YOUNGTIMERS
CITROËN
FRANÇAISE

Citroën C6 : la plus belle voiture du monde pour le plus grand des fiascos !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 16/03/2018

Chacun ses plaisirs. L’un des miens consiste à compulser des heures un tableau Excel pourvu qu’il soit rempli des chiffres de production d’un constructeur comme Citroën, année par année et modèle par modèle. Chaque ligne est pour moi une surprise, une confirmation, voire une idée d’article. Quand ce tableau vient directement de chez Citroën, il n’en prend que plus de valeur. Et inévitablement, mon regard va se porter sur les petites lignes cachées, celles qu’on ne remarque pas, portant sur les FAF, les Méhari 4×4, ou bien les GS Birotor (lire aussi : GS Birotor). Enfin, mon œil avisé finit par tomber sur l’encart C6. Et là, les envies d’articles remontent comme la moutarde au nez. Comment diantre a-t-on pu vendre aussi peu d’exemplaires de la plus belle berline du monde ?


La plus belle voiture du Monde

Voilà, c’est dit : la Citroën C6 était et reste la plus belle berline du monde, et sans aucun doute le plus grand fiasco industriel dans ce domaine. Alors que je prenais mon café à la terrasse, en plein marché henrichemontais, j’ai vu passer en moins d’une demi-heure 3 exemplaires de C6. Me venait alors à l’esprit cette réflexion : soit le Berry est l’endroit du monde où la grande Citroën s’est le plus vendue (ce qui, vu le nombre de C15 encore en circulation, pourrait s’avérer exact, lire aussi : C15), soit la C6 est si belle qu’on la remarque à tous les coups.

Une filiation pas si évidente que cela, tant la C6 s’apparente à la CX, en fait !

Lors de mes discussions avec différents constructeurs, j’ai souvent entendu la phrase : « pour qu’on commence à percevoir qu’une voiture existe, il en faut au moins 15 000 exemplaires en circulation ». Je tiens donc la preuve que la C6 est la plus belle berline du monde, car avec 23 421 exemplaires produits entre 2005 et 2012 et un pic de production en 2006 avec 9 135 véhicules sortis des chaînes, ce total n’aura été atteint qu’en 2007, soit 3 ans après son lancement. Et pourtant, tout le monde la connaît, l’admire, la voit passer encore aujourd’hui dans la rue (sans l’acheter du temps où elle était en concession).

Une berline dans la tradition Citroën

Oui, la C6 était et restera la plus belle berline du monde, mais elle apporte la preuve que le physique ne fait pas tout. La grande berline, digne héritière des XM (lire aussi : XM), des CX avec lesquelles elle partage des lignes similaires (lire aussi : CX), ou des ID/DS (lire aussi : ID et DS), était arrivé bien trop tard sur le marché pour convaincre. Intérieur passé de mode, clientèle traditionnelle Citroën ayant déserté depuis 6 ans les concessions puisque la XM n’était pas remplacée, équipement technologique dépassé à l’heure où l’infotainment était devenu un argument de vente, offre de motorisation à contre-courant, tarifs délirants, sans parler du coup de grâce, avec le lancement de DS la marginalisant encore plus en 2010 (lire aussi : histoire et analyse de la marque DS).

Intérieur indigne de son standing, et l’accent mis sur le diesel, un combo perdant pour une voiture pourtant si belle

Parlons des moteurs justement. A son lancement, seuls 3 moteurs sont proposés : deux diesels (un 4 cylindres de 170 ch, un V6 de 204 chevaux) et un seul essence, un peu juste (3 litres ES9 V6 de 211 chevaux). Fin 2008, au lieu de marquer le coup et d’offrir une évolution du V6 essence, c’est le V6 Diesel qui voit passer sa cylindrée à 3 litres et sa puissance à 241 chevaux, tandis que la version essence est tout bonnement supprimée. Résultat, on se retrouve avec deux raretés, puisque la version V6 Essence se vendra à 2 783 exemplaires au total, tandis que la V6 Hdi trouvera 4 084 acheteurs. La part du lion (enfin, si on peut dire) reviendra à l’ancienne version V6 Hdi 2.7, avec 13 081 unités, tandis que le 4 cylindres diesel, qui quittera les concessions en 2010, ne trouvera pas plus de 3 473 clients.

Les raisons d’un échec

Mais comment se fait-il, au delà des raisons invoquées plus haut, que la C6 ne se soit pas vendue ? Lancée trop tard (le concept Lignage annonçant la C6 fut présenté en 1999 tandis que la berline ne paraîtra qu’en 2005), barrée par la 607 qui avait dès le départ tué dans l’oeuf le projet Citroën (lire aussi : Peugeot 607), mal vendue par des concessionnaires qui ne gagnaient pas plus d’argent avec elle qu’avec une C4, peu soutenue par des dépenses marketing et publicitaire réduites à néant, voilà comment on passe de ce qui aurait pu devenir la nouvelle DS à un truc invendable qui réussira juste à battre les records de production à l’envers en 8 années de carrière. Rajoutez à cela un standing du mobilier intérieur digne d’une Oltcit Club, ce qui pour un haut de gamme, peut s’avérer rédhibitoire (lire aussi : Oltcit Club / Citroën Axel), et vous obtenez le fiasco le plus retentissant du siècle (au moins du 21ème).

Mais cet échec flagrant a un mérite, et un seul : aujourd’hui, rouler en C6 relève du militantisme, du chauvinisme, de l’exploit, et pour tout dire, du summum du bon goût. Regardez-vous : que ceux qui ne se retournent pas à son passage lèvent le doigt, et filent dans leur chambre ! Son dessin est encore extraordinairement moderne (alors que la Lignage quasi identique avait révélé son design il y a 20 ans déjà), ses performances absolument pas ridicules, bien aidée en cela par sa suspension hydraulique de dernière génération (la fameuse Hydractive III+), son confort tout à fait exceptionnel. S’il y a aujourd’hui une bonne affaire à faire, c’est d’investir dans une C6, car en plus d’être collector, il s’agira rapidement de votre voiture de tous les jours.

Puisqu’on vous dit qu’il y a quelque chose qui vient de l’Est dans la C6 !!!

Bref, comme avec les bébés phoques, il faut sauver l’espèce : achetez tous une C6, avant qu’elles ne s’en aillent toutes en pays batave voire au Japon (car je connais un concessionnaire là-bas, le bien nommé Javel, qui en importe déjà un paquet au pays du soleil levant). Soyez visionnaire, que diable !

Carjager vous recommande

undefined
Citroën CX 25 GTi Turbo : la meilleure pour la fin
« Affublé d’un turbocompresseur Garrett, le 2,5 litres exhale 168 ch à 5000 tours/minute, le couple atteignant pour sa part la valeur de 294 Nm à 3250 tours »
Nicolas Fourny - 29/10/2024
Lire la suite
undefined
Opération Dragon : la Citroën AX à la conquête de la Chine !
« C’est l’occasion pour l’AX de prouver sa robustesse et de contrer, en creux, les accusations de soi-disant fragilité »
Nicolas Fourny - 03/09/2024
Lire la suite
undefined
La Citroën CX a 50 ans : du projet L à la GTi Turbo 2
« Réalésé à 2,5 litres dès 1983, le gros quatre-cylindres a successivement reçu le renfort d’un turbocompresseur Garrett puis d’un échangeur air/air »
Nicolas Fourny - 16/07/2024
Lire la suite

Vendre avec CarJager ?