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Citroën Saxo VTS 1.6 16v : la discrète petite bombe

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 18/09/2020

Malgré une AX si réussie qu’elle perdurera jusqu’en 1996, il fallait bien trouver une remplaçante au bas de la gamme Citroën, tant le poids des ans commençait à devenir évident. Peugeot avait déjà renouvelé en partie sa gamme de citadines en lançant la 106 en 1991. Cinq ans plus tard, c’était au tour de la Saxo de prendre la relève sur une base technique quasiment identique. Toujours convaincus que les deux constructeurs du groupe PSA, Peugeot et Citroën, devaient rester généralistes, les dirigeants décidèrent de construire la gamme Saxo en miroir de celle de la 106, bien qu’un peu plus accessible. Dans cette logique, il fut décidé que la 106 XSi devenue S16 aurait son équivalent chez Citroën en la personne de la Saxo VTS 1.6 16v.

Les citroënistes nostalgiques de la “Grande Époque”, celle des DSID, 2CV, AmiGS et SM vous diront toujours que Peugeot a tué leur marque en rachetant les Chevrons en 1974. En vérité, l’amour rend aveugle car, non seulement Citroën fut sauvée d’une faillite certaine, mais en plus sa gamme fut développée comme jamais auparavant, tout en atteignant des chiffres de vente impensables du temps de Michelin. Pour cela, il fallut la persévérance d’un Xavier Karcher, directeur de la marque et attaché à la spécificité Citroën, tout en concédant à l’évidente nécessité de plates-formes et composants communs avec la désormais marque soeur Peugeot. Certes, les premiers temps donnèrent naissance à des produits un peu copiés-collés comme la LN puis LNA, étroitement dérivée de la Peugeot 104 (mais conservant son bicylindre sur certaines versions), puis la Visa (qui préservait cependant un design atypique dans la pure veine Citroën). Cependant, rapidement de nouveaux modèles montrèrent la voie d’un positionnement fidèle, avec notamment la BX puis la XM.

Les toutes premières VTS n’étaient disponible qu’avec le 16 soupapes mais sans logo distinctif comme les modèles suivant

Héritière d’une AX surdouée

L’AX, quant à elle, réussira là où le duo LN/LNA échoua : s’approprier une base PSA pour en tirer une spécificité Citroën. Face à une 205 hégémonique et séduisante, il fallait proposer autre chose. Dans l’idée d’une gamme plus accessible que celle de Peugeot, l’équipe de Xavier Karcher décida d’en faire un modèle d’économie, privilégiant la légèreté face à l’embourgeoisement. En soi, c’était une sorte de poursuite d’une tradition initiée par la 2CV en 1949 : une voiture essentielle. Légère, économique à l’achat, frugale à la consommation, elle offrait notamment aux jeunes l’accès à l’automobile sans oublier les instincts sportifs. Rapidement, la petite puce s’étoffa de versions dynamisées comme l’AX Sport ou l’AX GTi, proposant une vision plus proche de la 205 Rallye que de la 205 GTi devenue plus bourgeoise. L’AX dans son ensemble était intrinsèquement réussie, au point de remplacer d’abord la LNA, puis de tuer l’Axel, la Visa et enfin la 2CV qui tirera sa révérence la dernière en 1990.

Bref, contrairement aux idées reçues, Citroën n’était pas le parent pauvre du groupe PSA : la BX étrenna la base qui servit ensuite à la 405, la XM fut lancée quelques semaines avant la 605, quand la ZX prêtera son châssis à la 306. En outre, Citroën conservait, à l’époque, l’exclusivité d’une suspension hydraulique conservant encore de nombreux adeptes. Revers de la médaille : l’exceptionnelle réussite de l’AX repoussa la succession bien plus tard. La 106 (renouvelant en partie la 205) vit le jour cinq ans avant la Saxo qui dut patienter jusqu’en 1996. Cette dernière bénéficiait cependant des progrès de sa soeur féline qui, à l’époque, passait en phase 2. Commercialisée en février de cette année-là, la Saxo conserve tout d’abord le positionnement de l’AX : une voiture plus accessible que la 106, moins bourgeoise, mais bénéficiant d’une base technique identique.

Dérivée de la 106, mais avec sa propre personnalité

Rapidement cependant, les déclinaisons plus “sexy” firent leur apparition. En mai 1996 apparaissait la Saxo VTR (Véhicule Tonique Routier, cela ne s’invente pas) dotée du TU5JPL3 1.6 litre à 8 soupapes de 90 chevaux. De quoi commencer à s’amuser, d’autant qu’elle comportait une parure plus agressive que la Saxo classique. Mais quitte à s’offrir une locomotive, autant y aller à fond et Citroën dévoilait en juillet de la même année une VTS (Véhicule Tonique Sportif) dotée d’une déclinaison à 16 soupapes (TU5J4L3) portée à 120 chevaux. Pas mal pour une voiture restant sous la barre fatidique de la tonne (980 kg) et au châssis très réussi, retravaillé par rapport au reste de la gamme, et commun à la VTR moins puissante.

Fin 1997, Citroën décidait de réorganiser sa gamme “sportive” à l’occasion d’un léger restylage. Adieu la dénomination VTR, place désormais à trois VTS : l’une d’entrée de gamme, grimée en sportive comme ses soeurs mais limitée au 1.4 de 75 chevaux (qui servira de base à la VTS “Bic”), l’autre de milieu de gamme reprenant le 1.6 8 soupapes et enfin la dernière reprenant le logo 16v de la ZX 16v “167” et conservant son 16 soupapes de 120 chevaux. Citroën jouait ainsi habilement la carte du sport avec sa Saxo, s’adressant à ceux qui, moins fortunés, recherchaient tout de même un peu de respectabilité grâce à un plumage identique.

Une sportive accomplie mais discrète

En 2000, la Saxo recevait un restylage plus conséquent, et les moteurs évoluaient un peu sous le capot des VTS pour plus de modernité. Seul changement “visible”, la VTS 1.6 8 soupapes gagnait dix chevaux (100 au total). La VTS 1.6 16 soupapes, elle, récupérait l’ABS. Malgré le poids des ans, la VTS 16v conservait une certaine cote auprès des jeunes sportifs. A noter qu’en mars 2001, une VTS “New Morning” bi-ton fut proposée sous forme d’une série limitée à 1 000 exemplaires avec les trois motorisations, avec un intérieur spécifique et légèrement moins chère. En 2003, la Saxo laissait sa place au duo C2 et C3.

La série spéciale New Morning fut disponible avec les 3 motorisations

La Saxo VTS 16 soupapes fut une voiture souvent dans l’ombre de la 106 S16 (puis de la 206 S16) mais réussira à convaincre par sa vivacité, son agilité, son moteur rageur et son excellent équilibre. Grâce à un train arrière baladeur, elle permettait d’apprendre les bases d’une petite sportive traction dans une relative sécurité. Certes son look restait passe-partout mais l’ajout de ses pare-chocs et passages de roues plus virils lui donnait une certaine classe qui font son charme aujourd’hui. Moins tape-à-l’oeil que la 106 S16, moins bourgeoise aussi, elle reprenait pour son compte la philosophie de l’AX Sport : une réussite de plus que les puristes préfèrent oublier aujourd’hui pour continuer à dire “c’était mieux avant” (sous-entendu : “avant Peugeot”).

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