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Citroën Acadiane : la star de nos campagnes

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 19/09/2016

Habiter en province, et qui plus est en pleine campagne, permet de parfois se croire dans une autre époque… En ce pays agricole qu’est le Berry, on achetait des utilitaires à tout faire, pour la ferme, les livraisons, le marché, voire transporter les gamins à même la tôle à l’arrière. Et surtout, on les achetait pour qu’ils durent, durent, durent, au point qu’il en reste un sacré paquet aujourd’hui. La palme revient au petit dernier, le Citroën C15 (lire aussi : Citroën C15), sur-représenté en campagne. Mais aux côtés de ce moderne destrier tendance collector se maintient en bonne place sa grande sœur, l’Acadiane, toujours fringante malgré son âge, son bicylindre et ses 31 ou 35 poneys, à la peine en pleine charge ou en montée (ou les deux).

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Papy y tient à son Acadiane. Il se contrefiche de savoir si son modèle est devenu une voiture de collection, car avec elle, il peut toujours tout faire, à petite vitesse mais avec des cageots à l’arrière. S’il va plus souvent « à la grande surface » (comme il dit) qu’au marché hebdomadaire, il la connaît par cœur depuis le temps, sans risque d’excès de vitesse, et elle lui va comme un gant : sûrement mieux en tout cas que l’ami Robert qui, par excès de modernité, s’est rabattu sur une Microcar, Aixam, Ligier et consorts, sans se douter qu’il allait la regretter, son Acadiane et sa capacité d’emport.

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Et puis, on aura beau se moquer, elle n’est pas si vielle, sa bagnole : les premiers exemplaires sont sortis des chaînes espagnoles de Vigo fin 1977, 10 ans après la Dyane dont elle dérive (lire aussi : Citroën Dyane). Contrairement à la Dyane qui n’a pas tué la 2CV, et s’éteindra avant elle, l’Acadiane a remplacé purement et simplement la 2CV fourgonnette, tout en survivant à la sortie du C15 en 1984, durant sur les chaînes jusqu’en 1987, et jusqu’en 1988 au catalogue (fallait bien écouler les stocks). Bon, fallait plus se faire d’illusion en ces années là : seuls 3936 exemplaires seront fabriqués la dernière année.

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Celle du Papy, il sait même plus de quand elle date, ni vraiment le nombre de kilomètres qu’il a parcouru avec, et d’ailleurs il s’en tape le coquillard. Il peut emmener Germaine au loto, de temps en temps, voire au bal, quand ses rhumatismes ne le font pas trop souffrir. Justement, avec ses suspensions yoyo, on dirait qu’elle est faite pour les vieux, l’Acadiane. Papy, il avait bien acheté une AX Kway à la fin des années 80, mais il s’y était jamais fait au plastique et à la taille lilliputienne : depuis, elle dort sous la grange et sert de poulailler, tandis que l’Acadiane continue de rendre des services comme on en fait plus. D’ailleurs, comme elle passe partout, c’est hyper pratique pour aller aux champignons… Pas besoin de ces satanés « quatquat », comme il dit le Papy.

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Après l’apéro avec les potes au café du village, Papy roule doucement, de toute façon il habite à 1 km, sur une route où y’a pas de voiture. Et pour éviter les condés, il peut prendre le petit chemin par la rivière, un chemin en terre plein d’ornières, « là où la maréchaussée passe pas avec le Ford Transit ». Et puis au pire, l’adjudant c’est son neveu, et il lui a déjà donné son compte de taloches quand le morveux était encore qu’un gamin. Avec les vapeurs d’alcool, Papy se gausse du nom de sa monture : « Acadiane », mauvais jeu de mots des gars de Citroën (bah ouais, les utilitaires portaient le nom d’AK, et celui-là dérivait de la Dyane, et puis, l’Acadie, ça sonne bon la France d’avant, quand on avait des trappeurs et des aventuriers qui sillonnaient les Amériques du Québec à la Nouvelle Orléans).

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Non vraiment, Papy le regrette pas, son achat d’il y a, pfiou, 35 ans environ. 35 ans qu’elle rend service, 35 ans que Papy plonge sous le capot pour bricoler quand ça part en couille. Ce qui l’embête, Papy, c’est qu’il pourra plus aller au Salon de l’Agriculture avec, comme tous les ans, en passant par les départementales plutôt que par l’Autoroute (« saleté d’autoroute, ça roule trop vite crédieu, pis ça coûte »). La faute à une espagnole qu’ils ont dit dans le poste, sur Radio Luxembourg, ou Europe numéro 1, il sait plus trop.

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Dommage parce que ce voyage à Paris, en Acadiane, c’était l’occasion d’emmener Germaine au Lido, ou au Moulin Rouge. Tant pis. Il se demande comment vont faire tous les autres, comme lui, ces 253 393 propriétaires qui pourront « pu rouler ». Parce que Papy, comme il en croise encore beaucoup des Acadiane comme la sienne, il pense que tout le monde a fait comme lui : la garder amoureusement. A sa mort, il la léguera à son fils, imaginant sans doute aucun que le fiston troquera son affreux monospace pour revenir aux vraies valeurs au volant de l’Acadiane familiale. Le fiston, lui, sait déjà qu’il la revendra à un collectionneur à un tarif que Papy n’imagine même pas. Décidemment, tout se perd !

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