Chrysler LeBaron 1986: mon rêve américain !
Ce n’est pas la peine d’essayer de me faire la liste des défauts de la Chrysler LeBaron 3ème du nom, vous n’arriverez pas à la faire descendre de mon panthéon personnel. Il y a des voitures comme cela, qui vous marquent à jamais malgré des moteurs parfois anémiques ou des tenues de route aléatoires, tout simplement parce qu’elles vous vendent du rêve, de l’exotisme, bref, parce qu’elles symbolisent le voyage.
L’arrivée de Lee Iacocca à la tête de Chrysler en provenance de Ford, en 1978, a très certainement sauvé la marque au Pentastar. Après s’être débarrassé des encombrantes filiales européennes (lire aussi : Histoire du rachat de Chrysler Europe par Peugeot), avoir imposé une meilleure gestion (fini le temps où les stocks s’accumulaient sur les parkings des usines), et surtout avoir relancé Chrysler sur le créneau des compactes à traction avec la plate-forme K, Lee Iacocca et son état-major peut enfin, à partir de 1982, voir l’avenir sereinement : il n’aura fallu que 4 ans pour redresser le n°3 américain !
La LeBaron qui a touché mon cœur pour toujours n’est pas celle, très quelconque, basée sur cette fameuse plate-forme K et lancée en 1982, mais la suivante, lancée fin 1986 (AM 87) et basée sur la plate-forme J. Tout en gardant ce nom si exotique et français en même temps, naturellement empreint d’une certaine noblesse (fut-elle petite), la 3ème génération des coupés et cabriolets LeBaron sera pour moi le summum de l’américaine moderne.
Tout en gardant ce qui fait la saveur des voitures américaines (équipement pléthorique, tendance au cuir bordeaux, voire blanc, boîte automatique à 3 rapports, puis 4), elle propose une vraie personnalité. Si la LeBaron est immédiatement reconnaissable, elle le doit sans aucun doute à ses phares avant escamotables du plus bel effet. Pour tout dire, c’est uniquement son regard si particulier qui m’a fait l’aimer au départ. Aujourd’hui, les phares escamotables sont passés de mode, mais en cette fin des années 80, ils sont encore un signe distinctif de sportivité (Venturi, Ferrari par exemple) ou de luxe (comme cette Chrysler).
Vous noterez le prix canon de la LeBaron, l’une des raisons de son succès !Aussi donc, rien qu’avec ses phares et ses intérieurs exotiques pour l’européen que je suis, la LeBaron m’avait séduit pour toujours. Pourtant côté moteurs, on était loin de l’extase. Aux Etats-Unis, elle était proposée avec un 4 cylindres 2,5 litres atmo (100 ch, dingue!) ou turbo (146 ch), mais aussi le 2,2 litres turbo (avec intercooler) de 177 ch pour la GTC. L’anémique moteur atmosphérique ne sera jamais importé en France par Sonauto, heureusement. En revanche, on eut malheureusement droit à un improbable V6 3 litres d’origine Mitsubishi (le grand allié de Chrysler à l’époque) qui offrait à son heureux conducteur 136 chevaux paresseux, et qui éclipsera malheureusement la GTC au catalogue français !
Mais le vrai crime de lèse majesté ne sera pas ce V6 qui malgré tout correspondait plutôt bien à la philosophie très « cruising sur Sunset Boulevard », mais bien le restylage de 1993 ! Les stylistes, ces béotiens, crurent malin de retirer à la LeBaron sa signature : adieu les phares escamotables, place à deux optiques quelconques, en forme de sucette. A partir de là, la LeBaron n’a plus aucun intérêt ! Elle restera en fabrication jusqu’en 1994 en coupé, et 1995 en cabriolet, et sera vendue jusqu’en 1996. Au total, 567 000 exemplaires de ce duo de choc (346 000 cabriolets et 221 000 coupés) seront vendus en 10 ans.
La version GTC et ses 177 ch fait particulièrement envie !Aujourd’hui, on trouve un sacré paquet de LeBaron dans les petites annonces du Bon Coin ou d’ailleurs, et surtout à tous les prix. Relativement robuste et fiable, la LeBaron ne connaît surtout que des problèmes, certes enquiquinants mais pas rhédibitoires, d’électricité capricieuse, avec des équipements qui fonctionnent de façon aléatoire au fil des années. De quoi s’arracher les cheveux, devoir descendre de sa voiture au péage de l’autoroute pour cause de vitres électriques bloquées par exemple, mais cela arrive aussi sur la Citroën C5 de ma mère (lire aussi : Citroën C5 mk1).
La restylage de 1993 enlève tout intérêt stylistique à la LeBaron, dommage !En tout cas, pour des tarifs très raisonnables (voire indécents) on peut s’offrir un peu d’Amérique, un habitacle hyper confortable et richement doté, un peu de performance (en version GTC), beaucoup de plaisir (en version cabriolet notamment), et l’assurance de faire tourner les têtes presque aussi sûrement (et même plus) que si vous rouliez dans la version revisitée par Maserati, la Chrysler TC (lire aussi : Chrysler TC by Maserati), conçue pour contrer l’offensive « à l’européenne » de la Cadillac Allanté (lire aussi : Cadillac Allanté).