Volkswagen Gol: best seller brésilien
Je me souviens d’un copain chanceux, revenant d’un voyage au Brésil au début des années 90, me confiant avec un plaisir non dissimulé avoir croisé des voitures répondant au doux nom de Gol. Si cela le faisait rire, c’était parce que cela le faisait irrémédiablement penser à nos mots d’ados (il y en avait un paquet, des dérivés de Gol dans le langage fleuri de ces années là. Bref, je voyais bien ce qui le faisait marrer, mais la Gol pour moi n’était pas une surprise : je savais bien, depuis le temps que je feuilletais les hors-série « Salon » de l’Auto-Journal, que cette fameuse Gol était un best seller pour Volkswagen depuis le début des années 80, et que non, on n’avait pas oublié de mettre un « f », Gol en portugais voulant dire… « goal » tout simplement (ou but en français).
Née (et fabriquée la plupart du temps) au Brésil, cette fameuse Gol était en quelque sorte une voiture nationale, bien que moins iconique que la Fusca (lire aussi : VW Fusca). Mais la Fusca, c’était une Volkswagen pur jus, conçue en Allemagne, tandis que la Gol, avec sa gueule de mini Scirocco, était spécifique au Brésil… Elle sera distribuée à partir de 1987 aux Etats-Unis sous le nom de Fox (en plus du marché sud-américain). Imaginez la fierté des brésiliens de savoir « leur » Gol exportée jusque chez les yankees ?
Toutes les carrosseries de la Gol furent exportées aux USA: en haut, une Fow SW (alias Parati au Brésil) et en bas, une Fox Sedan (alias Voyage au Brésil)Si l’on prend toutes les générations de Gol, on arrive à une diffusion totale supérieure à 10 millions d’unités, autant dire qu’elle n’est pas à prendre à la légère, cette petite brésilienne. Il faut dire qu’elle a su, dès sa première génération (on en est aujourd’hui à la troisième, sous le nom de Gol G5), jouer habilement sur les codes esthétiques modernes de la gamme européenne (elle a des airs de Passat, de Scirocco, de Jetta, de Golf), tout en recyclant de vieilles recettes (plate-forme BX déjà vue chez VW et Audi, moteur de Cox antediluvien – du moins au début –).
La Voyage fut disponible en deux portes (en haut) ou 4 portes (en bas)Oui, la Gol débutera sa carrière en 1980 avec un moteur de Cox, le vénérable 1.3 refroidi par air monté cette fois-ci à l’avant. D’abord disponible uniquement en 3 portes (façon Hatchback), elle sera ensuite proposée en version 2 portes (1981) sous le nom de Voyage. En 1982 viendra la version 3 portes « Station Wagon » avec un hayon vertical comme sur la Polo (elle prendra le nom de Parati), puis en 1982 une version 4 portes 3 volumes appelée elle aussi Voyage. Il y aura même une version pick up appelée Saveiro. A l’étranger, on trouvera aussi les noms de Fox donc (USA), et surtout Gacel et Senda pour les versions argentines de la Voyage produites dans l’usine Autolatina de Buenos Aires.
en haut, la Parati (version SW) et en bas la version Saveiro (version pick up)Autolatina ? Oui car en 1987, Ford et Volkswagen s’étaient associés en Amérique Latine afin de mutualiser leurs investissements et de mieux résister à la crise. Autolatina regroupait VW Argentina, VW do Brasil, Ford Argentina et Ford do Brasil sous un holding commun, détenu à 51 % par VW et 49 % par Ford. Ce qui explique que la Gol G1, produite entre 1980 et 1994, puisse être dotée de moteur Volkswagen comme de moteurs Ford, en fonction des modèles, de l’année, des besoins ou des disponibilités. Sachez tout de même qu’elle sera même équipée d’un 1.6 Ford CHT dérivé… du Cléon Fonte que Ford produisait sous licence Renault depuis le rachat de Willys-Overland et le lancement de la Ford Corcel (lire aussi : Ford Corcel). Autolatina sera dissoute en 1995, chacune des marques reprenant alors son indépendance.
En haut, la version GT 1800, et en bas la version GTS plus sportive encore !Assez rapidement, les moteurs refroidis par air seront remplacée par des moteurs refroidis par eau ! Dès juin 81, la Voyage récupère un 1.5 « water cooled »… Viendront ensuite un 1.6 (1982) puis un 1.8 (1984). A partir de 1986, alors que la voiture commençait déjà à être bien installée sur le marché brésilien, Volkswagen proposera une version sportive dite GT, dotée du 1800 de la Passat et de 81 ch. En 1987, la sportive évolue en GTS, le 1800 étant porté à 94 ch (voire 99 dans sa version éthanol). En 1989 apparaîtra la GTI, première voiture brésilienne dotée de l’injection, équipée d’un 2 litres de Passat (enfin, Santana au Brésil) développant 111 chevaux et capable d’atteindre les 185 km/h. En 1991, elle s’équipera d’un petit 997 cm3 d’origine Ford pour aller « fighter » un peu avec la Fiat Mille à la faveur de changements de réglementation. Enfin, un anecdotique 1.6 diesel équipera certaines versions dédiées à l’exportation, le Brésil privilégiant l’alcool à la technologie diesel (et je vous parle pas de caïpirinha, mais de carburant hein!).
La version GTICôté « séries spéciales », on notera deux versions suréquipée (enfin, pour l’époque) dénommées Copa : l’une en 1982 pour 3000 exemplaires, l’autre en 1994 pour célébrer la fin de la Gol, avec 6000 exemplaires. Si l’envie vous prend de vous offrir un peu de Brésil, tout en jouant la collection, il faudra privilégier des versions rares comme la Copa, ou sportives comme les GT, GTS ou GTI. Mais après tout une Saveiro, une Voyage 2 portes ou une Parati pourrait être des choix originaux, voire une Fox américaine. En 1995, la Gol passera à une deuxième génération plus moderne, appelée G2, qui rentrera stylistiquement un peu plus dans le rang.