YOUNGTIMERS
ALLEMANDE
MERCEDES-BENZ

Mercedes Classe E W124 : un classique indémodable

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 08/06/2021

Depuis le lancement de la Ponton dans les années 50, Mercedes construit patiemment son leadership sur le segment des berlines statutaires (on ne dit pas encore premium) avec une série de voitures sérieuses, les W114/115 et W123. Mais au début des années 80, il s’agit d’offrir une image encore plus moderne pour distancer son concurrent mais néanmoins compatriote, BMW qui, une fois remis de sa quasi-faillite du tout début des années 60, s’est mis en tête de venir sur les mêmes plates-bandes et dont la Série 5 E28 taille sérieusement des croupières à la W123. Aussi, Mercedes-Benz décide de lancer en 1984 une nouvelle berline moyenne, la W124, histoire de bien montrer qui est le patron.

Il suffit de pas grand-chose pour être marqué à vie par une voiture, quand bien même on n’apprécie que moyennement la marque. En l’espèce, c’est une bande dessinée qui m’aura donné envie de la Mercedes W124. Si le modèle à l’étoile est sorti en 1984, c’est en 1987 qu’est parue L’Apocalypse, dixième aventure du célèbre reporter Lefranc, menée de main de maître par Jacques Martin et Gilles Chaillet. Notre héros se retrouve invité à découvrir le passé comme le futur dans un drôle de refuge montagneux. Lefranc, comme les autres invités, est convoyé par une noria de Mercedes W124 bleu foncé, terriblement modernes pour le jeune garçon que j’étais. 

La W124 connut un grand succès comme taxi, particulièrement outre-Rhin. On reconnaît les versions diesel à l’ouïe latérale.

Une berline qui en impose

Déjà depuis trois ans, les W124 commençaient à envahir les rues parisiennes, grosses berlines des beaux quartiers ou gros diesels aux trois loupiotes (les taxis pour ceux qui ne suivraient pas). La berline était encore, malgré l’apparition de l’Espace et autres monospaces quelques années plus tôt, la voiture à tout faire, familiale ou limousine, et la W124 s’offrait ainsi une palette de moteurs, des 4 cylindres essence de 2 ou 2.3 litres (200 E et 230 E), des 6 en ligne coupleux de 2,6 ou 3 litres (260 E, 300 E 2.6 ou 300 E). Surtout, à partir de 1991, de gros V8 apparaissaient sous le capot d’une fabuleuse, exclusive et onéreuse 500 E (rapidement épaulée par une 400 E plus abordable et par une E60 AMG démentielle). Côté diesel, des 4 ou 5 cylindres atmosphériques accompagnaient leurs versions turbo, histoire de combler les gros rouleurs. Au fil des ans, la palette des propositions combla toutes les attentes (et tous les portefeuilles, du plus démuni cherchant à afficher malgré tout un certain standing au PDG avec chauffeur).

Pour être sûr de ne rater aucune cible, Mercedes déclina la W124 en coupé ou cabriolet (CE) comme en break (T, TE et TD), et même en version limousine à châssis rallongé : difficile, dès lors, de ne pas se rendre compte du succès de la voiture, identifiable entre toutes, plus massive que sa grande soeur la Classe S W126 (l’héritière W140 se rattrapera de ce côté-là en adoptant un look encore plus pachydermique). Elle subira quelques modifications esthétiques (passant notamment aux clignotants blancs) et patronymiques (la 500 E devenant, par exemple E 500, la lettre passant devant le chiffre). 

Succès commercial

La Classe E W124 durera ainsi jusqu’en 1995 en berline ou en break (1996 pour la rare E36 AMG), 1996 pour les coupés et 1997 pour le cabriolet, pour une production totale de 2 324 381 exemplaires. Un succès notoire et supérieur à celui de la W123 grâce, sans doute, à sa multitude de versions qu’il serait trop fastidieux d’évoquer ici. Malgré l’arrivée en masse de l’électronique, la W124 s’avère plutôt fiable en dépit des volontés d’économie de Mercedes. On en voit encore un grand nombre rouler sur nos routes et, preuve d’un dessin certes massif mais sûr, aucune ne semble dépassée dans le flot de la circulation. 

Excellent daily driver

C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la W124 aujourd’hui : un look encore diablement moderne et un choix important de carrosseries et de motorisations, associés à une certaine fiabilité, en font un modèle intelligent pour qui veut rouler sans se ruiner dans une voiture statutaire. En break, elle rendra bien des services, à la manière d’une Volvo 240. En coupé ou en cabriolet, elle vous fera entrer dans un autre monde. Les versions les plus puissantes (L6 et surtout V8) vont donneront envie de faire toujours plus de route “tout sur le couple” quand les Diesel vous permettront de rouler économiquement sans sacrifier l’agrément (surtout en 5 cylindres turbo). 

Les Classe E suivantes se perdront un peu en style, cherchant à renouer avec des feux ronds moins statutaires (et moins réussis) tandis que la W124, elle, garde son statut de tank élégant (oui, c’est paradoxal mais pourtant vrai) et continue de séduire ceux qui veulent du sérieux à pas cher. Excellent daily driver, la W124 saura vous en donner pour votre argent, tout en comblant vos désirs de respectabilité et sans tomber dans le m’as-tu-vu parfois véhiculé par une BMW équivalente. À vous de voir…

CarJager recommends

undefined
Mercedes-Benz 560 SEC : éternelle référence
« En ce temps-là, il n’existe pas de machine plus compétente pour abattre mille kilomètres en une journée, dans de telles conditions de sécurité et de confort »
Nicolas Fourny - 19/11/2024
Read more
undefined
Mercedes-Benz Classe S coupé C140 : un trésor caché
« Puissamment charpentés, les nouveaux SEC sont plus longs de quinze centimètres et plus larges de sept centimètres que ceux qu’ils remplacent »
Nicolas Fourny - 11/10/2024
Read more
undefined
L'art de vivre en Mercedes 200 Diesel
« La 200 D n’avait-elle pas raison avant tout le monde, en prônant la nonchalance et la douceur de vivre en un temps où tout n’est que frénésie stérile et précipitation mortifère ? »
Nicolas Fourny - 16/08/2024
Read more

Selling with CarJager?