Peugeot 505 USA : espèce en voie de disparition
En 1989, Peugeot présentait sa 605 qui, à mes yeux, ringardisait à jamais la 505 grâce à sa ligne fluide la faisant ressembler à une grosse 405 (lire aussi : Peugeot 605). Avec elle, on rentrait vraiment dans la modernité songeais-je à l’époque ! 27 ans plus tard, j’aime toujours la 605, mais je redécouvre la 505, dernière propulsion de Peugeot, dernier véhicule réputé « robuste » de la marque, et surtout dernier vrai succès (enfin, tout est relatif) aux Etats-Unis.
Peugeot avait bien tenté à partir de 1989 d’imposer sa 405 en pays yankee (lire aussi : Peugeot 405 USA), tout comme Renault fondait beaucoup d’espoir en sa Renault Medallion (lire aussi : Renault Medallion), mais rien n’y fera : la dernière « vraie » Pug (surnom de la marque là-bas) restera la 505 ! Les ventes de 405 resteront toujours anecdotiques (tout comme celles de la 304 dans les années 70, lire aussi : Peugeot 304 USA). Ne parlons pas de la 604, qui ne fera que de la figuration avec quelques centaines d’exemplaires vendus (j’y reviendrai). Non les deux seules Peugeot qui restent un tant soit peu dans les mémoires américaines sont la 504 et la 505.
Contrairement aux 304, 405, ou 604, les 504 et 505 étaient relativement bien adaptées aux marchés US : robustes et fiables, en « Sedan » (berline) ou en Station Wagon (break), propulsion avec un châssis typé « européen », elles permettaient d’offrir une alternative et se positionnaient en concurrence des firmes suédoises Volvo ou Saab, touchant une clientèle relativement aisée (professions libérales ou intellectuelles, essentiellement sur la côte est), plus âgée et conservatrice que la moyenne, désireuse de distinction et peu sensible aux charmes ostentatoires des allemandes.
C’est en 1980, un an après l’Europe, qu’est introduite la Pug 505, importée de Sochaux ! Comme en France, elle va cohabiter quelques années avec la 504 (jusqu’en 1983). L’offre moteur n’est pas, au départ, axée sur la puissance, mais sur la fiabilité (avec le 2 litres de 97 ch, proposé à 10 400 $ en version de base) et sur l’économie (avec un moteur diesel 2,3 litres de 71 ch, à 11 350 $ en version de base Sedan et un turbo diesel de 80 ch à 13 880 $). La crise pétrolière de 1979 a rendu cette motorisation intéressante pour quelques temps aux USA, et Peugeot, champion français de la catégorie, ne se prive pas pour offrir un peu d’originalité technique à quelques américains près de leurs sous !
Au même moment qu’est introduite la 505 aux Etats-Unis, Peugeot, grâce à ses moteurs diesel économes (9 litres au 100 ce qui était très frugal par rapport aux modèles américains), remporte deux appels d’offre, l’un pour New York, l’autre pour Los Angeles, de 600 taxis 505 turbo diesel chacun. Une bonne publicité pour un lancement réussi (en 1980, il se vend 12 390 Peugeot 504 et 505 aux States, et 16 725 en 1981). Esthétiquement, les 505 américaines se distinguent de leurs sœurs européennes avec tous les attributs « sécuritaires » US : pare-chocs étirés et grossis, phares et feux différents. L’équipement intérieur lui s’offre l’autoradio de série, et la climatisation, tandis que la BVA est proposée (et souvent choisie) en option !
En 1984, les ventes atteignent leur sommet, avec 20 007 exemplaires. La 505 est désormais le seul modèle proposé par Peugeot, mais c’est à cette date qu’est introduite la version Station Wagon particulièrement adaptée à une clientèle familiale désireuse d’espace, et rentrant en concurrence directe avec les Volvo 740 sortie cette année-là ! C’est aussi cette année là que paraît une série spéciale Silver Edition dotée de la sellerie cuir de série, des sièges chauffants à réglages électriques, et du régulateur de vitesse, sur la motorisation 2.3 TD, le tout pour la « modique » somme de 17 300 $ !
En 1985, les américains vont découvrir les joies de la 505 Turbo, malheureusement dégonflée à 150 chevaux ! Mais l’apparition de cette version ne suffira pas à empêcher un lent déclin. En 1986, seules 14 296 voitures trouvent preneurs ! Peugeot avait bien réfléchi en 1983 à lancer un coupé et un cabriolet, avec des objectifs de 4000 ventes par an, mais reculera finalement (lire aussi : 505 Coupé et Cabriolet). En 1987, les américains ont droit à une version V6 2,8 litres (un PRV) dégonflé à 145 chevaux : l’attrait du diesel ayant sérieusement baissé avec la stabilisation du prix de l’essence, les américains recommencent à chercher les gros moteurs essence. Ce V6 est la réponse de Peugeot, uniquement sur les « sedan » ; mais désormais, les prix dépassent les 20 000 $ ! Les 505 US reçoivent cette année là une lifting (comme en France) très léger, sans pour autant enrayer la chute des ventes : 9422 exemplaires en 87, 6713 en 88, 6095 en 89 (en comptant aussi les 405 apparue cette année là) et 4092 en 90 ! Le break a pris le doux nom de SW8, et se vendra au compte goutte en 1991 (2223 Peugeot 405 et 505).
La 505 Cabriolet, comme sa soeur Coupé, ne sera jamais produite en série !Il reste encore des amateurs de « Pug » aux States (ici à Portland !)
Officiellement, la 505 quitte (comme la 405) le sol des Etats-Unis pour l’année modèle 1992, avec quelques centaines d’exemplaires vendus. Peugeot a décidé de se concentrer sur les marchés sud-américains, européens, et bientôt chinois. Comme Renault quelques années avant lui, le Lion abandonne ses rêves de conquête de l’Ouest dans l’indifférence générale. Aujourd’hui, j’avoue que je me laisserait bien tenter par une V6 STX suréquipée, ou une SW8 Turbo ! Pour une fois, les normes américaines réussissent plutôt bien à la ligne des 505 Sedan ou SW, qui paraissent au premier coup d’oeil plus cossues, plus statutaires. On en trouve parfois à vendre en France dans les petites annonces (des véhicules réimportés ou alors jamais exportés et revendus à des collaborateurs), tandis qu’aux USA, elles se font de plus en plus rares ! Une espèce à sauver en quelque sorte !