Renault AMC Alliance Convertible : le cabriolet 9 d’outre-Atlantique
En France, la Renault 9 eut une carrière honorable sans pour autant révolutionner le genre. Avec son look carré et ses trois volumes, elle jouait clairement la carte du classicisme quand sa sœur 11 s’offrait un style plus avant-gardiste avec son hayon arrière. Outre-Atlantique en revanche, c’est elle qui devenait le fer de lance de l’offensive Renault, devenu majoritaire au sein du capital d’AMC alors en perdition. La 11 devenait l’Encore mais restait anecdotique tandis que la 9, elle, se muait en Alliance et s’offrait une gamme plus personnelle, avec des modèles inconnus en Europe : un coupé, certes, mais aussi un adorable cabriolet quatre places qui rendait enfin la 9 sexy et désirable.
Dès 1979, Renault montait au capital d’AMC sans pour autant en prendre le contrôle total (cela sera pour plus tard) mais il fut rapidement convenu d’adapter le couple Renault 9 et 11, alors en gestation (et qui sortiront en 1981 en France), au marché américain, à ses spécificités et à ses normes drastiques. Pour l’état-major français, la priorité restait Jeep, la marque dotée du potentiel le plus important et pour lequel il offrira les grands moyens avec l’étude et le lancement de la Cherokee XJ, sous l’égide de François Castaing. Pour AMC, on décida de se concentrer sur un marché en pleine expansion sous l’impulsion des constructeurs japonais : celui des compactes.
Et la R9 devint Alliance
Il n’était pas encore question d’une véritable prise de contrôle et la 9 reçut très tôt le nom d’Alliance, symbolisant l’union des deux constructeurs. Les plans furent envoyés aux États-Unis, charge à AMC d’adapter la voiture à l’Amérique : portières et toit renforcés, nouveaux pare-chocs absorbants, nouvelle colonne de direction, meilleure isolation thermique et phonique, équipements renforcés (alternateur, démarreur, frein à main), ajout de la climatisation et d’une boîte automatique (en option). Pour répondre à la demande, on décida aussi d’offrir un coupé 2 portes, lancé au même moment que la berline, en juin 1982. C’est sur cette base que sera produite la version “convertible” (cabriolet en anglais).
L’Encore vient renforcer l’offre de l’Alliance en 1984 mais ce n’est qu’en 1985 qu’apparaît l’Alliance Convertible. Il faut bien l’avouer : l’ablation du toit va plutôt bien à cette voiture qui gagne en personnalité, alors que la 9, comme l’Alliance, joue la carte de la discrétion. Avec ses doubles phares à l’avant (que la 9 recevra lors de son restylage en Europe), ses pare-chocs plus virils et sa ligne effilée, l’Alliance Convertible n’en est que plus séduisante et paraît robuste là où une 9 semble frêle. L’intérieur, sans être luxueux, devient plus cosy, très américain, et souvent doté de couleurs vives assorties à la teinte de la carrosserie.
Un cabriolet séduisant mais sans avenir
Sous le capot, on retrouve un 4 cylindres Renault de 1 721 cc développant 78 chevaux, ce qui peut sembler dérisoire. Oui certes, mais la voiture, elle, ne pèse que 1 020 kg : ce n’est pas une sportive et elle n’en a pas la vocation, taillée qu’elle est pour cruiser à 88 mph au maximum, mais c’est amplement suffisant pour profiter du soleil californien, ou de l’été sur la Côte d’Azur si vous vous mettez en quête d’un tel exemplaire. En fin de commercialisation, une version GTA de 96 chevaux sera lancée.
Malgré l’engouement des Américains pour les cabriolets, l’Alliance Convertible restera un bide commercial, avec seulement 10 623 exemplaires produits (dans l’usine de Kenosha) et vendus. Il faut dire que l’assassinat de Georges Besse, en 1986, remettra en question toute la stratégie de Renault, un an seulement après le lancement de l’auto. Les pertes engendrées par les investissements conséquents et la hausse du dollar deviennent insupportables pour le nouveau P-DG, Raymond Lévy, et pour l’actionnaire majoritaire de Renault, l’État français. La décision est prise : la revente d’AMC au plus offrant et au plus rapide. En août 1987, l’affaire est réglée et Chrysler emporte la mise et la pépite Jeep. Entre-temps, l’Alliance n’aura pas vraiment été mise en avant, et pour le client, difficile d’oser la différence quand l’avenir du constructeur n’est pas assuré. En juin 1987, Alliance comme Encore disparaissent du catalogue, tout comme la Medallion (clone de la Renault 21). Seule la Premier (croisement entre une 21 et une 25) continuera un temps sous les marques Eagle (et aussi chez Dodge, où elle prendra le nom de Monaco).
Aujourd’hui, l’Alliance Cabriolet est surtout recherchée par des Français ou des Européens, pour son côté exotique et différent, à l’instar d’une Renault Siete pour un amateur de R5. Quelle classe de circuler avec cet engin que le quidam reconnaît sans reconnaître, se demandant s’il n’a pas rêvé devant cette Renault 9 Cabriolet ! C’est tout l’intérêt de la voiture en tout cas. Cela dit, les Alliance Convertible restent bon marché, et elles peuvent être l’occasion de s’offrir un cabriolet original sans trop débourser (attention cependant, plus le temps passe, plus le modèle intéresse).
Pour tout savoir sur ce modèle, n’hésitez pas à vous rendre sur le site du Renault Alliance Club Passion.