Renault Wind : un vent qui porte bien son nom !
Je me souviens très bien de ce salon de Paris 2004, où Renault nous avait présenté une Wind Concept plutôt alléchante. Allions-nous avoir un équivalent français des Mazda MX5 (lire aussi : Mazda MX5) ? Je l’espérais en tout cas, et l’incroyable succès du petit roadster nippon laissait croire qu’un marché existait pour ce type de véhicule. Mais les années passèrent sans que Renault ne saute le pas. Jusqu’à ce que le nom de Wind resurgisse par miracle en février 2010, au Salon de Genève. Cependant, du concept Wind, il ne restait plus que le nom. En lieu et place d’un concurrent de la Miata, Renault nous pondait un cabriolet dérivé de la Twingo 2, déjà fort peu réussie stylistiquement (mais le style, c’est très subjectif, je l’avoue).
Lancée en 2007, la Twingo 2 rompait avec l’originalité stylistique de la révolutionnaire Twingo 1 (lire aussi : Renault Twingo 1) pour présenter une ligne d’une banalité affligeante. Avec cette deuxième mouture, Renault rentrait dans le rang au grand dam des amateurs de la première Twingo. C’est sans doute pour rendre plus fun ce modèle, et pour dynamiser l’ensemble de la gamme, que Renault s’est décidé à en proposer un dérivé cabriolet… 2 places !
Pourtant, l’histoire récente du marché du petit cabriolet avait montré que la configuration « deux places » n’était pas en phase avec les attentes de la clientèle. L’échec de l’Opel Tigra Twintop (fabriquée chez Heuliez) aurait du mettre la puce à l’oreille des décideurs de Renault, tandis que le succès des 206 CC (lire aussi : Peugeot 206 CC) puis 207 CC montrait qu’une configuration 4 places (et ce même avec un petit coffre) était plus susceptible de rencontrer le succès. Renault aura beau ensuite argumenter sur la taille du coffre de sa Wind, et sur son toit rigide « rotatif », elle n’en demeurait pas moins limitée sur son marché. Pour réussir avec seulement deux places, il faut une toute autre ligne, et un concept plus proché de la Wind de 2004 qu’un dérivé de Twingo déjà pas très sexy !
Parfois, il vaudrait mieux s’abstenir, mais chez Renault à l’époque, on y croit à mort. A tel point qu’on envisage d’en vendre 75 000 par an, au minimum ! Si c’est pas de l’enthousiasme ça, je ne m’y connais pas ! Comme le notait mon collègue du Parisien Matthieu Turel (lire aussi : Renault Wind Le Parisien), Renault ne s’est ensuite pas facilité la tâche en lançant sa Wind en plein automne, période peu propice à l’achat d’un cabriolet ! Avec 4072 exemplaires vendus en Europe pour l’année modèle 2010, on était loin des objectifs !
(image: AutoBild)La Wind proposait deux moteurs essence à sa (rare) clientèle : le Tce 100 (de 100 ch comme son nom l’indique, pour 1149 cm3) et le Tce 133 (de 133 ch évidemment, pour 1598 cm3) : en gros, les motorisations « hautes » de la Twingo 2. C’est déjà ça de gagné. En février 2011, Renault propose une version Gordini qui ne rajoute rien de plus qu’une « décoration » à la façon d’Amédée (encore une griffe mal gérée par Renault pendant des années, et condamnée depuis à n’être qu’un niveau de finition spécifique!).
Assez rapidement, le constat d’échec est acté chez Renault. L’année modèle 2011 voit les ventes péniblement monter à 6771 exemplaires, ce qui restera le record des ventes pour la Wind. Certains marchés, comme la Grande Bretagne, renonce à l’y commercialiser dès février 2012. Dès sa 3ème année de d’exploitation (AM 2012), les ventes chutent à des niveaux inquiétants : 1558 exemplaires vendus en Europe seulement. La décision est prise rapidement : après l’Avantime (lire aussi : Renault Avantime), Renault s’était pris un vent qui porte bien son nom. Adieu petite Wind. La fabrication (en Slovénie, à l’usine de Novo Mesto où sont aussi produites les Twingo) s’arrête fin 2012, et les derniers stocks seront écoulés jusqu’en 2014 (376 ex en 2013, et 45 en 2014).
Pourquoi un tel échec ? On l’a vu, le design fade de la Twingo ne s’arrangeait pas vraiment après passage du bistouri, tandis que les 2 places seulement limitaient d’entrée de jeu le marché. En outre, Renault ne communiqua quasiment pas sur son nouveau petit modèle fun, comptant sans doute sur un bouche à oreille qui ne vint jamais, du moins pas dans le sens espéré. Non vraiment, malgré l’originalité de son système de toit, la Wind n’avait aucun « plus produit » lui permettant d’aller tutoyer les sommets du segment.
Aujourd’hui, elle devient a contrario très intéressante : encore disponible en occasion, elle se vend à des tarifs relativement bas, pour un véhicule récent. Elle s’intégrera facilement dans une collection « crazy Renault » aux côtés de l’Avantime, ou de la Vel Satis (lire aussi : Renault Vel Satis) par exemple. Le tout pour une poignée de kopecks, enfin presque, la cote de l’Avantime ne cessant de monter, tandis que le nombre de mises en vente diminuent depuis que la voiture est quasiment rentrée dans le monde de la collection. Peut-être que la Wind connaîtra un même destin en rencontrant la gloire dans 10 ans ? A méditer !