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5 voitures européennes exportées aux USA

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 28/05/2019

Les Etats-Unis représentent un important marché automobile, mais particulièrement exigeant. Bien des constructeurs s’y sont cassés les dents ou, au contraire, y ont construit leur image. Voici l’histoire de 5 voitures européennes conçues pour l’Amérique ou cherchant à la conquérir.

Porsche 356 Speedster

En 1952, le carrossier allemand Heuer a une idée de génie : pour conquérir le marché américain, il faudrait proposer une version découvrable moins chère que la Porsche 356 Cabriolet tout en lui offrant un look plus sportif. Il va alors se lancer dans la production de la 356 Roadster America, allégée de 150 kilogrammes grâce à l’usage de l’aluminium et à l’équipement spartiate. Malheureusement, la faillite de 1953 mettra un terme à ce projet après 16 ou 17 exemplaires (selon les sources).

Pourtant, cette initiative n’est pas passée inaperçue : Max Hoffmann, importateur Porsche aux Etats-Unis, comprend tout de suite l’intérêt d’une telle version. Elle permettrait de flatter la sportivité d’une certaine clientèle tout en proposant un produit encore relativement abordable. Il va donc insister auprès de Porsche pour qu’une telle version voit le jour, sur le modèle de la 356 Roadster America.

C’est ainsi qu’en 1954 voit le jour la 356 Speedster, dérivée de la 356 Cabriolet. Avec sa ligne plus basse, son absence de capote et son intérieur spartiate, le Speedster respire la sportivité. Plus léger que le cabriolet, il est disponible en deux versions : 1 500 (60 chevaux) et 1 500 S (70 chevaux). Il évoluera à partir de 1956 vers des version 1300/1300S et 1600/1600S.

La totalité des 356 Speedster produites entre 1954 et 1958 seront vendues aux USA, renforçant l’image sportive de Porsche outre-Atlantique. Peu à peu, les Etats-Unis deviendront un des principaux marchés de la marque de Stuttgart.

Renault Dauphine

Dans les années 50, la France est en pleine recherche de devises pour poursuivre sa reconstruction. Le gouvernement va donc insister pour que nos constructeurs nationaux exportent, en particulier aux Etats-Unis. Renault, entreprise nationalisée, se doit de montrer l’exemple. Depuis des années, la marque y distribue, par le biais d’importateurs locaux, des 4CV, mais n’a pour l’instant pas de réelle politique aux USA.

En 1957, Renault Incorporated, récente filiale américaine, va organiser la distribution de la nouvelle Dauphine, lancée l’année précédente en France. Un modèle dédié à l’Amérique, avec des phares ronds spécifiques, un nouveau capot, de nouveaux pare-chocs et autres menus détails, est produit à Vilvorde et à Flins sous le nom d’Export US. Au début, les objectifs sont mesurés avec 25 000 exemplaires par an.

Or, les débuts de la Dauphine sont tonitruants, obligeant Renault à revoir ses ambitions à la hausse, envoyant des dizaines de milliers de voitures par bateau vers l’Amérique. Malheureusement, la réputation de la petite française devient rapidement exécrable : rouille galopante, fiabilité douteuse, réseau de distribution trop disséminé, pièces détachées souvent introuvables, autant de défauts rédhibitoires aux USA. Les stocks s’accumulent tandis que les ventes baissent inexorablement.

Malgré de nouvelles adaptations et de considérables rabais, la Dauphine n’en finira pas de baisser dans les charts pour finir par être retirée de la vente en 1966. Spécificité américaine : une version électrique produite par Henney sous le nom de Kilowatt.

Mercedes 300 SL

Avec la 300 SL, on retrouve à la baguette le fameux Max Hoffmann, aussi importateur Mercedes pour les USA. Celui-ci est persuadé que les modèles sportifs sont de formidables vecteurs d’image. Après la victoire au Mans en 1952, puis de la Carrera Panamericana, par la Mercedes 300 SL W194 de course, Hoffmann va monter son cheval de bataille pour obtenir de Daimler-Benz une version routière destinée au marché américain.

Obtenant gain de cause, Hoffmann sera donc à l’origine de la fabuleuse Mercedes 300 SL W198. Il faut dire que pour convaincre, le dynamique importateur n’hésite pas à commander 1 000 exemplaires à Mercedes. C’est bien entendu à New York, en 1954, qu’est présentée la nouvelle sportive dotée d’un 6 en ligne à injection de 3 litres développant 210 chevaux (voire 240 en option).

Sa ligne particulièrement réussie marque les esprits grâce notamment à ses portes “papillon” surnommées “Gullwing” aux USA (aile de mouette). 1 400 exemplaires de la 300 SL seront produits entre 1954 et 1963, dont 80 % trouveront preneurs aux USA. Une version Roadster sera aussi produite à 1 858 unités tandis qu’une version plus abordable, la 190 SL (W121) complètera l’offre dès 1955 (25 881 ex).

Avec la W194, Mercedes affirme son image de luxe et de sport aux USA. Plus que des forts volumes, la 300 SL permettra aussi de vendre de nombreuses berlines Ponton outre-Atlantique grâce à l’image valorisante de ce “flagship” de luxe.

Fiat 124 Sport Spider

A l’origine, la Fiat 124 Sport Spider n’est pas destinée uniquement aux USA. Lancée en Europe en 1966, elle est alors le concurrent direct de l’Alfa Romeo “Duetto” dans la catégorie des petits cabriolets à l’italienne. Or le modèle d’Alfa va connaître un succès rapide aux USA dans la foulée de son apparition dans le film « Le Lauréat ». Fiat, sentant que son Sport Spider peut conquérir lui aussi les coeurs américains, va se lancer dans l’aventure à partir de 1968.


Sa ligne est relativement sobre et moins exubérante que celle de sa concurrente italienne, elle va s’avérer être une force sur le marché américain où le Sport Spider va séduire une clientèle plutôt traditionnelle désireuse d’un petit cabriolet de loisir bon marché et classique. Alors que les ventes baissent en Europe dès le début des années 70, elles se maintiennent voire progressent aux USA, à tel point que Fiat va prendre une décision inédite en 1974 : stopper la commercialisation sur le vieux continent de la 124 Sport Spider qui reste produite (en Italie) uniquement pour le marché américain.

A cette occasion, le cabriolet va se parer des ornements dus à la nouvelle réglementation américaine, notamment les gros pare-chocs à absorption d’énergie. Jusqu’en 1981, seuls les Etats-Unis recevront le Sport Spider. A cette date, Fiat décide de se “séparer” de son cabriolet et cède les droits de fabrication et d’outillage à Pininfarina.

Le carrossier va désormais produire la 124 Sport Spider sous sa propre marque : il s’appelle Azzura pour le marché américain, et Spidereuropa pour le marché européen qu’il retrouve enfin. Jusqu’en 1985, le petit cabriolet d’origine Fiat poursuivra sa route sous le blason Pininfarina avant de s’éteindre enfin, presque 20 ans après son lancement.  

Peugeot 405 US

En 1987, Peugeot sort un nouveau best-seller après la 205, la berline 405 habilement dessinée par Pininfarina. Elue voiture de l’année en 1988, elle semble idéale aux yeux de la direction pour enfoncer le clou aux Etats-Unis après le relatif succès de la 505. Après un pic des ventes en 1984 avec presque 20 000 voitures vendues, le soufflet est retombé et la 505 ne trouve que 9 000 clients en 1987.

Peugeot compte donc sur sa 405 modifiée pour les USA pour redresser la barre. Pour conquérir l’Amérique, la 405 s’offre deux finitions : SRi (dont le 1.9 litre tombe à 100 chevaux après dépollution) Mi16 (qui passe à 150 chevaux). Au menu : de nouveaux pare-chocs et quelques menues différences, mais aussi du cuir à l’intérieur, des ceintures de sécurités “à l’américaine”, le tout pour 140 kg de plus que les versions européennes.

Les 405 US sont plutôt réussies, dans l’absolu, mais la marque française, déjà en perte de vitesse, manque d’image aux Etats-Unis et surtout d’un réseau de dealers digne de ce nom. Surtout, Peugeot pâtit de l’image catastrophique de Renault alors en pleine déconfiture aux USA au point de revendre à Chrysler ses actifs, AMC et Jeep, en 1987. Enfin, bien que la 405 soit une excellente voiture, elle ne rentre pas dans le schéma d’achat des américains, soit trop petite, soit trop grande et de toute façon trop chère.

Les ventes de Peugeot ne vont cesser de descendre pour tomber à un peu plus de 2 000 en 1991. C’est l’heure d’arrêter les frais pour le constructeur sochalien. Peugeot Motors of America est liquidé et une partie des stocks sont rapatriés en Europe. Ces modèles américains “ré-importés” sont revendus auprès de collaborateurs ou bien, pour certains, remis en configuration européenne. Aujourd’hui, Peugeot réfléchit à son retour outre-Atlantique, prévu prudemment pour 2026.

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