Volvo 480 Convertible : cabriolet mort-né
Voilà un projet qui est passé très près de la commercialisation, sans pour autant aboutir, et qui méritait une petite place sur Boîtier Rouge. Le côté break de chasse décalé de la Volvo 480 (lire aussi : Volvo 480) relevait déjà de l’originalité prisée ici, mais sa déclinaison cabriolet (et son évidente rareté, puisque jamais produite) est particulièrement désirable.
Bien sûr, certains argueront (avec raison) que la version « convertible » perd beaucoup de l’élégance du coupé, et de l’originalité de sa ligne pour ressembler à une vulgaire Suzuki Swift cabriolet. Mais peu importe, ce qui compte, c’est aussi son histoire. Et l’histoire de cette 480 Cab’ est un poil opaque.
C’est en 1986 qu’en apparue la Volvo 480, petit orni (objet roulant non identifié, ndlr) s’inspirant de son aînée la P1800 ES (lire aussi : Volvo P1800) et de son concept « break de chasse » mais en le transposant sur une citadine, lui donnant un côté chic et décalé qu’elle conserve encore aujourd’hui. Dès 1987, Volvo va réfléchir à une déclinaison cabriolet. Son compatriote Saab fait un carton depuis 1986 avec sa version cabriolet de la 900 (lire aussi : Saab 900 Classic Cabriolet), particulièrement aux USA, un marché primordial pour Volvo.
Certes, le gabarit de la 480 n’en fait pas la voiture idéale pour une déclinaison cab’ version US, mais Volvo pense pouvoir aussi séduire une clientèle européenne. De toute façon, il y a un impératif : que ce dérivé découvrable coûte le moins cher possible. Volvo va donc faire plancher ses équipes de design en Hollande, mais aussi Bertone (dont seuls quelques sketchs subsistent), et le carrossier belge EBS, bien connu ici pour ses déclinaisons cab’ de la Samara (lire aussi : Lada Natacha) ou de la Supercinq (lire aussi : EBS Supercabrio). EBS optera pour une version sans arceau à la ligne plus fluide, qu’Auto Plus aura l’occasion de tester peu de temps avant la présentation de la version signée Volvo Hollande.
La version sans arceau signée EBS, qu’Auto Plus aura le loisir d’essayerC’est cette dernière version qui nous intéresse : son dessin est « maison », et respecte la philosophie sécuritaire de Volvo en conservant un arceau finalement pas si disgracieux. Contrairement à la version EBS, cette 480 Convertible ne dispose que de deux places, et sera présentée au Salon de Genève 1990. Le communiqué de presse de l’époque précise que ce prototype est destiné à tester les réactions du public avant d’envisager une production en série.
Ce prototype bleu, conservé aujourd’hui par Volvo, n’est pourtant pas un prototype unique : plusieurs cabriolets seront réalisés soit chez ACS aux Etats-Unis, soit chez Motorpanel en Angleterre. Volvo en conserve d’ailleurs un deuxième exemplaire, rouge cette fois, dans ses réserves. Un exemplaire réalisé par Motorpanel est conservé en Angleterre (en version RHD). Les photos de l’époque montre aussi des modèles blanc (avec liseré rouge du plus bel effet), et gris (en photo ici en plus du bleu de Genève). Que sont-ils devenus ?
Soucieux de la sécurité, Volvo va aussi étudier une version « targa » dont un prototype sera réalisé (et conservé par la marque suédoise à Goteborg). Mais finalement, ni le cabriolet, ni la targa ne sortiront jamais. On parle de faillite de certains fournisseurs qui auraient gêner l’aboutissement du projet, mais plus sûrement d’un marché pas si profond que cela, surtout pour une stricte deux places. Le début des années 90 est plutôt mauvais pour les ventes automobiles, et Volvo a sûrement préféré renoncer à un projet casse-gueule. Et puis, à cette époque, la vénérable marque suédoise n’est pas au mieux de sa forme, et recherche un partenaire pour assurer sa survie. Dès 1992, les négociations sont engagées avec Renault pour une possible fusion, qui finalement avortera (lire aussi : l’échec de la fusion Renault-Volvo). Autant d’éléments qui expliquent l’abandon d’un projet comme celui de la 480 Cabriolet. Est-ce un bien ou un mal ? A vous de juger !