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Citroën Xantia : seuls les connaisseurs savent

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 28/11/2017

On a souvent la mémoire courte. Oui, je l’affirme, la Citroën Xantia a été belle ! Il est vrai qu’à force de suivre Papy en Xantia à deux à l’heure sur les routes d’aujourd’hui, on a finit par mettre cette voiture – à tort, comme la BX d’ailleurs – dans la catégorie des grosses daubes de l’automobile. Comme tout spécialiste de comptoir, « l’amateur » de voitures actuel balaie d’un revers tous ce qui fait de la Xantia une excellente voiture pour ne plus garder que cette image ringarde. Et comme ringard signifie désormais « moche » et « nulle », on passe vite à « bagnole de merde ». L’ingénieur de comptoir ne se sera même pas posé la question de savoir pourquoi Papy, justement, roule encore en Xantia en 2017, et pourquoi on en voit encore autant, des Xantia, se traînant sur les routes.

Pourquoi Papy roule en Xantia ?

Parce qu’il a été jeune. Aujourd’hui, il a 60 ans, mais quand il l’a achetée à sa sortie, en 1993, il avait… 36 ans ! A l’époque, il était dans la fleur de l’âge, roulait plus vite (bien plus vite) qu’aujourd’hui, les limitations n’existaient pas au moment de son passage de permis, il n’avait même pas l’habitude de mettre sa ceinture à l’avant, et ses mômes n’étaient pas plus attachés que lui à l’arrière de la Xantia. 18 ans plus tôt, son permis en poche, il cravachait déjà la GS de son père (voire la GSA), puis tâta de la CX, car à cette époque, on était Citroën de père en fils, comme d’autres étaient Peugeot ou Renault (lire aussi : Ta Berline est politique, Camarade). En 1993, rouler en Citroën signifiait encore quelque chose, une petite différence importante nommée suspension hydraulique (et même l’Hydractive II sur les versions haut de gamme).

Voilà ce qui fait craquer notre Papy encore jeune homme à l’époque : une voiture au look moderne, et performante même avec des moteurs « peu puissants » (bon, le 1.6 était un peu juste, avouons-le) grâce à son dynamisme et à sa tenue de route. Oui, le Papy d’alors n’y allait pas de main morte (enfin, de pieds mort) avec sa Xantia fraîchement sortie de concession. Par manque de moyen, il avait choisi le 1.8i et ses 103 petits chevaux, et pourtant réalisait des chronos sur longue distance qu’on n’oserait plus faire aujourd’hui avec 200 ch sous le capot. A la sortie de la C5, sa Xantia n’était pas si usée, il en avait pris soin malgré tout, alors pourquoi changer ? A la sortie de la C6, il avait bien été tenté, mais elle était trop chère à son goût tandis que la XM avait mal vieilli… et puis le temps passait, jusqu’à aujourd’hui : avec l’âge, Papy est devenu plus prudent, limite chiant, maniaque avec sa voiture « pour la faire durer jusqu’au bout, à quoi bon changer maintenant », et lui, le jeune dingo en Xantia, finit par énerver la génération suivante au taquet en TDI ! Il s’en fout, maintenant, il est à la retraite, il a tout son temps.

La Xantia, une belle voiture

Remontons le temps à nouveau: en 1992, Citroën présentait cette nouvelle familiale, remplaçante de la clivante BX, au dessin de XM adoucie, plus consensuelle, grâce aux coups de crayons des équipes de chez Bertone. On en rigole aujourd’hui, on la trouve moche (enfin « on », c’est pas « moi » hein), mais à l’époque, elle ringardisait la 405, la Renault 21 ou sa devancière la BX, et les Laguna ou 406 qui allaient sortir plus tard n’étaient pas des prix de beautés. Non, la Xantia devait être une Citroën moderne, classe, consensuelle, et sur ce créneau, elle s’en sortait beaucoup mieux que ses concurrentes ou que sa petite sœur la ZX !

La Xantia s’offrait aussi en break !

Je me rappelle bien de sa présentation : dans l’Auto-Journal, je bavais devant cette beauté sobre, trouvant d’un coup la déjà vieille 405 de mon père d’un autre temps. Mon oncle, cadre dynamique à l’époque, s’en acheta une aussitôt, pour remplacer une BMW E30 qui n’avait pas réussi à lui faire oublier ses CX Turbo 2 des années 80. Je l’ai vu retrouver le sourire et le plaisir de conduire une vraie Citroën.

La Xantia, une voiture performante

Oui, la Xantia n’est pas une voiture « traîne-cul », du moins dans ses versions essences. Bien entendu, il a fallu faire avec la banque d’organe PSA, mais sa tenue de route, grâce à l’alliance d’un bon châssis et de la suspension hydraulique, compensait largement la puissance limitée (150 à 155 ch au maximum pour les 4 cylindres 2 litres TCT ou 16v), et permettait déjà, avant même la fameuse Activa, des passages en courbes assez impressionnants. C’est sur les petites routes de campagne que la Xantia prend alors tout son sens, et distille un plaisir unique : celui de retrouver le plaisir du pilotage en toute sécurité. Pour un conducteur de Xantia de l’époque, compter et comparer le nombre de chevaux revient à se mesurer la… enfin, comme chez Rolls Royce, on préfère parler de « puissance suffisante ».

l’Activa V6, un must have encore (surtout ?) aujourd’hui

Et puis en 1995 est apparue l’Activa, d’abord en 4 cylindres 2 litres, puis à partir de 1997 avec le V6 ES9 de 194 chevaux. Pour beaucoup de Citroënistes (mais pas qu’eux), c’est encore la « voiture ultime ». Combinant l’Hydractive II au système anti-roulis SC-Car, voilà une voiture qui peut encore aujourd’hui en remontrer à bien des allemandes pourtant plus puissante. D’ailleurs, la Xantia Activa détient encore aujourd’hui le record du fameux « test de l’élan » devant toutes les supercars produites depuis. On peut accepter qu’on se moque de son look, mais pas de ses performances encore de très haut niveau plus de 20 ans après.

L’intérieur d’une Activa V6 n’est pas si ridicule pour son âge

Avec les années, son look qu’on aimait pour sa sobriété est devenu « fade » devant les délires de la production automobile d’aujourd’hui. Sa principale qualité stylistique, fruit d’un besoin de « normalisation du design Citroën » pour séduire plus largement, est devenu un inconvénient pour convaincre la jeune génération qui ne jure que par le look et le 0 à 100.

Bien sûr, la Xantia a des défauts, et notamment ceux de ses congénères françaises des années 90 : une finition un poil bâclée (mais qui s’améliore largement avec la phase 2), et sûrement un sous-motorisation par rapport à ses capacités intrinsèques. Et puis, on l’a dit, un design trop passe-partout avec le temps. Pourtant, je dirai volontiers qu’une Xantia pourrait être la parfaite daily pour un jeune d’aujourd’hui aux moyens limités (hors considérations écologiques à la mode) : légère, performante, sécurisante, pas chère à l’achat et d’ailleurs toujours située dans la zone « occasion » malgré les années, sauf l’Activa qui se collectionne activement (forcément). Avec pour inconvénient de donner l’impression à un jeune conducteur qu’il « pilote », sensation qui pourrait lui jouer des tours à l’heure de changer de voiture : il verrait alors toute la différence qu’il existe entre une Xantia et une autre voiture.

En tout cas, à son volant, il comprendrait tout à coup pourquoi Papy continue à rouler avec sa Xantia, malgré sa fougue disparue, ses réflexes diminués, sa cataracte, son diabète, et tout ce qui fait que sa vitesse ne dépasse plus que rarement le 70 en rase campagne. Il sait qu’il ne retrouvera pas mieux, plus confortable, plus « durable », et que de toute façon, c’est pas à 60 ou 70 ans passés qu’il va investir ! Autant garder sa vieille monture, en sachant que, si jamais la forme revenait, il pourrait un jour repartir à fond les ballons dans les virages les plus fous, comme à l’époque : sa Xantia répondrait présent, comme à son habitude, bondissant d’un virage à l’autre ! Faut pas croire, ça roule lentement maintenant, un Papy, mais c’est pas devenu con pour autant (enfin pas tous).

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