Chrysler Cordoba : l'american way of life !
Peut-être ne la connaissiez-vous pas, mais pour moi, la Chrysler Cordoba (1ère génération) est représentative de l’automobile américaine des années 70 ! A cette époque, un savant mélange de big blocks (des V8 of course), de « boitauto » 3 vitesses, d’une ligne longue comme une péniche avec seulement deux portes, et d’un luxe à l’américaine fait de chromes, de cuirs et de plastiques clinquants, permettait de sauver un constructeur à la dérive et de truster les charts des ventes de véhicules.
En ce début des années 70, la maison Chrysler n’est pas au mieux : la crise pétrolière de 1973 a fait chuter les ventes des modèles les plus gourmands, et il faut songer à proposer des voitures plus dans l’air du temps. Toute proportion gardée, la Cordoba, qui sortira en 1975, sera la réponse de Chrysler, la présentant comme la « nouvelle petite voiture », rien que cela, tout en restant sur le marché des « luxury cars ». En fait de petite voiture, elle s’équipe surtout de V8 plus petits et moins gloutons, des moteurs allant de 318ci à 400ci (ce qui en comparaison, peut être considéré comme du downsizing.
En revanche, côté look, on reste dans la tradition américaine du clinquant, du grand, du long, et du luxe un peu cheap, Chrysler oblige. Pour ceux qui voulaient payer (un peu) moins cher et bénéficier d’une image plus sportive, ils pouvaient toujours se tourner vers sa sœur jumelle Dodge Charger SE, qui connut pourtant un succès bien moindre (moins bien équipée, elle ne coûtait pas beaucoup moins cher qu’une Cordoba).
Dès son lancement, la Cordoba est un succès, sauvant même Chrysler de la faillite. Dès 1975, il s’en vend 150 000 exemplaires. L’année suivante, les ventes baissent un peu (avec 120 000 exemplaires), mais se redressent en 1977 avec 183 146 exemplaires, presque la moitié de la production totale de Chrysler ! Les ventes retomberont à 120 000 exemplaires en 1978, et 88 000 exemplaires en 1979, pour un total de 666 553 exemplaires en 5 ans seulement. Pas mal non ? La nouvelle Cordoba lancée en 1980 n’arrivera jamais à dépasser les 50 000 exemplaires. Il faut dire que dans la gamme Chrysler se trouvait désormais la petite LeBaron, autre grand succès de la marque qui étouffa un peu la nouvelle mouture.
Avec la Cordoba, on peut distinguer deux séries : la première à phares ronds jusqu’en 1977, puis la seconde à phares carrés à partir de 1978. Mais la plus désirable de toute reste la Cordoba Grand Prix dotée d’un toit escamotable dit « T-Roof ». Une sorte de targa à la sauce américaine. Avec la Cordoba, il était d’ailleurs possible, selon l’option, d’avoir 5 types de toits différents. Il était aussi possible de la commander avec une peinture bi-ton, afin d’être disco à souhait pour la fièvre du samedi soir ! Bee Gees à fond sur l’autoradio AM, y’avait de quoi épater les petites pépés américaines en direction du drive-in. L’american way of lige quoi !
La Cordoba est donc mythique, malgré son manque de sportivité : c’est tout une époque que vous vous acheterez si vous vous laissez tenter par la belle. Les 70’s, le disco, les coupés clinquants, les V8 amaigris par la crise pétrolière et la tenue de route flottante caractéristique. Tout y est, ne cherchez pas. Si en plus vous tombez sur un exemplaire doté du T-Roof, alors là, c’est définitivement la grande classe !