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Lancia Delta HF Integrale Evo 3 “Viola” : la tentative de la dernière chance

Par Paul Clément-Collin - 29/07/2022

Alors que Lancia s’apprête à lancer une toute nouvelle Delta, les jours de la déclinaison sportive HF Integrale sont comptés. Certes, une petite poignée d’irréductibles continue d’acheter ce petit bijou sportif, mais il faut bien l’admettre : le modèle est en fin de vie. Pourtant, Bruno Maggiora, qui dirige la carrosserie éponyme, ne l’entend pas de cette oreille et espère encore convaincre la toute puissance Fiat de jouer les prolongations. C’est ainsi qu’il présente au printemps 1994 un prototype désormais mythique pour les lancistes : la Delta HF Integrale dite “Evo 3” (la seule de son espèce) et surnommée “Viola”, à cause de sa couleur violette !

Mais pourquoi Maggiora veut-il absolument convaincre le constructeur turinois de poursuivre la fabrication de la Delta HF alors qu’une toute nouvelle Delta pointe le bout de son nez ? Pour comprendre, il faut se rendre à Chivasso, dans le Piémont. Cette usine créée par Lancia en 1963, et destinée à soulager les installations de Borgo San Paolo et de Vérone, s’avère trop peu rentable avec sa capacité maximum de 100 000 véhicules. C’est pourquoi dès 1992 Fiat l’a pour une part vendue à Maggiora pour y produire ses petites séries et d’autre part réorganisée pour l’approvisionnement de pièces détachées de ses autres usines.

Une Integrale pour assurer la transition 

De fait, la Carrozzeria Maggiora produit désormais les Lancia Delta d’ancienne génération mais aussi la Lancia Dedra pour le compte de Fiat. S’il est acquis que ces deux modèles quitteront la scène (en 1994 pour la première, en 1995 pour la seconde), Maggiora ne désespère pas de prolonger au moins quelques temps (en attendant la version “sportive” de la nouvelle venue) la production de la HF Integrale. Certes les volumes sont devenus ridicules, mais cela permettrait de maintenir un peu d’activité le temps que la production de la Fiat Barchetta se mette en place. En effet, l’année 1994 ne prévoit que la production des pré-séries (163 exemplaires seulement).

Voilà donc les raisons de cette “Viola”. Bruno Maggiora tente un dernier coup pour faire basculer Fiat. La voiture est présentée au printemps 1994 à la direction du groupe. Ne serait-ce sa teinte violette particulière, la Viola ressemble trait pour trait à une HF Integrale classique. Pourtant, l’évolution est bien réelle et justifie son appellation non-officielle de “Evo 3”.

Des chevaux et du luxe en plus

Sous le capot tout d’abord. Il s’agit toujours du 4 cylindres 2 litres à 16 soupapes et turbocompressé de la HF Integrale, mais Maggiora s’est penché sur son cas. Oh pas trop non plus, mais suffisamment : un nouveau calculateur, un nouveau système d’injection et un Turbo Garrett T3 à la pression supérieure à 1 bar suffisent à délivrer 240 chevaux. Les modifications ne s’arrêtent pas là : la Viola reçoit un différentiel à glissement limité GkN, un nouvel embrayage et des rapports de boîte plus courts !

À l’intérieur, Maggiora décide d’offrir un peu plus de luxe au conducteur sportif avec l’idée d’en faire un produit premium. Cela se limite pourtant à un volant Momo et à une sellerie Alcantara fauve du plus bel effet. Ainsi gréée, la Lancia Delta Integrale Evo 3 Viola pense pouvoir encore séduire les amateurs. Pourtant, la décision sera sans appel : hors de question de poursuivre, d’autant que le sort de Lancia est désormais acté. À elle le luxe, à Alfa le sport ! La nouvelle Delta aura bien une HF dotée du Lampredi de 193 chevaux, mais pas question d’en faire plus et d’en assurer la promotion en rallye comme avant.

Un exemplaire unique et historique

Bruno Maggiora se contentera donc de l’assemblage de la Barchetta dont les carrosseries provenaient de chez Bertone et les moteurs de chez Fiat. En 1997, il récupérera aussi la production de l’éphémère Lancia Kappa Coupé, mais cela ne sera pas suffisant. En 2002, l’entreprise fera faillite, laissant Fiat sans producteur pour sa Barchetta pendant près d’un an, le temps de se réorganiser. La Viola restera entre les mains de Maggiora quelques temps. Elle existe toujours aujourd’hui, propriété d’un collectionneur allemand semble-t-il.

N’espérez pas un jour vous l’offrir : elle est d’une certaine manière inestimable, historique et donc hors de prix. Déjà qu’une HF Integrale coûte aujourd’hui un bras. Dans le même genre, le carrossier Amos propose depuis 2018, en très petite série, une HF Integrale Futurista particulièrement séduisante (et en 2 portes seulement) qui pourrait faire l’affaire si vous disposez d’un portefeuille bien rempli. Pour les autres, il reste le rêve éveillé !

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