Citroën CX : la dernière vraie Citroën !
La CX n’a pas eu la carrière qu’elle méritait mais ne s’en est finalement pas trop mal tirée. Il faut dire qu’elle est née dans des conditions particulièrement difficiles. A l’origine, la CX ne devait pas chapeauter la gamme Citroën, mais plutôt remplacer les versions de base de la DS, tandis que les versions haut de gamme (DS21 puis DS23) seraient remplacées par une version à 4 portes de la SM, dotée du fameux (mais peu fiable) V6 Maserati (Henri Chapron réalisera des SM 4 portes appelées Citroën Chapron Opéra).
Mais en ce début des années 70, rien ne va comme prévu. La crise pétrolière détruit tous les espoirs mis par Citroën dans sa superbe SM, et Michelin, l’actionnaire principal, s’agace de cette lourde danseuse qu’est la marque aux Chevrons. Maserati est lâchement abandonnée par sa maison mère et laissée en quasi faillite (Alejandro de Tomaso rachètera l’affaire pour quasiment rien avec l’appui de l’Etat Italien). Quant à Citroën, elle est vendu à Peugeot pour une bouchée de pain.
Drôle d’alliance que Citroën et Peugeot que tout sépare à l’époque : innovation technologique contre rusticité et fiabilité, lignes originales contre classicisme bourgeois etc, bref le ying et le yang de l’automobile. C’est dans ces conditions difficiles que sort la CX, qui finalement aura la lourde tâche de remplacer seule la DS. Une chose est sûre, la CX est une vraie Citroën, au dessin fluide et qui, tout au long de ses 17 ans de carrière et malgré quelques liftings, saura garder sa prestance malgré l’absence de motorisations « nobles ».
En effet, la CX n’aura jamais droit au V6 PRV de ses cousines Peugeot et même Talbot (la Talbot Tagora SX aura même droit au plus puissant des PRV). Malgré ce handicap, la CX ne s’en sortira pas trop mal, jouant sur ses qualités propres : une tenue de route hors-pair et finalement des performances parfois ébouriffantes malgré tout. Les dernières versions de GTI dotées du 2,5 litres turbo développent tout de même 168 ch (on dépasse la puissance du PRV de l’époque), et font de la CX un véritable TGV de la route.
Surtout, la CX saura satisfaire toute la clientèle possible : les familles avec ses versions de base, ses diesels besogneux ou ses versions break familiales (8 places!), les sportifs avec les GTI et GTI Turbo 2, les patrons avec les Prestige à l’empattement allongé (5m de long) que Jacques Chirac rendra célèbre en 1995, 4 ans après la fin de la CX, le citroëniste passionné qui adorera les petits « plus » comme le compteur de vitesse « pèse personne », la direction Diravi, la suspension hydropneumatique, l’ergonomie « satellitaire », la liseuse extensible (façon scoubidou).
Après, chacun ses goûts : la série 1 a un style plus pur, tandis que la série 2 semble plus moderne (même si elle perd certains « attributs » Citroën) et est surtout plus performantes. Sachez qu’elle fut un temps exportée de façon rocambolesque et non-officielle aux Etats-Unis (lire: CX Auto). Aujourd’hui, on trouve des CX à tous les prix, mais en bon état elle commence à prendre de la valeur, surtout dans les versions Prestige, GTI et Turbo 2.
Entre 1974 et 1991, plus de 1 millions de CX furent produites. Si beaucoup ont disparu de leur belle mort ou à l’occasion de primes à la casse successives, il n’est pas rare d’en croiser dans la circulation de tous les jours, preuve de leur robustesse et de leur fiabilité. Attention cependant aux bataves, grands amateurs de Citroën qui ont tendance à racheter tout ce qui est en bon état avec deux chevrons dessus.
Enfin, il y eut un amateur « peu catholique » de CX en la personne d’Erich Honecker, le maître de la RDA) qui s’en fit livré quelques exemplaires spéciaux pour lui et la STASI (lire : La Stasi roulait en Citroën !)
Sur le même sujet : la Citroën CX GTI Turbo et Turbo 2