Car Système Renault JP4 : la voiture des copines
Je me souviens de toutes mes Majorettes. J’aimais frimer en Countach, jouer les gangsters avec deux « Béhèmes » Série 5 (une grise, l’autre bordeaux), faire du tout terrain avec mes Jeep CJ7. J’aimais aussi mon camion de glace jaune, ma 205 Gti et mon Audi Quattro. Mais j’avais un faible pour une drôle de 4L qui ressemblait à un 4×4. Sous le chassis, gravé, on pouvait lire Renault JP4.
En fait de Renault, il s’agissait d’une CAR Système, ou plûtot Construction Automobile Redonnaise. Des années, je suis passé par Redon pour aller de La Baule au Golfe du Morbihan sans jamais me douter que le constructeur de ma JP4 se trouvait là, sur les bords de la Vilaine. Renault avait bien lancé une Renault 4 Plein Air en 1968 (lire aussi: Renault 4 Plein Air), dans la foulée de la Citroën Méhari (lire aussi: Citroën Méhari). Mais elle ne sera construite qu’à 500 exemplaires jusqu’en 1970 : elle était, il faut le dire, bien trop chère.
La 4L Plein Air, un flop en 1968Après avoir saucissonner leur propre Renault 4, Patrick Faucher et Gérald Maillard, deux amis d’enfance, décident de proposer leurs services aux autres et lancent CAR Système en 1981. L’idée est simple : transformer des 4L d’occasion en buggy des plages, et, contre toute attente, la mayonnaise prend. Pour le prix d’une transformation (15 000 F en 1981) et d’une vieille 4L (ou R6), on repartait avec une JP4 ou JP6 (presque) neuve. La plate forme est raccourcie, les portes retirées, des arceaux sont rajoutés, des kilos superflus sont enlevés, et la placide Renault devient un amusant buggy
Une brochette de JP4 sur la plageLe succès est tel que la reconnaissance arrive en 1986. Renault intègre la JP4 à sa gamme et désormais la propose à ses concessionnaires. Finie les occasions retravaillées, les 4L arrivent neuves à Redon, et ressortent en trois finitions (Belle Ile, Noeud Pap’ et Be Bop) à des tarifs allant de 53 000 à 65 000 F (A la même époque, une R4 Savane se vend 40 000 F, et une R4 Clan 46 000 F). Elle sera fabriquée jusqu’en 1990.
Une JP4 dans les rues de La Baule !Le lancement de la Supercinq Belle Ile (lire aussi: Supercinq Belle Ile) et le passage à l’industrialisation de la JP4 ont eu un coût trop important et la petite entreprise ne se relèvera jamais de son succès (paradoxal non?). Elle doit déposer le bilan et se vendre à Gruau, qui continuera la Belle Ile mais stoppera la JP4.
Au total, on estime à 2500 exemplaires fabriqués entre 1981 et 1990, que ce soit en neuf ou sur des bases d’occasion, et sûrement bien plus ont été fabriquées par Majorette. En tout cas, bien peu d’artisans de l’époque peuvent se targuer d’avoir fait partie du catalogue du fabricant de miniatures lyonnais. Preuve du capital sympathie de la JP4.