Ford Focus RS Le Mans Classic : 5 voitures uniques et historiques

Cette fois-ci, Ford dispose d’une sportive dans la gamme, la Focus RS. Bien que sortie en 2009, elle reste d’actualité puisque la version surpuissante RS500 (en version limitée) allait bientôt est présentée. Pourquoi ne pas accompagner ce lancement, au Mans, avec des RS spécifiques ? Pour que l’opération ait un peu d’impact, il fallait au moins 5 véhicules différents. La première tâche sera donc de sélectionner les sportives Ford « donneuses » de décoration.

Le choix se fera rapidement. Seront choisies la GT40 MkII victorieuse en 1966, la MkIV victorieuse en 1967, la MkIIB engagée par l’Ecurie Ford France en 1967, l’inévitable et célèbre GT40 aux couleurs de Gulf Oil, la célèbre compagnie pétrolière américaine aux si jolies couleurs bleu et orange, et enfin , la Capri 2600 RS ayant remporté la catégorie tourisme en 1972. Les lecteurs présents sur Facebook comprendront donc mieux les indices laissés sur la page Boîtier Rouge. 5 voitures à la livrée particulière allaient donner naissance à 5 Focus RS particulièrement exclusives !

Dès le départ de l’aventure, il est décidé de ne pas réitérer l’expérience d’une modification moteur avec Roush/Mountune : la 260 LMC n’était pas un modèle de cartographie (par manque de temps plus que par manque de compétences). Mécaniquement, les 5 Focus seront donc strictement d’origine. D’autant qu’elles seront présentées au Mans avec une 6ème voiture noir mat : la RS500, à laquelle il ne fallait pas faire d’ombre (elle développait 350 ch au lieu de 305, le tout transmis au train avant!).

Rapidement, au siège de Ford France, on décide de faire les choses bien. Hors de question de juste coller des stickers sur des voitures : elle recevront une véritable peinture. Sur la Focus RS, seules 3 peintures étaient disponibles : blanc, bleu et vert « austral » (un vert très « flashy »). Ford utilisera des RS blanches, qui seront repeintes par la suite ! Sacré boulot en perspective : repeindre chaque jante prend 2 heures (décapage compris), soit 8 heures pour chaque voiture.

Côté sellerie, pas question non plus d’offrir du « cheap ». Chaque siège Recaro sera réalisé à la main, en cuir et alcantara, avec des surpiqûres rappelant les couleurs de chaque carrosserie ! Du cuir, on en rajoutera aussi sur le soufflet de levier de vitesse, celui du frein à main, sur l’accoudoir central ainsi que sur le guide de ceinture (rajouté, il n’existe pas dans les versions de série). Pour rajouter au côté exclusif de chaque voiture, une plaque rappelle la série Le Mans Classic, sa rareté (1/1) et la voiture ayant servi de modèle (avec son année, son palmarès, et son meilleur temps au tour).

Pour ceux qui, comme moi, aiment l’exclusif, difficile de faire mieux avec ces 5 Focus RS très spéciales. Elles étaient en outre équipées de pneus Toyo R888, adaptés au circuit, au lieu des Continental de série, plus typés « route ». Cinq petits veinards allaient pouvoir s’offrir l’une de ces 5 Focus RS, mais pas n’importe comment. Pour Ford, il ne suffisait pas de disposer d’un portefeuille garni : il fallait aussi faire acte de candidature, et expliquer pourquoi on serait le propriétaire idéal de l’une de ces RS LMC ! Les réponses affluèrent, et les plus originales et motivées permirent à leurs expéditeurs de s’acheter la voiture de leurs rêves…. ainsi qu’une montre. Car chaque RS était vendue avec une montre Richard Mille : un chronographe à 3 compteurs produit à 600 exemplaires seulement.

Pour l’anecdote, l’acheteur de la Focus aux couleurs de la MkIV victorieuse au Mans 1967 (rouge) envoya une boîte en bois entièrement rouge, avec le logo RS collé dessus : à l’intérieur, 305 enveloppes (comme le nombre de chevaux). Les 304 enveloppes rouges contenaient 304 raisons différentes d’acheter la voitures, tandis que la dernière enveloppe noire contenait l’unique raison contre : « Je ne suis pas sûr de l’avoir ».

Autre petite anecdote, la pingrerie de certains. Alors que les photos sont prises et envoyées avec le communiqué de presse, les ayant droits de la marque Gulf se réveillent. En voyant la Focus RS parée de ses antiques couleurs, ils contacteront Ford France pour… exiger le paiement de droits d’utilisation (dont le montant restera secret). Une fois les droits payés, Ford rajoutera légalement le logo Golf sur l’aile arrière, juste avant le passage de roue. Voilà pourquoi sur les photos « presse » ce logo est absent, tandis que sur les photos du Mans, le logo est bien là ! Enfin, pour obtenir un orange type « Gulf », il aura fallu se fournir chez… Lamborghini. Chaque nouveau propriétaire aura droit aux références peintures pour pouvoir réparer tout accroc dans le futur.

Lors de la présentation au Mans Classic, les 5 Focus RS LMS eurent un succès incroyable. Et l’initiative de Ford France se retrouvera dans les journaux automobiles du monde entier. Les voitures seront enfin vendues à leurs propriétaires après la course, à des tarifs plutôt raisonnables. La RS de base coûtait 34 000 euros : la moins chère des RS LMC (la blanche à bandes bleues et liseré rouge) sera vendue à 39 000 euros, tandis que la plus chère (la Gulf) le sera à 45 000 euros environs, montre comprise ! Depuis Ford France reçoit régulièrement des nouvelles de ses 5 protégées, certaines ayant changé de mains, d’autres restant au chaud chez leurs propriétaires initiaux !

Pour finir l’année en beauté, la Focus RS500 recevra le titre de sportive de l’année, alors que la RS l’avait raté d’un cheveu en 2009 ! Vous saurez en tout cas qu’il existe 5 Focus RS encore plus désirables quelque part en France. Des voitures particulièrement « Boîtier Rouge » pour leur rareté, leur exclusivité, leur histoire… et leurs performances ! A l’heure de vous acheter une sportive ultra efficace (malgré leur statut de « traction ») et abordable, rappelez-vous leur existence : avec un peu de chance, vous réussirez à retrouver l’une de ces 5 Ford Focus RS Le Mans Classic.

Enfin, il se murmure que Ford France, toujours partenaire du Mans Classic 2016, pourrait bien refaire un coup ! Quelque chose de raisonnable et sans arrogance semble-t-il… Affaire à suivre donc !

Merci à Fabrice Devanlay (Ford France) pour le temps passé, les photos exclusives et les anecdotes !

PHOTOS : S PRESSE / CLAUDE SAULNIER