Volkswagen 1303 cabriolet : la voiture du peuple devenue snob.
S’il y a un modèle qui a eu mille vies, c’est bien la Coccinelle de Volkswagen. Née dans une période tourmentée, elle a su traverser les époques en décorant les vitrines des concessionnaires Volkswagen durant les années 50, 60 puis 70. Et même si, comme toujours, les puristes ne considèrent que les modèles les plus anciens, les premiers, les plus rares… pour ma part, je décide de vous parler de ce qui est, pour moi, la « cox » la plus fun, la plus aboutie et donc la plus utilisable.
La Volkswagen 1303 cabriolet a donc été la dernière évolution de la longue carrière des Coccinelles « quatre à plat » (comprenez quatre cylindres à plat) refroidi par air, et produite de 1973 à 1980 en Allemagne dans l’usine du carrossier Karmann, partenaire de longue date puisqu’il était déjà à la manœuvre pour les premiers cabriolets Coccinelles des années 40.
Emblème des beaux quartiers
Certes la Coccinelle est une voiture populaire, qui s’est vendue à presque 22 millions d’exemplaires, mais l’idée d’aller en concession en 1974 pour acheter neuf un cabriolet Coccinelle n’était pas chose évidente. C’était faire le choix d’une technologie vieille de 30 ans, qui partageait déjà le catalogue avec les récentes et innovantes Volkswagen Golf, Passat, Polo ou Scirroco et qui, à presque 24.000 francs, était la plus chère de la gamme VW. À ce prix-là justement, c’était la préférer aux Toyota Celica, Opel Manta, MG B, Matra Bagheera, Lancia Fulvia, Fiat 124 Spider, Citroen DS ou encore Alfa Romeo Spider. Elle était même 30% plus chère qu’une Triumph Spitfire… Une folie me direz-vous ?
Justement OUI, et c’est peut-être ce qui a fait son succès en tant qu’emblème des beaux quartiers du Paris chic des années 70. Le 16° arrondissement de Paris en était rempli. Il fallait avoir sa 1303 cabriolet noire capote sable pour être dans le coup, presque aussi chic que de se pâmer en Rolls-Royce Silver Shadow diront certains.
Fidélité au concept de Ferdinand Porsche
Mais au-delà de l’effet de mode, aujourd’hui, on se rend compte qu’elle n’a pas volé ce succès. En effet, la base technologique était datée, un moteur 4 cylindres à plat refroidi par air de 50ch pour les cylindrées les plus grosses de 1600 cm3 positionné à l’arrière, une transmission 4 rapports aux roues arrière. Mais elle a su évoluer tout en restant fidèle au concept de simplicité dicté par Ferdinand Porsche. Elle adopte une suspension avant type McPherson que beaucoup d’automobiles actuelles utilisent toujours. Conséquence indirecte de cette modification, l’augmentation du volume du coffre de 30 litres à 260 litres. Soyez-en sûrs je n’ai là fait aucune faute de frappe, c’est bien 85% d’augmentation de coffre. Elle troque également son boîtier de direction contre une crémaillère supprimant tout jeu dans la direction, caractéristique de nos vieilles autos. Les freins à tambours sont remplacés par des disques. Elle a même su être parfois en avance par rapport à beaucoup de ses concurrentes en adoptant très tôt un starter automatique. Beaucoup de françaises des années 80 et même 90 ne peuvent pas en dire autant… À noter également l’arrivée d’une ventilation électrique pour aider le désembuage dans l’habitacle.
Un design iconique
Sur le plan esthétique une cox reste une cox. La force d’un design iconique est que même un enfant de 3 ans saurait la reconnaître et la dessiner. Testé et approuvé par mon fils Victor. Au-delà de ce dessin légendaire, quelques évolutions sont à noter : pare-brise bombé, capot avant raccourci, feux arrière plus gros – nommés affectueusement “pieds d’éléphant”.
Ce mariage parfait de tradition et d’évolution nous offre un cocktail délicieux. Le bonheur de rouler en ancienne avec le bruit caractéristique d’une cox tout en profitant d’une maniabilité et d’un comportement proche d’une Golf 1. Le plaisir de pouvoir, en ancienne, décider le vendredi soir de tailler la route pour le week-end, cheveux au vent, pied à la planche à 130 km/h, ce qui est – selon le manuel d’utilisateur – la vitesse maxi et la vitesse de croisière. Il suffit alors de glisser dans l’autoradio la K7 de Cissy Houston – Think It Over et vous saurez, le temps d’une face A et d’une face B, ce que c’est de vivre un été chic aux couleurs des années 70. Alors, qu’est-ce que vous attendez ?