Land Rover Defender Karmann-Ghia: curiosité brésilienne !
La vie d’une automobile n’est pas toujours un long fleuve tranquille, et on découvre chaque jour, au gré des recherches, de nouvelles pépites. Quand on trouve une voiture britannique fabriquée par des allemands au Brésil, et qu’on s’appelle Boîtier Rouge, on est comme un enfant devant la cheminée un soir de Noël… Après vous avoir déjà parlé du Honda Crossroad, un Discovery à la sauce nippone (lire aussi : Honda Crossroad), il était temps de vous parler du Karmann-Ghia Land Rover Defender brésilien.
La production de versions autochtones du Land Rover n’est pas nouvelle : Minerva en Belgique, Santana en Espagne (lire aussi : Santana Samurai) ou Ottokar en Turquie en sont de bons exemples. Mais avec le Defender brésilien, l’histoire est plutôt rigolote puisqu’elle concerne pas mal d’acteurs du monde de l’automobile. En premier lieu, le carrossier Karmann, d’origine allemande, et le constructeur britannique Land Rover, of course, mais aussi BMW propriétaire de la marque anglaise jusqu’en 2000, puis Ford qui la racheta. Rajoutez à cela l’armée et la police brésilienne, vous obtenez un sacré paquet d’acteurs de l’aventure.
Tout commence en 1960, lorsque Karmann inaugure, le 13 mai, la création de sa filiale brésilienne Karmann-Ghia Lda, chargée de vendre le petit coupé à moteur Volkswagen qui cartonne un peu partout dans le monde. Ce n’est qu’à partir de 1962 que Karmann-Ghia Lda se mettra à produire sur place afin d’éviter les droits de douanes faramineux du Brésil de cette époque. D’autres feronts de même, comme Alpine avec sa version brésilienne Willys Interlagos (lire aussi : Les cousines étrangères de la Berlinette). Au fil du temps, Karmann-Ghia va peu à peu diversifier ses activités, produisant divers véhicules, mais surtout en devenant producteur de machines-outils pour l’industrie automobile (il réalisera notamment la chaîne d’Alfa Romeo au Brésil, ou celles de Dodge et Chrysler).
Après l’arrêt de la production du Coupé Karmann, la filiale brésilienne trouvera régulièrement des contrats pour alimenter ses chaînes de production, notamment en produisant la Ford Escort XR3i pour le marché brésilien. Si les années 90 voient Karmann-Ghia Lda se spécialiser dans la production de pièces détachées (les portes du VW Pointer par exemple) et d’outillages et robots (pour les lignes du Ford Ecosport par exemple), la maison mère Karmann recherche toujours des contrats de fabrication. C’est entre allemands que les choses vont se régler : BMW, propriétaire de Land Rover, cherche à faire baisser les coûts et donc le prix du Defender au Brésil afin de le rendre compétitif face au Toyota Bandeirante (lire aussi : Toyota Bandeirante), et Karmann, son compatriote, dispose justement d’une usine à Sao Bernando do Campo. L’affaire est signée en 1998.
Les Defender destinés à l’Armée (kakis) et la Police (bleus) en cours de fabrication.Environ 60 % des pièces utilisées pour construire le Defender brésilien viennent de Solihull, mais 40 % proviennent du Brésil, dont le moteur, un Maixion 2,8 litres Turbo diesel, évolution du 2,5 TD anglais produite sous licence par Ioschpe-Maxion. Les ventes tournent alors aux environs de 600 exemplaires par an, et les salariés sont passés de 100 à 470. Lorsque en 2000 BMW revend Land Rover à Ford, le constructeur américain maintient le contrat et cherche même à améliorer les ventes : Ford projette un temps de produire au Brésil les Defender pour les Etats-Unis. Les ventes vont sensiblement augmenter lorsque Karmann-Ghia Lda va signer un juteux contrat avec l’Armée et la Police brésilienne pour des Defender 90, 110 et 130. Le reste de la production est destinée au marché civil qui ont l’avantage de coûter relativement peu cher.
La version militaire destinée à l’armée brésilienne !La production montera un temps à 1500 exemplaires annuel, mais retombera assez rapidement à 800 exemplaires par an, et entre 1998 et 2005, environ 6000 Land Rover Karmann-Ghia seront produits. Car l’aventure s’arrêtera en 2005, lorsque Ford décidera de stopper le contrat. La demande en Defender n’est plus assez soutenue pour maintenir autant de sites de production. Les Land Rover Sud-africains ou australiens en feront les frais eux aussi ! Karmann-Ghia se recentrera alors sur la production de machine outil, avant d’être rachetée en 2010 au moment de la faillite de la maison-mère allemande par le groupe Nardini !
Certaines photos de cette article (celles présentant l’usine de Sao Bernando do Campo) sont issu du site Ihana.com, un blog présentant au jour le jour la traversée de l’Amérique en 2002 par Tom et Barry, bien évidemment en Defender. Ils ne purent s’empêcher de faire une halte (un pèlerinage ?) chez Karmann-Ghia Lda.
N’hésitez pas à lire ici leur visite de l’usine : http://www.ihana.com/big_trip/diary/2002/12/dec2002_landy.htm