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Citroën Zabrus : une BX 4TC rhabillée en diva par Bertone
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 15 mars 2018La BX 4TC, version de compétition de la Citroën BX, censée titiller en Groupe B ce qui se faisait de mieux en Rallye à l’époque, n’aura pas eu la carrière qu’on lui espérait. Un physique disgracieux (qui fait son charme aujourd’hui), des performances pas à la hauteur de la concurrence, en particulier celle, éclatante, de la cousine de Sochaux, la Peugeot 205 T16. Alors, Citroën préféra oublier tout cela, stoppant ses participations en Rallye, et tentant même de détruire toute trace de cette voiture de course maudite (lire aussi : Citroën BX 4TC). Pourtant, avec un peu d’imagination, d’ambition et un dessin plus habile, la 4TC aurait pu avoir une descendance de série. C’était en tout cas le sens de la proposition du designer vedette de chez Bertone, le français Marc Deschamps, en présentant la Citroën Zabrus en 1986.
A cette époque, les relations de Citroën et de Bertone sont au beau fixe. C’est à l’officine italienne qu’on doit le style de la BX (qui aurait pu être une Volvo, lire aussi : Volvo Tundra), une voiture qui sauva tout autant PSA de la faillite que la 205. Et depuis 1984 et le lancement du projet de remplacement de la CX, c’était bien Marc Deschamps et ses équipes qui s’activaient sur le dessin de la future XM, en concurrence avec les équipes Citroën.
En parallèle de ces travaux sur la XM, Deschamps va donc s’attaquer à un concept-car qui permettrait d’une part de présenter et tester un nouveau style Citroën qui déjà récupère quelques tendances que l’on retrouvera sur la XM, mais aussi, d’autre part, d’essayer de séduire Citroën, Xavier Karcher son patron, et Jacques Calvet, le big boss de Peugeot, avec un super coupé BX, ou un coupé XM, au choix.
Ce concept-car, ce sera le Zabrus, présenté au Salon de Turin en 1986. Pour réaliser ce coupé aux airs de shooting brake, Marc Deschamps va obtenir de Citroën, via Heuliez, un châssis et la mécanique de la défunte BX 4TC. C’est ainsi que le Zabrus se retrouvait équipé du 2.2 litres Turbo de 200 chevaux issu de la série 200, ainsi que les 4 roues motrices. De quoi offrir des performances potentielles de haut niveau, si le moteur avait été bien réglé et mis au point (il venait des stocks de Heuliez, et son turbo n’était semble-t-il pas à 100 %). Mais peu importait, puisque le potentiel était là.
De toute façon, avec le Zabrus, le design comptait plus que la mécanique. Sa fiche technique donnait une idée du potentiel, sa ligne, elle, ouvrait un champ nouveau pour Citroën. On y repérait déjà quelques indices sur la future XM : capot avant plongeant (et sur le Zabrus, un habile effet de style entre capot et pare-brise, pour masquer le porte à faux avant « spécial » de la 4TC), feux avant minces et pincés, nervure sur les flancs. L’intérieur et le tableau de bord jouait distillaient aussi de indications sur le futur haut de gamme.
Plus de 20 000 heures de travail furent nécessaire à la réalisation du concept, livrant à Turin un exemplaire roulant (bien que pas aussi performant que prévu à cause du turbo récalcitrant), extrêmement bien fini, et particulièrement moderne. L’aspect déséquilibré de la BX 4TC était totalement gommé, tandis que les portes en élytres et l’aspect break de chasse rajoutait au côté iconoclaste voulu par Deschamps : il s’agissait d’une Citroën que diable ! On remarquera le passage de roue arrière typique de Bertone et de Gandini, que l’on retrouvera notamment sur les Maserati Shamal (lire aussi : Shamal) ou Quattroporte IV (lire aussi : Quattroporte IV).
Malheureusement, la Zabrus restera un exercice de style et ne connaîtra jamais la série. Certes, PSA en général et Citroën en particulier avaient bien d’autres fers sur le feu, en particulier les lancements à venir de la 405, et du duo XM/605 en haut de gamme, mais avouez qu’un coupé de ce genre aurait été assez sexy aux côtés de la XM en haut de gamme !