MGB V8 Costello : une MG pour connaisseurs !
J’ai toujours aimé les histoires à la « David contre Goliath », et encore plus celles avec un petit génie solitaire qui fait mieux que le mastodonte. Ainsi, l’histoire de Georges Regembeau, de sa boîte 6 vitesses, des ses V6 fiabilisés et de ses moteurs Turbo Diesel pour la Citroën SM m’avait beaucoup plu (lire aussi : Citroën SM Régembeau). Si les amateurs avertis français savent ce qu’est une SM dite « RG », les amateurs éclairés britanniques eux, savent ce qu’est une MGB V8 Costello !
Ken Costello est british, et c’est un bidouilleur de génie. C’est aussi un passionné de course automobile, pilote émérite, et un metteur au point incroyable ! Dipômé d’ingénierie automobile, il s’est d’abord amusé à régler des Mini pour les rendre performantes en course. Puis il a rencontré (par hasard comme souvent) la propriétaire d’une concession Jaguar de Sidcup, Cripps Brothers. Peggy Cripps est sans doute bluffée par le garçon, et lui confie les rênes de sa division « compétition ». De la Mini et la Ford Anglia, Costello passera à la Formule 3 (avec une Brabhams à moteur Cosworth). En 1966, on peut voir Ken et surtout sa F3 dans le film Grand Prix, avec Yves Montand et Françoise Hardy, et il gagnera pas mal d’argent grâce à cela.
Mais ce qui trotte dans la tête de Ken Costello, sa marotte à lui, c’est de transformer la MGB sortie en 1964 (lire aussi : MG B GT) en authentique sportive, en lui collant un V8 sous le capot. Car l’animal est un homme de défis, et n’aime pas qu’on lui dise qu’un V8 ne rentrera jamais dans le compartiment trop petit de la MGB. Qu’à cela ne tienne. Lui a en tête un moteur qui pourrait faire l’affaire : le V8 compact Oldsmobile, malgré ses problèmes de fiabilité, pourrait bien trouver sa place au cœur de la MGB.
Après de nombreux essais sur une MGB d’occasion, des réglages et de multiples petites transformations, Ken Costello se lance dans la grande aventure en créant sa société en 1969, Conversion V8, à Farnborough dans le Kent, et avec 8 employés. L’aventure des MGB Costello V8 était lancée. Petit à petit, l’homme fait son trou et transforme nombre de voitures, au point qu’en 1971, un article flatteur comparant sa V8 à une MGB 1,8 litres d’origine dans Motoring News va le propulser dans la cour des grands.
Le directeur de l’ingénierie de MG se met en rapport avec lui, très intéressé par ses travaux et ses transformations. Il lui envoie une lettre d’abord, puis les deux hommes se rencontrent. Ce qui semblait infaisable (un V8 dans une MGB) s’avère tout à fait faisable, avec ce V8 Rover d’origine Buick. Après avoir fait venir une MGB Costello à l’usine (sans jamais payer la facture semble-t-il), la firme MG décida donc de fabriquer sa propre V8, qui sortira en 1973.
A partir de cette date, tout sera mis en œuvre pour freiner Costello qui, ironiquement, marquait dans ses publicités qu’il était conscient qu’il existait des imitations de « sa » MGB V8. Malgré tout, devant la concurrence « officielle » de MG, l’homme du se résoudre à stopper son activité en 1974, après 225 MG B transformées (190 MGB GT et 35 MGB Roadsters), et une MGC.
Autant vous dire que dégoter une MGB signée Costello, voire l’unique MGC, est une aventure périlleuse. Il sera d’ailleurs difficile d’établir une côte pour de tels modèles qui s’échangent entre passionnés, et en toute discrétion. Les MGB V8 officielles étant évaluées à 20 000 euros, je vous laisse imaginer le prix d’une Costello.