Bentley Azure : l'essence du luxe automobile !
Ce que j’aime avec l’automobile britannique, c’est que c’est sans doute la seule capable de produire des voitures totalement inutiles, pas forcément sportives, évidemment très luxueuses, parfois hors du temps, mais toujours hautement désirables. C’est le cas avec la Bentley Azure, sorte de paquebot décapotable long de plus de 5 mètres pour embarquer 4 personnes dans un luxe inouï!
Il faut être anglais pour adorer les cabriolets malgré la pluie et le fog, et pour dépenser des sommes folle rien que pour disposer de son salon à l’air libre là où il vous plaira! Futile et indécente, l’Azure fait pourtant tourner les têtes tout aussi sûrement qu’une supercar gavée de chevaux. A ses côtés, sa petite sœur la Continental GTC semble tellement commune !
La Bentley Azure, telle qu’elle fut présentée en 1995 à Genève.L’Azure est apparue pour la première fois en 1995, et s’apparente à la version cabriolet de la Continental R (lire aussi : Bentley Contintal R). Elle perpétue la tradition d’une version découvrable dans la gamme Bentley. Depuis 1971, ce rôle était dévolue à la Corniche (une Rolls Royce Corniche à la calandre Bentley), dérivée de la Rolls Royce Silver Shadow. Elle prendra le nom de Continental en 1984 afin de s’affranchir de sa sœur, et de coller à la nouvelle gamme de coupé lancée par Bentley. Entre 1971 et 1994, 569 exemplaires sortiront des chaînes de Crewe, soit dix fois moins que sa cousine de chez Rolls Royce (5380 exemplaires). Il y a des gens (dont je fais partie) qui préféreront toujours une Bentley à une Rolls, même si le modèle est strictement identique.
Dans les années 90, la Continental (tout comme la Corniche chez Rolls) commence sérieusement à accuser le poids des années. Si chez Rolls on abandonne l’idée de poursuivre la production d’un cabriolet, chez Bentley, on songe sérieusement à sa remplaçante. En 1994, le concept Java est présenté au Salon de Genève : si ce concept propose la vision d’une cabriolet plus petit (il est basé sur la plate-forme de la BMW série 5), il montre la volonté de la marque anglaise de perdurer dans la voie du cabriolet 4 places.
C’est l’année suivante que l’Azure est présentée au public, toujours au salon de Genève (ce qui n’est pas anodin). Cette fois-ci, il s’agit bel et bien d’une remplaçante de la Continetal, développée sur la base du coupé Continental R, auquel elle ressemble fortement, hormis le toit, « of course » ! Sous le capot, l’inévitable V8 6 ¾ à la puissance « suffisante » (385 chevaux tout de même) ! Suffisante, certes, mais il faut quand même tirer les 2610 kg de la bête.
Contrairement aux apparence, l’Azure n’est pas totalement anglaise. Pour développer et produire son nouveau cabriolet, Bentley s’est associé au carrossier italien Pininfarina. C’est lui qui développera les mécanismes du toit, et fabriquera les coques, en Italie, tandis que le montage final se fera à Crewe. Pour s’offrir ce petit bijou, il fallait débourser la modique somme de 347 000 £, autant vous dire qu’elle n’était pas à la portée de toutes les bourses. Pourtant, l’Azure rencontra un plus grand succès que la Corniche/Continental à laquelle elle succèdait puisqu’elle sera fabriquée à 1403 exemplaires entre 1995 et 2002 (AM 2003). Sans doute parce qu’aucun cabriolet n’existait plus chez Rolls, du moins au début.
Une Azure dans sa version Mulliner la plus puissante.En effet, devant le succès (relatif hein, on parle de petite production) de l’Azure, Volkswagen, propriétaire temporairement des deux marques, décide de la décliner chez Rolls Royce, sous le nom, je vous le donne dans le mille Emile, de Corniche ! Pourquoi faire compliqué ? Produite à partir de 1999 et jusqu’en 2002 (AM 2003), il s’en vendra 384 exemplaires. Pour la première fois de leurs existences respectives, une Rolls dérivait d’une Bentley !
La Corniche de 2000, seule Rolls Royce dérivée d’une Bentley.A partir de 1999, Bentley décida qu’on pouvait faire encore plus luxueux et plus puissant que l’Azure… Une version totalement personnalisable (à condition d’avoir un chéquier et un compte bien rempli) est donc présentée sous le nom d’Azur « Mulliner », avec un V8 porté à 440 chevaux (ça devient intéressant), et des équipements variables selon les modèles puisque chacun sera construit selon les désirs du futur propriétaire. 155 exemplaires seront construits à des tarifs sans doute exorbitants.
L’Azure Mk2, parue en 2006En 2002, la production s’arrête. Le divorce d’avec Rolls Royce, passé définitivement chez BMW, est acté, et Volkswagen donne une nouvelle impulsion à sa filiale britannique. Toute l’usine de Crewe se concentre sur la nouvelle Continental GT, et l’Azure en fait les frais. Mais ce vénérable cabriolet n’est pas oublié. Tel un Phoenix, il renaîtra de ses cendres en 2006, cette fois-ci basé sur la plate-forme de l’Arnage !
La nouvelle Azure ressemble à la précédente, mais son dessin est modernisé pour coller à l’Arnage et à l’air du temps (si tant est qu’on puisse parler de mode pour ce type de modèle). Rien ne semble changer, et pourtant, il suffit de regarder les photos pour avoir l’impression qu’un gouffre sépare les deux modèles ! Magie du design.
Sous le capot, la course à la puissance est engagée, puisque le V8 6 ¾ passe à 450 chevaux (et même 507 à partir de 2009 sur l’Azure T). Il n’en fait toujours pas une sportive, mais l’Azure a pris du poids (2695 kg, ouch!). Cela dit, une fois lancée, l’Azure T atteint la vitesse tout à fait honorable de 288 km/h : ça laisse rêveur ! Environ 800 exemplaires seront fabriqués jusqu’en 2010 (j’ai retrouvé la trace de 622 exemplaires produits, mais il me manque les chiffres de 2008, sachant que 350 ex furent produits en 2007 et 93 en 2009, on peut imaginer que je ne suis pas loin du compte).
« Azur(e), nos bêtes sont bondées d’un cri, je m’éveille songeant aux fruits noirs de l’amibe dans sa cupule verruqueuse et tronquée… »