Renault Super 5 Baccara : la star des beaux quartiers !
Bien qu’issu d’une famille très « Peugeot », j’ai tout de suite aimé la Super 5 Baccara. Généralement d’une belle teinte brune, tendue de cuir clair à l’intérieur, je la trouvais tellement classe en 1988, année de sa sortie, et justement assortie à la nouvelle Renault 25 V6 Baccara née la même année (lire aussi : Renault 25 V6 Turbo Baccara). J’avais la chance d’habiter de beaux quartiers (le 6ème arrondissement de Paris, à l’époque) et je ne me lassais pas de voir ce ballets de Baccara, 25 pour Monsieur, Super 5 pour Madame, aux alentours du Bon Marché ou de chez Lipp !
Avec la Super 5 Baccara, Renault faisait preuve de génie en faisant descendre le premium réservé aux grandes berlines jusqu’à l’intérieur du plus petit modèle de la gamme. C’était un nouveau concept, appuyé par une marque forte. Le coup de génie était d’ailleurs aussi là : avec un nom comme Baccara, accolé à tous les modèles « premium » de la gamme, quelle que soit sa taille, permettait de se démarquer des autres modèles plus plébeïens. Malheureusement, le nom Baccara dût laisser place à celui, moins fort, d’Initiale, car l’utilisation d’un tel nom n’était pas du goût des Cristalleries Baccarat (avec un t), synonymes elles aussi du luxe à la française (et inspiratrices du nom choisi par Renault, soyons clair).
La Super 5 Auteuil, la deuxième tentative de petite citadine luxueuse !Mais revenons à nos moutons. Alors qu’en 1972 est lancée la petite Renault 5, il n’est pas encore question de véhicule de luxe, mais de « petite voiture » accessible à tous, et particulièrement aux jeunes. Inévitablement, sa taille et ses motorisations modestes la cantonne souvent dans le rôle de véhicule urbain. Qui dit urbain dit souvent beaux quartiers, et donc bourgeoisie avide de distinction comme de praticité.
C’est la Baccara en 1988 qui remportera la timbale (ici une Exclusiv allemande, malgré la plaque d’immatriculation française)On reprocha souvent aux Renault 5 et aux Super 5 première génération de manquer de standing pour satisfaire cette clientèle. La 205, sans amener forcément du luxe, récupéra à son lancement une partie de cette bourgeoisie grâce à ses versions GTI ou cabriolet. Des indépendants avaient pourtant flairé le filon sans pour autant y arriver. Ainsi, les Automobiles Laurence avaient-elles voulu imposer une vision luxueuse de la Renault 5. Seuls quelques exemplaires furent réellement vendus. Quelques temps plus tard, avec l’aide de la concession Renault de la rue de la Pompe, située en plein cœur du triangle NAP (Neuilly Auteuil Passy), Laurence proposa la Super 5 Auteuil (pas besoin d’aller chercher bien loin), là aussi sans dépasser les quelques exemplaires.
Mais Renault, à l’occasion du lancement de la phase 2 de la Super 5, en 1988, montra à tous sa capacité d’adaptation en proposant deux nouvelles gammes : la GTX, plutôt cossue, disponible en automatique et en 5 portes, et la Baccara, vraiment luxueuse disponible seulement en 3 portes. Point commun de ces deux voitures : un 1,7 litre de 90 chevaux leur donnant un certain peps en plus d’une robe alléchante. Aussitôt, la bourgeoisie parisienne s’encanailla avec ces luxueuse petites voitures produites pourtant par la « gauchiste » (croyait-elle) marque de Billancourt !
A l’intérieur c’est d’un luxe encore jamais vu à ce niveau de gamme !La Renault Super 5 Baccara fut produite pendant seulement 3 millésimes (1988, 1989 et 1990) mais elle marqua les esprits et les cœurs des français, mais aussi de quelques pays européens, mais sous des noms différents. Ainsi, en Angleterre, c’est sous le nom de Monaco qu’elle tenta de s’imposer, alors qu’en Allemagne, c’est le nom d’Exclusiv qui sera utilisé, ou encore Limited en Italie.
Une Exclusiv allemandeSurtout, la Super 5 Baccara initia une nouvelle « lignée » de voitures Renault, jusqu’à la disparition du nom : la 19, la 21, la Clio, la Safrane et la Laguna eurent droit à leur déclinaison de luxe. Entre temps, Peugeot avait compris l’enjeu, et tenta de se faire une place sur ce marché avec la 205 Gentry, avec moins de succès il faut le dire (lire aussi : Peugeot 205 Gentry).
Une Monaco anglaise !Aujourd’hui, le plus dur sera d’en trouvé un bel exemplaire, pas trop rincé, et pas trop cher. Avec la flambée des prix en collection comme pour les youngtimers, les beaux exemplaires se font rares, et donc chers (tout comme les 205 Gentry). Mais en cherchant bien, vous pourrez sans doute trouver votre bonheur sans vous mettre sur la paille !
Images de l’Exclusiv: Auto Bild.