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BMW Skytop : il n'y en aura pas pour tout le monde (hélas)

Nicolas Fourny - 18 oct. 2024

« La démarche captive par son insolence, alors que les biplaces basses et puissantes se sont considérablement raréfiées depuis une dizaine d’années »

Certains concept cars s’avèrent si réalistes que, bien souvent, les amateurs se laissent aller à rêver : et si leurs constructeurs allaient jusqu’au bout de leur démarche en les industrialisant, ne serait-ce que pour les produire en petite série ? Bien entendu, dans 99 % des cas la réponse est négative et, de la Peugeot Oxia à la Mercedes C112 en passant par le cabriolet Volvo 480, on ne compte plus les déceptions engendrées par la pusillanimité des marques concernées, qui trouvent toujours de très bonnes raisons pour ne pas commercialiser les plus excitantes de leurs créations. Toutefois, de temps à autre une firme plus audacieuse que les autres tente l’aventure – et en l’espèce, ces dernières années, BMW nous a littéralement gâtés avec sa 3.0 CSL, construite à cinquante unités en 2023, avant de récidiver en cet automne 2024 avec une Skytop qui, comme on va le voir, mérite elle aussi tout l’enthousiasme qu’elle suscite !

Une divine surprise

Depuis 1929, le concours d’élégance de la Villa d’Este, sur les rives du lac de Côme, constitue l’une des grand-messes annuelles du design international. Organisateur de l’événement depuis vingt-cinq ans, BMW profite fréquemment de ce splendide écrin pour présenter certains de ses concept cars et prototypes, dont beaucoup correspondent à des réinterprétations d’anciens modèles – que l’on songe à la M1 Hommage de 2008, à la 328 Hommage de 2011 ou à la Garmisch de 2019. Pour autant, la Skytop ne relève pas de la même démarche et n’a, grâce à Dieu, rien à voir avec les restomods triviaux qui pullulent ici et là. Il s’agit bien au contraire d’une automobile réjouissante à tous égards et qui, si elle comporte certaines citations stylistiques propices à rappeler le passé de la firme bavaroise, n’en demeure pas moins une création originale, sur le plan du design tout au moins. Voilà qui est déjà réconfortant dans le contexte actuel – ce d’autant plus lorsqu’on inventorie les caractéristiques de l’objet, qui n’est ni un SUV, ni un déplaçoir à piles, mais un coupé découvrable dont le V8 se débrouille sans l’aide d’aucun moteur électrique !

Éloge de la simplicité

Avant d’entrer dans le vif du sujet, une question cardinale peut légitimement se poser : la Skytop est-elle réellement un concept car que son constructeur a finalement décidé de produire afin de répondre à une demande inattendue découlant de l’enthousiasme suscité par l’auto, ou bien sommes-nous en présence d’une opération de communication savamment écrite dont l’issue était prévue dès l’abord ? La réponse est probablement contenue dans la question et, de fait, tous ceux qui ont pu approcher l’auto lors de sa présentation en Italie sont unanimes : le réalisme de la plupart des détails de la carrosserie comme de l’habitacle – qui n’est autre que celui de l’actuelle Série 8, qui a servi de base à la Skytop – pouvait aisément suggérer que BMW avait dès le départ envisagé une production en série – si l’on peut dire pour une voiture dont seuls cinquante exemplaires prendront la route, et probablement pour parcourir assez peu de kilomètres… Adrian van Hooydonk, designer en chef du groupe BMW, rattache la Skytop aux illustres devancières que sont la 503 (1956-1959) ou, plus près de nous, la Z8 produite de 1998 à 2003. Il est difficile de le contredire sur ce point, tant l’auto, par sa simplicité formelle et le dépouillement assumé de ses lignes, semble éloignée du style volontiers torturé et inutilement complexe des BMW actuelles.

La M8, telle qu’elle aurait dû être

La démarche peut donc surprendre et, à tout le moins, captive par son insolence, alors que la plupart des constructeurs européens tournent résolument le dos aux moteurs thermiques et que les biplaces basses et puissantes se sont considérablement raréfiées depuis une dizaine d’années. Il serait facile d’en conclure que la Skytop est une sorte de chant du cygne – en quelque sorte, les dernières lignes d’un long et fructueux chapitre que la transition écologique et le politiquement correct contraignent néanmoins l’industrie automobile à conclure au plus vite. Fort heureusement, BMW fait partie des entreprises les plus lucides et les moins moutonnières en l’espèce ; elle n’a pas renoncé à développer des moteurs nourris aux carburants d’origine fossile. Quand la fête sera finie pour de bon, la firme de Munich fera sans doute partie des derniers Mohicans mais, en attendant, la Skytop, telle qu’elle nous est proposée, s’apparente déjà à un très émouvant témoignage de ce qu’aura été l’automobile « avant ». L’étroite parenté technique qui la relie à sa matrice, la M8 Competition, dont elle reprend toute la base – V8 biturbo de 625 ch et transmission intégrale xDrive – pourrait, si nous étions d’humeur facétieuse, nous inciter à nous demander pourquoi BMW n’a pas choisi d’inscrire cette somptueuse Skytop à son catalogue régulier en lieu et place de la Série 8, dont l’agressivité surjouée et les plis de tôle superfétatoires vieilliront sans nul doute nettement plus mal…

La Munichoise qui valait un demi-million

Alors que ses cotes sont à peu près identiques à celles du cabriolet M8 – dont elle reprend d’ailleurs le pare-brise et les portières –, la Skytop présente des proportions très différentes. L’adjonction d’un très large arceau de sécurité et le remplacement de la capote souple par deux demi-toits (démontables manuellement) déterminent à eux seuls la physionomie et le typage de l’auto, dont le profil rappelle la grande époque des BMW shark nose. Là encore, et de façon tout aussi surprenante, le design de la Skytop n’a rien à voir avec les dernières réalisations de la marque, aussi lourdingues que vulgaires. Bien sûr, il faut tolérer la calandre illuminée de nuit mais, dans l’ensemble, l’auto s’avère extrêmement désirable jusqu’aux moindres détails. Evidemment, certains vont peut-être tousser en découvrant le tarif estimé de l’auto : rien d’officiel à ce jour, mais on parle d’environ 500 000 euros, soit deux fois et demie plus cher que la M8 décapotable, sans que la Skytop n’apporte quoi que ce soit de plus en termes de performances chiffrées. Sa légitimité réside tout entière dans les spécificités de sa carrosserie mais, compte tenu de son charisme, il ne fait aucun doute que la production sera vendue avant même d’avoir commencé. Si vous arrivez trop tard, il existe cependant un très joli lot de consolation qui, de surcroît, vous coûtera moins cher : sur le marché allemand, les plus belles Z8 n’atteignent pas les 400 000 euros ! À bon entendeur…

4395 cm3Cylindrée
625 chPuissance
50Nombre d'exemplaires



Texte : Nicolas Fourny

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