heures du Mans, profilée comme un avion, française de surcroît et pourtant équipée d’un modeste bicylindre de seulement 848 cc, c’est possible : il suffit juste de se mettre en quête d’une rare Panhard CD Coupé, héritière des DB HBR5 des années 50 et fruit du schisme entre Charles Deutsch et René Bonnet. Avec son Cx record et malgré un physique pas forcément facile, la CD Coupé aura séduit les jeunes garçons de l’époque. Retour sur son histoire.
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 30/08/2022
Lire la suite
undefined
Panhard 24 : un tigre dans votre moteur.
En 1963 paraît une nouvelle automobile que j’affectionne tout particulièrement. Fabriquée à Paris, avenue de la Porte d’Ivry, par la doyenne des marques automobiles françaises, la Panhard 24 marque les esprits à sa sortie par son look équilibré et très moderne pour l’époque. Ce coupé 4 places, disponibles en deux longueurs (C, à empattement court, et B à empattement long), est élégant et pur, et surtout, s’offre un Tigre sous le capot.
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 03/08/2022
Lire la suite
undefined
Panhard 24 CT : quand le tigre miaule
Au début des années 1960, Panhard se maintient tant bien que mal avec une gamme pauvre et quelque peu bricolée. La firme du quai d’Ivry joue alors sa dernière carte en lançant de nouveaux modèles avant-gardistes censés régénérer l’âme du constructeur et le sortir de l’impasse. À tendance sportive et raffinée, la 24 CT devait représenter la nouvelle dynamique de Panhard. Après un court enthousiasme, les ventes dégringolent et la doyenne des marques françaises meurt poignardée par des chevrons finement affûtés.
Aurélien Charle - 01/08/2022
Lire la suite

Vendre avec CarJager ?