BMW Italdesign M12 et C2 Nazca : hommage du fils à la M1 du père
Vous commencez à connaître Giorgetto Giugiaro, à force de voir son nom sur Boîtier Rouge ou ailleurs. D’une certaine manière, c’est devenu un intime, tant il a dessiné de bagnoles qui ont bercé votre enfance ! Mais vous ne connaissez pas forcémment son fils Fabrizio. Comme vous et moi, il a été fasciné par son génial paternel, et contrairement à vous et moi, il a suivi la même voie que son père en devenant designer auto.
Normal me direz vous : avec un père et un grand père architecte, il aurait été normal que je le devienne sans que cela ne choque personne. Bref, le Fabrizio, il se dit, au début des 90’s que plutôt que d’écouter « Pump up the Jam » en boucle sans rien glander, il ferait mieux d’imiter son père, ou du moins de lui rendre hommage. Bon ok, c’est plus facile à faire quand on a Italdesign comme support pour pondre la M1 du futur (lire aussi : BMW M1). En 1991, le fils, avec l’aval du père, nous pond une « M1 revival » appelée M12 ! Pas con. On lui rajoute un petit nom Inca histoire de pas trop pomper Papa : va pour la Nazca !
Pas évident cependant de reproduire un chef d’oeuvre. La M1 était parfaite, et même en 2017, elle garde une ligne étonnamment moderne. Dans les 90’s, l’heure est plus aux courbes qu’aux angles, et la « nouvelle » M1 (la M12 donc, vous suivez?) s’avère beaucoup plus fade et beaucoup moins acerbe que sa glorieuse aînée. Le rondouillard fait son apparition dans le monde automobile, et c’est pas forcément toujours top.
L’intérieur d’une M12, avec l’instrumentation centrale orientée vers le conducteur, typique d’une béhème !Peu importe, la vraie arnaque avec la Nazca M12, c’est qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une série 8 re-carrossée, dotée du V12 M70 de 5 litres et poussé à 300 canassons. Enfin pas tout à fait, car en fait, le moteur trouve place en position centrale arrière plutôt qu’à l’avant : « ok c’est pas une si grosse arnaque que ça ». Pour le look, je vous laisse juge, c’était dans l’air du temps, et j’avoue qu’à l’époque je ne l’avais pas trouvée mal… Aujourd’hui, je la trouve assez fade.
La C2 revient vers un style plus classique à l’époque, avec un avant plus proche de la Série 8La Nazca M12 est présentée à Genève comme un hommage, mais chez Italdesign on voit un potentiel, et on se dit que… y’a un potentiel. Alors aussitôt on se remet à l’ouvrage pour pondre une C2 potentiellement vendable. Le design évolue légèrement (étrangement la C2 paraît plus daté que la M12 alors qu’elle est plus récente), notamment au niveau des phares avant et arrière, mais on conserve l’idée originale des « semi-portes papillon » : la portière s’ouvre et la vitre se relève (ou comment se compliquer la vie).
Côté moteur, on a conscience chez Italdesign que se limiter aux 300 ch du V12 n’est pas suffisant… On fait donc appel à Alpina pour retravailler le bloc moteur qui sort désormais 350 chevaux (lire aussi : Les Alpina E36). Cool ! Un ou deux princes arabes ou du sud-est asiatique sortiront le carnet de chèque tandis que 3 exemplaires (en comptant le proto) seront fabriqués. Les bagnoles seront construites fin 91 pour être présentée… encore une fois à Genève en 1992.
Le spider est une C2 sans les « vitres-papillon » et avec T-RoofPourquoi alors s’arrêter en si bon chemin ? Puisqu’il y a des gens prêts à acheter, autant y aller à fond. En 1993, la C2 Spider est présentée. Le moteur passe alors à 380 chevaux (merci encore Alpina), et on propose tout bêtement une C2 sans ses « vitres-papillon » mais avec un T-Roof… Mouais. Entre temps, les supercars progressent, et la Nazca semble un peu dépassée. Le Spider restera à l’état de prototype.
Au total, 1 M12, 3 C2, et 1 C2 Spider, 5 voitures pour un souvenir lointain qui n’aura pas vraiment marqué les esprits. Pourtant, avec le recul, on regrette tous ces carrossiers/designers, Italdesign, Heuliez, Pininfarina, etc qui tentaient des coups au cas où. Pas vraiment des arnaques, juste des spin-off qu’aujourd’hui les constructeurs eux-mêmes proposent grâce à leurs départements « sur mesure ».. Autre temps, autres mœurs !