Mercedes AMG 280 GE (W460) V8 : précurseur au goût douteux
Aujourd’hui, personne n’est étonné de voir un gros Mercedes Classe G frappé des 3 lettres AMG et doté de V8 gavés aux turbos, voire même de V12. Dans les années 80, le G-Wagen à l’origine conçu pour une utilisation militaire, mais reconverti dans le civil faute de marché, conservait une allure et un confort très utilitaire. Pourtant, son étoile sur le capot, ses capacités de franchissement et son look pour tout dire très réussi donnaient envie aux grands de ce monde d’en posséder un exemplaire. Pendant que Mercedes faisait monter en gamme son G, AMG sautait sur l’occasion pour transformer la bête en monture pour richissime amateur.
Jusqu’à présent, AMG n’avait pour réputation que la qualité de ses préparations de compétition, initiées par la fameuse 300 SEL 6.3 de 1971 ! Mais à la fin des années 70, l’idée de se diversifier vers la préparation et la « customisation » de véhicules civiles avait fait son chemin : une manière de pérenniser l’entreprise et de la faire connaître du grand public. L’aventure allait donc commencer en 1978 avec l’AMG 280 E (W123), puis les 450 SEL 6.9 (W116) en 1979. La réputation grandissante d’AMG dans ce domaine amena alors une clientèle moyen-orientale désireuse de s’offrir l’image et les performances d’AMG sur quelque chose de plus adapté à leurs besoins spécifiques (et à leur goût de la démesure).
C’est ainsi que AMG fut amené à proposer à ces clients « spécifiques » quelques améliorations destinées au 4×4 de la gamme à l’étoile. Améliorations stylistiques d’abord (enfin si l’on ose le dire) avec une nouvelle face avant récupérant tout ou partie des feux de la W123 (suivant les exemplaires), et parfois même pour l’un d’eux la calandre si typique des berlines (ce qui rend grotesque le design si simple et réussi du G) ; on trouve aussi des élargisseurs d’aile ainsi qu’un nouveau pare-chocs avant agrémenté d’une grille de protection. Autre amélioration non négligeable pour ce type de clientèle : un intérieur revu et corrigé pour améliorer le standing d’un G très agricole à ses débuts. Le cuir s’invite alors dans tous les recoins de l’habitacle, à l’avant comme à l’arrière (la base est un 280 GLE LWB, à 5 portes donc).
Mais la vraie transformation se trouvait sous le capot moteur. En lieu et place du L6 2.8 de 156 chevaux d’origine, AMG glissa deux V8 possibles : un 5 litres de 245 chevaux, et un 5.6 litres (le plus gros moteurs disponible chez Mercedes) de 300 chevaux. De quoi impressionner une clientèle encline à croire qu’un gros moteur valait toujours mieux qu’un petit. Pourtant, il semblerait que la greffe n’ait pas été des plus heureuse, le V8 entraînant de fortes vibrations dans l’habitacle.
Mercedes ne s’y était pas trompé, et préférera attendre 1993 et l’évolution du Classe G (W463) comme du moteur (M117) pour lancer une série spéciale à moteur V8 appelée 500 GE, complétant la gamme « haute performance » initiée par la 500 E. De toute façon, les AMG 280 GE 5.0 et 5.6 ne furent pas des 4×4 de grande diffusion : 5 exemplaires au total seront produit au début des années 80, 3 en conduite à gauche, et 2 en conduite à droite. L’un de ces exemplaires se paraît donc de la calandre Mercedes, lui donnant un air ridicule. Deux exemplaires destinés à la famille régnante de Dubaï furent longtemps destiné à tracter les vans de l’écurie de chevaux de course du Prince Mohammed Al Maktoum.
Le Mercedes 500 GE sera le premier G officiel à recevoir le moteur V8Aujourd’hui, il est difficile de dire ce que sont devenus ces Classe G, les premiers signés AMG. Un jour peut-être resurgiront-ils lors d’une vente aux enchères : il ne faudra alors pas s’étonner de leur look tuning, et ne pas oublier qu’ils font partie de l’histoire, malgré leur mauvais goût !