Pollution : le diktat inique de Madame Hidalgo !
Voilà des mois déjà que certains me réclament de prendre position dans « l’affaire Hidalgo » et l’interdiction de circulation des voitures d’avant 1998 à Paris… J’avoue avoir freiné des quatre fers, afin d’y voir un peu plus clair dans cette affaire. Aujourd’hui, il est temps pour moi de parler.
En tant que passionné de voitures, et de voitures anciennes ou youngtimers en particulier, je ne peux qu’être contre cette décision idiote (et je pèse mes mots)… Pourtant, j’aimerai moi aussi que la ville soit plus respirable, et je suis conscient de la pollution automobile. J’aurai aimé pouvoir soutenir Madame Hidalgo, sur le principe qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, sauf que je ne peux pas soutenir une mesure inutile, imbécile et surtout inique !
J’étais pourtant prêt à aller contre ma passion, en me disant qu’après tout, la collection automobile, pour passionnante qu’elle soit, n’était pas forcément indispensable à la planète, et j’avoue que j’étais un peu gêné par un mouvement de contestation qui ressemblait parfois à un caprice d’enfant gâté ! Voilà pourquoi je ne me suis pas associé tout de suite au mouvement de l’ensemble des passionnés d’automobile.
Mais je finis par prendre la parole, parce que cette mesure visant à interdire arbitrairement et sans nuance tout véhicule d’avant une date fixée on ne sait pas comment (et sur quelle base) me paraît aller à l’encontre de toute logique, tout en défavorisant non pas les collectionneurs ou les amateurs, mais les gens les plus pauvres et les plus nécessiteux d’un moyen de transport fiable et économique.
Dans l’absolu, je rêverai d’une ville sans voiture, mais à condition qu’il soit possible d’y circuler facilement et de façon économique. Interdire d’abord, sans avoir pensé les infrastructures qui pourraient compenser, c’est du grand n’importe quoi électoral. Sans parkings, avec un réseau de transport parfois défaillant (même s’il tend à s’améliorer), cher (même si je reconnais qu’il n’est pas encore aussi cher qu’à Londres par exemple) et encore polluant (l’air qu’on respire dans le métro, ou bien le parc de bus Agora encore en activité aux fumées nauséabondes), la mesure est illusoire.
Au delà du réseau de transport, la mesure est discriminatoire : celui qui roule en Renault 19 1.9 diesel ne le fait ni pas esprit de collection, ni par plaisir, mais par nécessité… L’empêcher de rouler, c’est le priver d’une liberté indispensable, ne serait-ce que pour travailler… C’est à lui que je pense plutôt qu’aux collectionneurs et/ou amateurs de youngtimers.
Enfin, la mesure est intellectuellement malhonnête : d’une part, elle considère sans aucune vérification scientifique qu’un véhicule d’avant un instant T pollue plus qu’après. Cela revient donc à autoriser sans vergogne à circuler avec un Porsche Cayenne Turbo S récent, mais à recaler une Peugeot 106 Kid catalysée, légère et bien moins polluante ! Je ne parle même pas du bilan carbone de production d’une voiture électrique, qui, bien que moins polluante sur le papier, utilise des ressources naturelles (le lithium), énergétiques (l’électricité via le nucléaire polluant), et dont la fabrication entraîne une pollution industrielle… Sans compter le transport.
Car l’essentiel de la pollution à Paris comme dans toutes les grandes villes ne vient pas de la circulation des voitures datant d’avant 1998, mais plutôt des industries, du transport de marchandises (ou des personnes, les avions polluant bien plus… Mettez vous un jour dans la Brie, à regarder le flux continuel des avions dans l’axe de la piste de Roissy, et vous comprendrez que la voiture pèse peanuts par rapport aux avions), ou du mode de chauffage par exemple. Mais avouez qu’il est plus facile de s’attaquer aux pauvres que de contraindre des entreprises à moins polluer.
Cette mesure est en outre électoraliste, puisqu’elle satisfera le parisien intra-muros qui n’a pas besoin de voiture, qui aimerait voir sa ville piétonne, agréable, fleurie et respirable, en jetant toute la difficulté sur ceux qui n’ont pas les moyens d’habiter le Marais ou Saint-Germain des Prés, d’avoir une résidence secondaire où dort dans la grange un gros 4×4 très polluant, et/ou de rouler électrique.
Le réseau routier et autoroutier dépassé, tout comme l’interconnexion, les transports en commun polluant et souvent vétustes ou mal organisés (je ne tiens même pas compte des sempiternels mouvements de grève), le manque de place de parking, et surtout la mémoire courte et la courte vue de nos dirigeants (ce sont eux qui nous ont imposé le diesel comme solution miracle, et eux qui nous imposent aujourd’hui l’interdiction arbitraire de certains véhicules à Paris) font qu’une telle mesure est véritablement inique !
Et dire que cela vient d’une majorité municipale de gauche, soucieuse du peuple (enfin qui devrait l’être)… Poussée par des écolos irresponsables, dépassée par ses engagements politiques et électoraux, Madame Hidalgo se décharge de toute responsabilité sur un contribuable pauvre mais toujours payeur des erreurs des autres. Quel courage !
Bref, je pourrai en écrire des tartines, alors il vaut sans doute mieux en rester là. Je ne m’associerai pas à des mouvements collectifs de défense de la passion automobile, mais je ne peux décemment pas supporter cette mesure profondément anti-démocratique, et surtout inégalitaire. Je veux une ville propre, quitte à mettre ma passion en sourdine, mais je ne veux pas d’un diktat sans fondement scientifique, et perverti par de faux « bons sentiments »…
A lire aussi: l’avis très intéressant de Miss280ch
Image: BFM TV !