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Citroën Berlingo Bulle : une 2CV du 21ème siècle restée au stade de concept

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 11/10/2017

Avant même d’avoir totalement écris l’article, j’imagine la réaction classique de certains « observateurs » sur les réseaux sociaux : « beurk », « c’est moche », « quelle horreur », seront les réactions avant toute lecture de cet article. Comment les blâmer puisque même l’Argus classe le Berlingo Bulle parmi les pires concept-cars de 1990 à nos jours (à lire : les pires concept-cars). J’ai pourtant une vision légèrement décalée de cette drôle de voiture restée pourtant one-off : n’y avait-il pas, là, sous la main, la 2CV du XXIème siècle que Citroën aurait laissé passer ?

Bien entendu, je ne peux pas, si je suis honnête, dire que cette Bulle est belle. Pourtant, un peu plus de 20 ans après sa présentation, j’avoue que la regarder me fait avoir des regrets alors qu’elle ne m’avait pas fait tant d’effet que cela en 1996 ! Peut-être que mes yeux se sont habitués à découvrir (et à aimer) des designs différents, décalés, et surtout peut-être que la mode du « revival » est passée par là. En 1996, l’heure n’est pas tout à fait au re-création, mais force est de constater qu’il y a de la 2CV dans cette Bulle.

Franchement, vous trouvez ça beau ? Si la voiture était restée un prototype, lui trouveriez-vous aujourd’hui du charme ?

Regardez bien la photo ci-dessus : vous découvrirez l’un des premiers prototypes de la 2CV, et permettez-moi de vous dire qu’il n’est pas vraiment beau. De même que la 2CV « de série » détonnait tout de même en 1949 avec les autres populaires. Sans penser que la Bulle soit aussi révolutionnaire que ne l’était cette ancêtre, elle va chercher l’originalité au même endroit, le design, tout en offrant, a priori, l’économie suffisante pour la rendre populaire au sens même de la 2CV : une voiture accessible, pas chère, familiale ET utilitaire, et surtout différente.

Que la Bulle dérive d’un utilitaire n’est d’ailleurs pas un hasard. A cette époque, le Berlingo et son frère jumeau Peugeot Partner venaient juste d’être lancés sur un châssis re-travaillé façon utilitaire de ZX/306. Une base déjà amortie, et qui le sera encore plus avec ces deux versions « en bleu de travail » (il s’en vendra un maximum durant leur longue carrière). C’était cela, l’idée forte du directeur du Centre de Création Citroën (CCC), Arthur Bakeslee : réduire les coûts grâce à une plate-forme et une base mécanique éprouvée, mais aussi grâce à un design facile à emboutir et usiner.

Regarder un peu ses lignes : l’avant du Berlingo est peu modifié, tout en récupérant une personnalité propre avec un tout petit détail, ses feux avant qui perdent leurs glaces et gagnent un fond peint, « efficace et pas cher ». Les portes avant comme arrière sont presque plates, les découpes sont rondes et faciles, sans fioritures de « galbe ». La rondeur, c’est le profil qui le lui donne à cette Bulle, comme son ancêtre 2CV.

Avec une base utilitaire issue elle-même du segment supérieur (ZX/306), on peut offrir une citadine pas chère tout en offrant 5 vraies places, et un coffre à peu près digne de ce nom. Les gros pare-chocs en plastoc ne s’intègrent pas si mal dans l’ensemble, tout en protégeant la carrosserie pour une utilisation en ville. Haute de plafond, la Bulle joue là dessus, comme, encore une fois, la 2CV, pour offrir une impression d’espace non négligeable.

Economie mais efficacité dans le style (qui à mon avis aurait fini par plaire), économie dans la technique avec sous le capot, un 1.1 litre 4 cylindres de 60 chevaux utilisé déjà sur le Berlingo comme sur une tripotée de modèle PSA, on est pas loin de toucher du doigt l’idée de low cost expérimentée quelques années plus tard par Renault avec Dacia. Avouez qu’il y avait quelque chose à proposer, en entrée de gamme, à côté d’une Saxo encore en activité. L’idée de rondeur sera reprise sur la C3 en 2002, mais sans le côté low cost précédemment évoqué.

Chez Bakeslee, il y avait l’idée de montrer que la base des Berlingo/Partner pouvait être déclinée. En 1996, aux côtéx de la Bulle, dessinée par Citroën mais réalisée par Heuliez Torino, seront présentés le Coupé de Plage, dessiné en collaboration avec Bertone, et le Grand Large concept qui lui sera décliné en série en tant que « ludospace ». Autant de propositions montrant le potentiel très « Citroën » d’une base presque conçue en marque blanche.

La Bulle restera un concept, mais imaginez ce qui aurait pu se passer si la décision de la produire avait été prise ? On aurait pu voir une 2CV des temps modernes, sans chercher à la singer, ou bien une Axel réussie (lire aussi : Citroën Axel / Oltcit Club). Enfin, avec des si, on pourrait mettre Paris en bouteille, mais une chose est sûre : cette Bulle n’était pas si idiote que cela !

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