Peugeot 405 Coupé Heuliez : le chaînon manquant !
La Peugeot 405 Coupé réalisée par Heuliez n’est plus à proprement parlé une inconnue, mais elle méritait tout de même sa place sur Boîtier Rouge. Conçue fin 1987 et dévoilée au Salon de Genève 1988, la 405 Coupé a brutalement réapparu en 2012 avec la triste fin du carrossier des Deux Sèvres Heuliez et la vente des « bijoux de famille » au Mans par la célèbre maison Artcurial. C’est à cette époque que les projecteurs se sont à nouveau braqués sur elle, et désormais, la belle dort au chaud au Musée de l’aventure Peugeot, qui l’a opportunément achetée à l’époque.
Mais que vient faire ce drôle de coupé dans l’histoire de la célèbre familiale 405, élue voiture de l’année 1988 ? Il ne s’agit pas d’une initiative de Peugeot, mais d’une proposition de Heuliez. A l’époque, le carrossier picto-charentais était un sous-traitant fort utile pour des variantes spécifiques de modèles de grande série. Il produisait notamment la Citroën BX break sur ses chaînes de Cerizay, mais restait à l’affût de toute activité supplémentaire. En cette année 1988, il proposera aussi, par exemple, une version break de la Peugeot 309.
L’idée de Heuliez était somme toute assez intéressante. Le coupé 504, succès d’image plus que commercial, avait tiré sa révérence en 1983, mais restait dans les mémoire. La nouvelle berline 405, avec sa ligne fluide particulièrement réussie, pouvait donner naissance facilement à un nouveau coupé. Surtout que Peugeot s’apprêtait à lancer son modèle emblématique aux Etats-Unis. Ce fut donc avec les USA en ligne de mire que les hommes d’Heuliez s’attachèrent à créer ce coupé. Il faut dire que là-bas beaucoup plus qu’en France règne une vraie culture du coupé. Les allemands l’avaient bien compris et vendaient une bonne part de leur production sous ce type de carrosserie outre-Atlantique.
La Peugeot 405 dans sa version US, qui n’apparaîtra que fin 88Peugeot USA s’était d’ailleurs posé la question avec la 505, et avait fait réalisé des prototypes de coupés et cabriolets, finalement restés sans suite. Pour la 405, le prototype fut réalisé sur la base d’une Mi16 (1,9 litres et 160 ch). Allez savoir pourquoi, elle sera présentée avec des jantes de 205 Gti 1,9 et non avec celles de la Mi16. Si les USA étaient en vue, la 405 Coupé ne récupèrait pas l’accastillage spécifique des 405 US, pas encore sortie aux USA, et restait basée sur une version européenne.
Les 505 coupé et cabriolet (photo l’Aventure Peugeot)A l’intérieur, cuir et alcantara rendaient l’habitacle luxueux. Les vitres arrières étaient descendantes et non fixes, ou juste entre-ouvrables comme sur beaucoup de coupés. Elle disposait d’un toit ouvrant aussi. Bref, une « toutes options » à l’époque (ce qui se fait peu aujourd’hui) : nul doute que si elle avait été produite en série, elle aurait reçu toutes les options américaines : pare-chocs, boîte automatique, ceinture US, climatisation. Cette 405 avait la particularité (comme la 309 break) d’être asymétrique, proposant ainsi deux possibilités sur une même voiture (les différences se situent surtout au niveau de la vitre arrière).
L’intérieur en cuir du Coupé 405In fine, ce projet Heuliez présenté à la direction de Peugeot sera refusé, et ce prototype restera le chaînon manquant entre 504 coupé et 406 coupé. Il deviendra rapidement clair que l’aventure américaine allait tourner court (Peugeot quittera les States en 1991), et une version coupé n’entrait pas dans les plans du constructeur Sochalien. La voiture sera donc remisée dans les réserves d’Heuliez, jusqu’à ce funeste jour du 7 juillet 2012 où la collection fut bradée. Heureusement, c’est bien l’aventure Peugeot qui s’en portera acquéreur pour la modique somme de 8340 euros contre une estimation comprise entre 20 et 30 000 euros (avec 52 km au compteur). De toute façon, bien que roulante, elle ne disposait pas de carte grise : n’ayez donc pas de regret !