Peugeot 604 Chapron Landaulet: deux exemplaires et pas un de plus !
Je me souviens qu’enfant, j’avais un faible pour la Peugeot 604 (lire aussi : Peugeot 604). Je la trouvais terriblement statutaire, luxueuse (par rapport à ce que je connaissais, c’est à dire la 304), puissante (ce n’est que plus tard que j’ai compris que son V6 PRV n’était pas particulièrement véloce), et je la croyais apte à lutter contre les marques allemandes, Mercedes en tête. Aujourd’hui encore, bien que le mythe se soit un peu effrité, elle me fait de l’oeil.
Entre temps, j’ai appris qu’elle avait tenté de conquérir l’Amérique, mais aussi la Corée du Sud sous le nom de Kia 604 (lire aussi : Kia 604). J’ai aussi découvert sa tentative d’incursion sur le marché des limousines, sous l’impulsion d’Heuliez (lire aussi : Peugeot 604 Limousine Heuliez). Mais surtout, je suis tombé amoureux d’un rare dérivé signé Chapron : la 604 Landaulet.
La 604 Landaulet au salon de Paris 1978Dans les années 70 déjà, on songe à l’Elysée à remplacer les SM présidentielles carrossées par ce même Chapron (lire aussi : La 3ème SM présidentielle). En 1978, le carrossier se positionne donc sur ce marché potentiel en présentant sa version landaulet de la grande berline sochalienne au Salon de Paris. Si la limousine Heuliez fut présentée elle aussi cette année là, ces deux « visions » de la 604 n’ont en commun que la caisse de départ, et le landaulet présenté par Chapron n’est donc absolument pas dérivé de la limousine d’Heuliez.
François Miterrand à Niamey en 1982, à bord de la 604 présidentielle !Ce landaulet se base sur la 604 SL, la version la plus luxueuse équipée du V6, à l’empattement rallongé de 20 cm pour l’occasion. La partie arrière du véhicule est remaniée pour y installer une capote en toile, permettant de défiler à l’air libre et de saluer la foule. L’intérieur est tendu de cuir, bien entendu, tandis que la peinture noire rend la voiture encore plus « officielle ».
La 604 Landaulet au Niger, avant d’être rapatriée en FranceCe modèle ne séduira cependant pas l’Elysée, qui finira par garder religieusement ses SM jusqu’au début des années 2000 (elles sont encore la propriété de l’Etat). Elle trouvera pourtant un client « presque » aussi prestigieux. Ce landaulet (n° de châssis 65 73 152) sera livré en 1979 au président du Niger, Seyni Kountché, où il servira de voiture officielle. François Mitterrand eut l’honneur de défiler à Niamey en 1982 à son bord, le petit veinard. Peut-être regretta-t-il que la France n’en ait pas acheté une ? Cela dit, il ne passera pas commande lui non plus.
L’intérieur, après restauration !En revanche, un autre client prestigieux se laissera tenter par une 604 Landaulet : Freddy Heineken, alors patron des brasseries éponymes. C’est en 1981 qu’il se fera livré son exemplaire, basé lui sur une 604 V6 Ti (à injection donc). Elle diffère aussi de la 604 africaine par une séparation entre chauffeur et passagers, ainsi que par sa sellerie en cuir gris, son bar en acajou et son tableau de bord en bois. Elle restera en sa possession jusqu’à sa mort, avant d’être exposée dans un musée aux Pays Bas.
Prête pour la vente (image Le Parisien)Mais alors, qu’est devenue la 604 du Niger ? Elle est restée en service jusqu’en 1999, avant de prendre sa retraite, et d’être rachetée dans un piteux état cosmétique, mais en état de marche, par un collectionneur français en 2001. Revenue en France en 2002, la belle 604 eut droit à une restauration soignée : la voiture a été entièrement démontée et repeinte, la boîte de vitesse (à 4 rapports) a été changée, ainsi que la direction, et la capote a été refaite. Elle a enfin été proposée à la vente par la maison de vente Osenat en 2013.
La belle telle qu’elle était en 2013 !C’est ensuite que je perds sa trace : le lot 330 n’est pas présenté dans les résultats de la vente du 17 Mars 2013 (Résultat Vente Osenat du 17 mars 2013), contrairement aux deux voitures ayant appartenu à Coluche à vendre ce jour là. A-t-elle été vendue ? Ou au contraire conservée par son propriétaire ? N’hésitez pas à me contacter si vous avez l’information.
Images : Osenat