Citroën e-Mehari: PSA consomme son union avec Bolloré !
Le 17 juin dernier, une information passait presque inaperçue : la signature d’un partenariat industriel entre PSA et Bolloré. Depuis la chute de son partenaire italien Pininfarina, Bolloré se retrouvait sans usine fixe pour sa Bluecar et sa Bluesummer. Malin comme en singe, et désireux de ne plus dépendre que d’un seul petit partenaire, Vincent Bolloré s’est donc allié avec les deux plus gros constructeurs automobiles français. Le 9 septembre 2014, un premier accord était signé avec Renault pour produire la Bluecar à Dieppe, dans l’usine Alpine, rien que cela. Quand à la Bluesummer, c’est donc vers PSA que l’étincelant patron s’est tourné.
Qu’est-il dit dans cet accord ? Que PSA fabriquera la Bluesummer dans son usine de Rennes, et en assurera la distribution (dans son réseau donc). Cette dernière partie laissait donc penser que le véhicule serait badgé d’une des marques de PSA plutôt que sous celle de Bolloré ou Bluesummer. Comme le notait Xavier Peugeot au moment du lancement de l’e-mehari, il s’agit d’une opportunité plus que d’une volonté de vendre des centaines de milliers d’exemplaires.
La Bluesummer vue de l’arrièreVue l’insistance du Communiqué de presse de juin concernant l’auto-partage, il semble que PSA chercherait plus à apprendre de son nouveau partenaire les méthodes d’auto-partage plus qu’à envahir le marché de l’électrique. Dès le départ, les ambitions sont d’ailleurs modestes : 15 autos par jour au mieux, soit un maximum annuel de 3500 véhicules : autant dire que les deux groupes restent très prudents.
Seul l’avant diffère vraiment, on reconnaît le profil de la BluesummerEn ce mois de décembre, l’accord prend donc effet, avec la présentation de l’e-Mehari qui signe la fin de la Bluesummer de Bolloré. Pour Citroën, c’est l’occasion de surfer à moindre coût sur la vague de son passé, après la Cactus M évoquant la Mehari au Salon de Francfort (lire aussi :Citroën Cactus M). Mais en affublant la Bluesummer d’un groin de Cactus, et en lui donnant le nom de sa glorieuse ancêtre (lire aussi : Citroën Méhari), Citroën n’est-elle pas allé un peu trop loin, déstabilisant encore un peu plus ceux qui, il y a peu, étaient encore des aficionados des chevrons ?
L’intérieur se veut fun, dans la nouvelle politique de rajeunissement de Citroën !Pourquoi avoir voulu se resservir du nom de la Méhari pour un concept (la Bluesummer de Bolloré) aussi éloigné de sa glorieuse aînée ? J’y vois plutôt une maladresse pour un produit qui ne nourrit pas de grandes ambitions, et qui semble surtout être une opportunité de créer à terme un système d’auto-partage en collaboration avec Bolloré qui, à défaut d’avoir révolutionné la technologie (les batteries LMP sont moins chères certes, mais nécessitent d’être toujours en tension pour garder une certaine température), a su créer un éco-système autour de ses voitures électriques (Autolib’ à Paris, Bluelib’ à Lyon, BlueCub à Bordeaux, BlueRoma à Rome, BlueTorino à Turin ou BlueIndy à Indianapolis) assurant un débouché à sa filiale Batscap, fabricant de batteries électriques (appartenant à 80 % à Bolloré et à 20 % à EDF).
Je vous laisse juge du résultat esthétique (pour ma part, je n’en raffole pas!), et de la pertinence de l’utilisation du nom Méhari, mais l’accord industriel, de distribution, et de partage d’expérience sur l’auto-partage peut se défendre. Reste à savoir si, pour le futur, PSA va se laisser convaincre par les batteries LMP (Lithium-Metal-Polymère), ou développer une autre technologie, comme celle utilisée par Tesla par exemple (Lithium-Ion) offrant plus de capacité (puissance comme autonomie), mais coûtant plus cher. La politique de PSA concernant l’électrique est encore floue, là où Renault avec sa Zoé semble avoir pris de l’avance ! Affaire à suivre donc !